Sergueï Lavrov déplore la «guerre totale» déclaré par l'Occident «à l’ensemble du monde russe»
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déploré lors d’une conférence de presse la culture de l’annulation mise en œuvre par l’Occident à l’encontre du monde russe, à rebours des valeurs exprimées à la fin de la Guerre froide.
Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, est revenu le 27 mai sur le phénomène de cancel culture manifesté à l’encontre du monde russe en Occident depuis le début du conflit en Ukraine. S’exprimant lors d’une conférence de presse, le diplomate a ainsi déploré la «guerre totale» que l’Occident aurait «déclaré à l’ensemble du monde russe» et qui confine selon lui à «l’absurde».
Le ministre russe a notamment évoqué les formes de censures occidentales qui ont frappé «les classiques russes», notamment des figures telles que Tchaïkovsky, Dostoïevsky, Tolstoï, Pouchkine. «Des personnalités de la culture et de l’art russes, qui représentent aujourd’hui notre culture, sont aussi ostracisées», a également déploré Sergueï Lavrov, qui estime «avec certitude que cette situation persistera longtemps».
Il a également mis en cause l'attitude de l’Occident envers «les beaux slogans» prônés au lendemain de la chute de l’URSS «sur les valeurs humaines communes, sur la nécessité de construire une Europe unie en tant que maison commune de l’Atlantique au Pacifique». Selon lui, l’attitude agressive des pays occidentaux à l’égard de la culture russe dans son ensemble «a révélé la véritable attitude de l’Occident» et une certaine hypocrisie à l’égard des valeurs évoquées. «Nous voyons maintenant ce que valent ces louanges», a-t-il encore ajouté.
Vladimir Poutine avait déjà lui-même dénoncé «l’annulation de la culture» russe en Occident le 25 mars, en réaction, notamment aux déprogrammations d’artistes russes à travers l’Occident. «Aujourd'hui, on essaie d'anéantir tout un pays millénaire, notre peuple. Je parle de la discrimination progressive de tout ce qui est lié à la Russie, de cette tendance qui gagne du terrain dans un certain nombre de pays occidentaux avec la pleine connivence, et parfois l’encouragement total des élites dirigeantes», avait alors condamné le président russe.
En autres exemples de «l'ostracisation de la culture russe» en Occident : la Philharmonie de Paris va modifier sa saison 2022-2023, qui programmait des invités russes comme le chef d'orchestre Valéry Guerguiev ou l'orchestre du Bolchoï. La soprano Anna Netrebko, critiquée pour sa complaisance supposée envers Vladimir Poutine selon l'AFP, a quitté le 3 mars le Metropolitan Opera de New York où elle devait se produire au printemps et à la saison prochaine. Le chef d'orchestre Pavel Sorokin a été écarté du Royal Opera House de Londres. Au Royaume-Uni toujours, l'orchestre philharmonique de Cardiff avait déprogrammé Tchaïkovsky à la mi-mars, estimant le compositeur «inapproprié pour le moment».
En Italie, l'université de Milan avait pour sa part suspendu un cours sur Dostoïevsky. «En Italie aujourd'hui, être un Russe est considéré comme une faute. Et apparemment, même être un Russe décédé», avait alors fustigé Paolo Nori, le professeur chargé du cours, avant que l'université ne fasse machine arrière en raison de la polémique. Le secteur de l'hôtellerie de Rimini s'était également lancé dans une curieuse croisade contre les touristes russes, indiquant qu'ils n'étaient plus les bienvenus s'ils étaient... des soutiens de Vladimir Poutine.