Un sénateur seul a fait obstacle le 12 mai au vote rapide d’un projet d’aide américaine à l’Ukraine d’un montant de 40 milliards de dollars. Lors d’une procédure requérant l’unanimité, le sénateur républicain Rand Paul s’est en effet opposé à l’adoption du projet malgré les pressions des autres sénateurs, a rapporté Reuters.
Républicains et Démocrates s’étaient pourtant unis lors de la première lecture au Sénat de cette aide déjà adoptée par la Chambre des représentants le 10 mai par 368 voix contre 57. Le chef de la majorité sénatoriale, Chuck Schumer, mais aussi son homologue républicain Mitch McConnell ont cherché à accélérer la procédure d’adoption du texte.
Rand Paul avait en effet demandé l’adoption d’un amendement prévoyant la supervision de l’aide alloué à l’Ukraine par un inspecteur général, malgré l’exhortation de Chuck Schumer : «Si le sénateur Paul persiste dans ses demandes irréfléchies... tout ce qu'il accomplira, c'est de retarder à lui seul l'aide à l'Ukraine dont elle a désespérément besoin.»
Mitch McConnell a également donné de la voix en déclarant : «L'Ukraine ne nous demande pas de mener cette guerre. Ils demandent seulement les ressources dont ils ont besoin pour se défendre contre cette invasion. Et ils ont besoin de cette aide dès maintenant.»
Un montant d'aide porté à 40 milliards de dollars par les parlementaires
«C'est le deuxième projet de loi de dépenses pour l'Ukraine en deux mois. Et ce projet de loi est trois fois plus important que le premier», a défendu Rand Paul avant de bloquer formellement le paquet d'aide. «Le Congrès veut juste continuer à dépenser, et à dépenser», a-t-il fustigé.
Un deuxième vote devrait donc avoir lieu le 16 mai en fin d’après-midi et l’adoption pourrait intervenir en milieu de semaine dans le meilleur des cas. Joe Bien lui-même avait demandé au Congrès d’approuver rapidement cette aide supplémentaire pour l’Ukraine, à la base de 33 milliards de dollars avant qu’elle ne soit relevée à 40 milliards par les parlementaires eux-mêmes. Les Etats-Unis ont déjà fourni plus de 3 milliards de dollars d'armement à Kiev depuis le début de l'offensive russe fin février. Le 6 mai, le président étasunien a annoncé le déblocage d'une aide de 150 millions de dollars, composée majoritairement d'armes, de radars et de munitions d'artillerie.
Côté européen, la France envoie des armes antichars en Ukraine, tandis que l'Allemagne a décidé de pourvoir des blindés de type «Gepard». L'Union européenne a par ailleurs complété son arsenal de sanctions par un embargo sur les produits pétroliers russes, malgré les réticences de Berlin et de Budapest.
La Russie a de son côté demandé à plusieurs reprises aux pays occidentaux de mettre fin aux livraisons d'armes à destination de l'Ukraine. Le ministre russe des Affaires étrangères avait ainsi exhorté le 29 avril l'OTAN à cesser de livrer des armes à Kiev, si les pays qui composent l'Alliance «sont vraiment intéressés à résoudre la crise ukrainienne». «Un flux continu d'armes en tout genre est entré en Ukraine à travers la Pologne et d'autres pays de l'OTAN», avait alors déploré Sergueï Lavrov. Quelques jours plus tôt, le diplomate avait déjà dénoncé l'attitude «dangereuse» de l'Occident lors d'une longue interview à la chaîne Pervy Kanal.
Au lendemain de la réélection du président français Emmanuel Macron, Vladimir Poutine s'est entretenu avec son homologue par téléphone au sujet du conflit. Selon un communiqué publié par le Kremlin, «il a été noté que l'Occident pourrait contribuer à mettre fin à ces atrocités en exerçant une influence nécessaire sur les autorités de Kiev ainsi qu'en arrêtant ses livraisons d'armes en Ukraine».