Une ministre centrafricaine fouillée à l'aéroport de Roissy malgré son immunité diplomatique ?
Selon Mediapart, la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Temon, aurait été fouillée par les douanes alors qu'elle était en transit à l'aéroport de Roissy et qu'elle disposait d'un passeport diplomatique.
Un incident diplomatique pourrait de nouveau compliquer les relations entre la France et la Centrafrique, d'après une révélation de Mediapart du 21 avril.
Les faits se seraient déroulés le 25 février à l'aéroport Charles-de-Gaulle en région parisienne. En attendant son vol pour Bangui, la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Temon, était en transit dans le «salon 200» que fréquentent généralement les VIP et personnalités religieuses et politiques, selon le média en ligne.
Six douaniers seraient intervenus dans ce salon et auraient adopté un ton «familier» avec Sylvie Baïpo-Temon. Mediapart a pu récupérer la vidéo de la scène que la ministre aurait filmée. Recueillant aussi les confidences de témoins de la scène, Mediapart affirme que les douaniers se sont mis à fouiller «les deux valises trolleys de la ministre et sa sacoche d’ordinateur».
Disposant «d’un passeport diplomatique et de deux visas, l’un américain, l’autre français», Sylvie Baïpo-Temon aurait été interrogée sur un éventuel retour sur le sol français. Mediapart a contacté la direction générale des douanes qui a fait savoir qu’elle ne ferait «pas de commentaire sur cette affaire à ce stade». Egalement contactée par le média, Sylvie Baïpo-Temon n'a pas souhaité faire davantage de commentaires, pour ne pas créer «davantage de tensions».
Bangui et Paris aux prises de vives tensions diplomatiques
Si ces faits sont avérés, ils surviendraient dans un contexte diplomatique particulièrement tendu entre Bangui et Paris qui, à plusieurs reprises, a vertement critiqué le partenariat russo-centrafricain notamment sur le plan sécuritaire. Selon la France, une partie des instructeurs militaires que la Russie a déployés en Centrafrique pour soutenir les autorités locales seraient des membres de Wagner. Cette accusation, portée également par des ONG et l'ONU selon l'AFP, est démentie par la Russie.
Interrogé sur les activités d'entreprise de sécurité privées russes en Afrique, Vladimir Poutine avait rappelé le 21 octobre dernier que celles-ci, étant des acteurs privés, n'étaient pas liées à l'Etat. Il a ajouté que Moscou était prêt à agir si ces entreprises compromettaient les intérêts nationaux. Quelques jours plus tôt, le 17 octobre, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, déclarait que le groupe de sécurité privé russe Wagner «confisquait la capacité fiscale de l'Etat» centrafricain. Sylvie Baïpo-Temon avait alors dénoncé des propos mensongers.