Ce 27 janvier, la chef de la diplomatie allemande a déclaré devant le Bundestag que la Russie s'exposait à des «conséquences massives» en cas d'agression visant l'Ukraine, caractérisées selon elle par un ensemble de sanctions en préparation par les Occidentaux. Celles-ci incluraient le gazoduc Nord Stream 2, qui doit acheminer du gaz russe en Allemagne et en Europe via la mer Baltique, en contournant l'Ukraine.
Nous sommes en train de travailler à un paquet de sanctions fortes
«Nous sommes en train de travailler à un paquet de sanctions fortes [qui couvrent plusieurs aspects], y compris Nord Stream 2», a déclaré Annalena Baerbock devant la chambre des députés. «Tant qu'on parle, on ne tire pas», a-t-elle cependant tempéré, insistant ainsi sur la nécessité de privilégier le dialogue avec Moscou.
La ministre des Affaires étrangères allemande a de ce fait clarifié la position de Berlin sur l'opportunité de lier Nord Stream 2 au dossier géopolitique ukrainien. Le gouvernement allemand – qui réunit des socio-démocrates (SPD) des libéraux-démocrates (FDP) et des écologistes (Alliance 90/Les Verts) – ne parvenait pas jusqu'alors à parler d'une seule voix sur la question. Le chancelier Olaf Scholz lui-même avait tenu des propos ambigus sur le sujet, menaçant de conséquences sur Nord Stream 2 en cas d'agression russe de l'Ukraine... avant de déclarer que le projet de gazoduc était un projet purement «privé».
Signes de l'ambiguïté de Berlin sur le dossier ukrainien, le gouvernement allemand refuse selon l'AFP de livrer des armes à Kiev – contrairement aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni – mais le chef de la Deutsche Marine (Marine nationale allemande), Kay-Achim Schönbach, a été contraint de démissionner le 22 janvier après avoir qualifié d'«ineptie» les allégations occidentales selon lesquelles la Russie envisagerait d'envahir l'Ukraine.
Un gazoduc qui cristallise les tensions entre la Russie et l'Occident
Actuellement, Nord Stream 2 est dans l'attente de sa certification par le régulateur allemand de l'énergie. Une attente survenant dans un contexte de vives tensions entre l'Occident et la Russie, Moscou démentant formellement les accusation de Washington, de Kiev et de certains de leurs alliés l'accusant de planifier une invasion de l'Ukraine.
Côté américain, une proposition visant à couper Moscou du réseau bancaire international SWIFT serait toujours sur la table, après qu'une proposition de sanctions contre Nord Stream 2 a été rejetée par le Sénat américain, le 13 janvier. Le lendemain, la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki avait même détaillé devant la presse les renseignements dont prétend disposer Washington en accusant la Russie de vouloir «créer de toutes pièces un prétexte pour une invasion» de l'est de l'Ukraine en ayant notamment recours à des «actes de sabotages». Jen Psaki avait même précisé que l'armée russe prévoyait «ces activités plusieurs semaines avant une invasion militaire, qui pourrait commencer entre mi-janvier et mi-février».
Afin de réduire ces tensions sur le continent européen, la Russie a quant à elle remis mi-décembre aux Etats-Unis et à l'OTAN des projets d'accords comprenant comme propositions principales une limitation des déploiements militaires près des frontières russes et un engagement de l'Alliance atlantique à ne pas s'étendre davantage à l'Est – des propositions que n'ont pas acceptées à ce jour, les Occidentaux.