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La plateforme GoFundMe suspend la collecte de fonds du mouvement des camionneurs canadiens

GoFundMe a annoncé mettre en pause la campagne de financement participatif en soutien au «Convoi de la liberté», évoquant la nécessité de «protéger les organisateurs et les donateurs». La cagnotte avait rapidement atteint les 8 millions de dollars.

«Cette cagnotte est actuellement suspendue car nous la vérifions afin de nous s'assurer qu'elle est conforme à nos conditions d'utilisation et aux lois et réglementations applicables» : telle est la mention ajoutée par la plateforme de financement participatif GoFundMe le 2 février à propos de la collecte de soutien au mouvement des camionneurs canadiens opposés à l'obligation vaccinale, dont la popularité préoccupe les autorités alors que des manifestants sont toujours présents à Ottawa.

«Notre équipe travaille 24h/24, 7j/7, et fait tout son possible pour protéger les organisateurs et les donateurs», assure la plateforme, alors que la collecte, créée pour financer les dépenses des routiers, a permis au mouvement de recueillir environ 10 millions de dollars canadiens, soit 8 millions de dollars américains. Dans un communiqué, GoFundMe rappelle que les collectes qui encourageraient des comportements violents sont strictement interdites, tout en reconnaissant que «dans ce cas, l'organisateur a répondu à nos exigences» et que «la levée de fonds n'enfreignait pas ses conditions d'utilisation».

Cependant, la plateforme évoque la nécessité de s'assurer que l'argent versé par environ 120 000 donateurs «va aux destinataires prévus», précisant «collaborer avec les forces de l'ordre locales» à cet effet. Selon le chef de la police d'Ottawa, Peter Sloly, l'origine des fonds est une source d'inquiétude : «Nous savons maintenant que des éléments significatifs des Etats-Unis ont été impliqués dans le financement, l’organisation et la participation aux manifestations», a-t-il indiqué au cours d'une conférence de presse tenue le 2 février. Selon CBC, «au moins un tiers des donateurs étaient répertoriés comme anonymes ou utilisaient des noms inventés», avec des dons venant également du Royaume-Uni, d'Australie et de Pologne. Le média ajoute que le ministère de la Sécurité publique a indiqué ne pas être en contact avec la plateforme GoFundMe. Quelques jours plus tôt, le Westphalian Times rapportait que le gouvernement de la province de la Nouvelle-Ecosse avait prévu des sanctions «contre les personnes ou autres entités qui financent, organisent, aident ou encouragent le blocage de l'autoroute», évoquant explicitement le «Convoi de la liberté». 

Les autorités, à commencer par le maire d'Ottawa, appellent à cesser ce mouvement, évoquant les coûts importants du maintien de l'ordre dans la capitale. Le Premier ministre Justin Trudeau, qui a été testé positif au Covid-19 en début de semaine, a affirmé dans un tweet que «les Canadiens ont été choqués et franchement dégoûtés du comportement de certains manifestants dans notre capitale», appelant les organisateurs à se désolidariser de «l'intolérance» qui a caractérisé selon lui certains manifestants. Selon Radio Canada, le mouvement des camionneurs, qui a déjà vu se former un deuxième convoi à la frontière avec les Etats-Unis, pourrait s'inviter à Québec dans les prochains jours. La province vient d'ailleurs de renoncer, le 1er février, à son projet d'instaurer une taxe spécifique sur les non-vaccinés.