La Croatie refuse que ses soldats renforcent l'OTAN «en cas d'escalade» entre la Russie et l'Ukraine
La Croatie retirera ses soldats des forces de l'OTAN déployées en Europe de l'Est en cas de conflit, a déclaré le président Zoran Milanovic, qui dénonce «des incohérences et des comportements en réalité dangereux» de la part des Etats-Unis.
La Croatie «ne veut rien avoir» à faire avec l'escalade des tensions autour de l'Ukraine. Les autorités du pays au damier rappelleront tous leurs soldats intégrés à l'OTAN en Europe de l'Est en cas de conflit entre la Russie et l'Ukraine, a déclaré le 25 janvier à la télévision le président Zoran Milanovic, relayé par l'agence Tass.
Rastu napetosti zbog zabrinutosti da Moskva planira invaziju na Ukrajinu. NATO najavio mogućnost raspoređivanja vojnih snaga. Situaciju komentirao i predsjednik Zoran Milanović. #dnevnikhrpic.twitter.com/rUTCWovaF0
— DNEVNIK.hr (@DNEVNIKhr) January 25, 2022
«En tant que commandant en chef, j'ai suivi de près les déclarations indiquant que l'OTAN – pas un pays, pas les Etats-Unis – renforce sa présence et envoie des navires de reconnaissance. Nous n'avons aucune influence sur cette initiative et nous n'aurons rien à voir avec cela. Je le garantis», a déclaré Milanovic, assurant que «la Croatie n'enverra aucune troupe en cas d'escalade». «Au contraire, elle rappellera toutes les troupes, jusqu'au dernier soldat croate», a-t-il promis.
Des comportements en réalité dangereux
Zoran Milanovic a souligné que cette position croate découlait de ce qu'il a décrit comme «les tendances de la politique intérieure des Etats-Unis, menées par Joe Biden et son administration», dont l'arrivée au pouvoir avait pourtant été saluée par Milanovic à l'époque. Le dirigeant avait en effet assuré en novembre 2020 que la Croatie serait une alliée et une amie du nouveau président américain. Désormais, «en ce qui concerne les questions de sécurité internationale, je constate des incohérences et des comportements en réalité dangereux», a-t-il déclaré.
A la tête d'une coalition, le président social-démocrate doit composer avec des adversaires politiques au gouvernement, dont le Premier ministre de centre-droit Andrej Plenkovic, le ministre des Affaires étrangères Gordan Grlic-Radman et le ministre de la Défense Mario Banozic, qu'il n'a pas manqué d'égratigner dans son allocution télévisée pour leurs positions belliqueuses à l'égard de la Russie : «Grlic-Radman et Banozic sont libres de se rendre à Bruxelles. Quant à l'armée croate, elle n'y participera pas. Personne ne bougera. Plenkovic peut menacer la Russie autant qu'il le souhaite. La Croatie devrait s'éloigner de cela comme du feu», a déclaré le chef de l'Etat, en poste depuis février 2020.
Plusieurs pays occidentaux dont les Etats-Unis ont annoncé renforcer leur aide militaire à l'Ukraine, affirmant à plusieurs reprises que la Russie aurait pour projet d'envahir l'Ukraine. Moscou dément tout projet d'offensive, et lie une désescalade à des traités figeant l'OTAN, de manière à ce que l'Ukraine en particulier n'y adhère jamais. La demande est jugée inacceptable en Europe comme aux Etats-Unis. Mais Washington a néanmoins promis de remettre une réponse écrite aux Russes.