Berlin : la police interdit l'hommage à Shireen Abu Akleh d'une association juive pro-palestinienne
L'association allemande «Voix juive pour une paix juste au Proche-Orient» a fait savoir sur les réseaux sociaux qu'elle avait reçu de la part de la police berlinoise une interdiction de veiller en hommage à la journaliste Shireen Abu Akleh.
La police berlinoise a interdit le 13 mai à l'association «Voix juive pour une paix juste au Proche-Orient», section allemande de la fédération des «Juifs européens pour une paix juste», d'organiser un rassemblement nocturne en hommage à la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée le 11 mai d'une balle dans la tête alors qu'elle couvrait une opération israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.
«Nous n'avons pas été autorisés à organiser une veillée pour Shireen Abu Nakleh», a déploré sur les réseaux sociaux ce collectif de Juifs allemands qui soutient la cause palestinienne.
La publication est accompagnée d'une capture d'écran présentée comme un courriel émanant de la police de Berlin, selon qui l'événement, prévu dans la soirée du 13 mai, tombait sous le coup de l'interdiction de manifester à l'approche du jour de la Nakba, commémoration annuelle des événements de 1948 qui ont mené à la défaite arabe et au déplacement de la population palestinienne. «La tenue de votre événement n'est pas possible», peut-on en effet lire à la fin du message.
Die Berliner Polizei setzt ihr repressives Demonstrationsverbot fort, wir durften auch keine Mahnwache für Shireen Abu Nakleh halten: pic.twitter.com/Rb05FTEHnH
— Jüdische Stimme für gerechten Frieden in Nahost (@JNahost) May 13, 2022
De fait, la police berlinoise avait publié la veille un communiqué dans lequel figurait une première liste de rassemblements interdits.
«La police a fait valoir que les manifestations présentaient un "risque immédiat" de chants antisémites, d'intimidation et de violence. Le mois dernier, des médias allemands ont rapporté que des Juifs avaient fait l'objet d'insultes antisémites lors d'une manifestation pro-Palestine à Berlin», explique également Al-Jazeera dans un article à ce sujet.
Selon Wieland Hoban, président de l'association à l'initiative de l'événement, il ne s'agirait que d'un prétexte. «Le Sénat de Berlin veut empêcher la solidarité avec la Palestine autant qu'il le peut», estime-t-il en effet, ici cité par la chaîne qatarie. Selon ce compositeur de musique qui vit à Francfort, les autorités allemandes estimeraient que le pays a «une responsabilité particulière envers Israël à cause de l'Holocauste». «Des gens comme nous, en tant que Juifs, doivent constamment expliquer aux Allemands qu'ils ne nous aident pas en soutenant l'oppression des Palestiniens. Le meurtre de journalistes palestiniens est une tentative de tuer l'information, de tuer la vérité, ce que fait exactement la police de Berlin en réprimant les manifestations», a encore assuré ce militant associatif.
Le meurtre de la journaliste américano-palestinienne de la chaîne qatarie Al Jazeera, alors qu'elle portait un gilet pare-balles siglé «presse» et un casque de reportage dans l'exercice de ses fonctions, a suscité un tollé international et une déclaration unanime du Conseil de sécurité de l'ONU l'a «fermement condamné». L'Autorité palestinienne, Al Jazeera et le gouvernement du Qatar ont accusé l'armée israélienne d'avoir tué la journaliste. Israël, après avoir affirmé qu'elle avait «probablement» succombé à un tir palestinien, a ensuite dit ne pas écarter que la balle ait été tirée par ses soldats.