Jeudi 6 janvier
«Les Etats-Unis, et franchement le monde entier, surveillent toute éventuelle violation des droits humains. Et nous surveillons aussi tout acte qui puisse jeter les bases pour une prise de contrôle des institutions du Kazakhstan», a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price à des journalistes.
Les forces de sécurité du Kazakhstan ont chassé les manifestants de la principale place publique d'Almaty, ancienne capitale du pays secouée par des émeutes, selon les agences de presse Tass et Ria Novosti.
Plus aucun manifestant ne se trouvait le soir de ce 6 janvier sur la place de la République, l'un des principaux lieux de la contestation. Les agences ont également rapporté que les autorités avaient repris le contrôle de la mairie et de la résidence présidentielle d'Almaty, incendiées la veille par des émeutiers.
La Haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU a appelé toutes les parties en conflit au Kazakhstan, en proie à des émeutes meurtrières, à «s'abstenir de toute violence» et a réclamé une «résolution pacifique».
«Les gens ont le droit de manifester pacifiquement et de s'exprimer librement. Par ailleurs, les manifestants, quelle que soit leur colère ou leur mécontentement, ne doivent pas recourir à la violence», a déclaré Michelle Bachelet dans un communiqué, demandant que soient libérées les personnes «détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits de manifester pacifiquement».
La France a appelé toutes les parties impliquées dans la crise au Kazakhstan, y compris les membres de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), à faire montre de «modération». «Les événements de la nuit sont extrêmement préoccupants [...] Nous condamnons évidemment les violences qui ont eu lieu», a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian devant la presse européenne à Paris.
Sur demande du gouvernement kazakh, confronté à de violentes émeutes qui ont fait des dizaines de morts et plus d'un millier de blessés, l'organisation régionale OTSC a déployé une force de maintien de la paix, dont fait partie la Russie.
«Des dizaines» de personnes ont été tuées par la police dans la nuit du 5 au 6 janvier alors qu'elles tentaient de s'emparer de bâtiments administratifs au Kazakhstan, a annoncé la police de ce pays qui fait face à des émeutes chaotiques consécutives à des mobilisations contre la hausse des prix du gaz.
L'OTSC (Organisation du traité de sécurité collective, réunissant l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan) va envoyer pour une «une durée de temps limitée» des «forces de maintien de la paix» au Kazakhstan, selon l'actuel président de cette organisation, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian. Et ce «afin de stabiliser et normaliser la situation dans ce pays», qui a été provoquée par «une ingérence extérieure».
Retour sur les événements du 5 janvier au Kazakhstan.
Mercredi 5 janvier
Au moins huit membres des forces de l'ordre et militaires ont été tués dans les émeutes qui secouent le Kazakhstan depuis plusieurs jours, d'après le ministère de l'Intérieur, cité par les médias kazakhs.
Selon la même source, 317 membres de la police et de la Garde nationale ont par ailleurs été blessés «par la foule déchaînée».
Au sujet des troubles violents au Kazakhstan, le président Tokaïev dénonce une agression extérieure.
Le chef d'Etat a également jugé opportun de faire appel aux partenaires du Kazakhstan au sein de l'OTSC (Organisation du traité de sécurité collective, réunissant l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan) en raison de la situation dans le pays.
«J'ai appelé aujourd'hui les chefs des Etats de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) à aider le Kazakhstan à vaincre la menace terroriste», a-t-il déclaré à la télévision publique, ajoutant que des «gangs terroristes» ayant «reçu un entraînement approfondi à l'étranger» étaient à la tête des manifestations.
Le gouvernement américain appelle les autorités du Kazakhstan à la «retenue» et souhaite que les manifestations s'y déroulent «de manière pacifique», a annoncé la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki, alors que le pays d'Asie centrale vient de décréter l'état d'urgence.
Le Kazakhstan décrète l'état d'urgence sur tout son territoire.
Un incendie s'est déclaré dans le bâtiment de la résidence du président à Almaty, rapporte en début d'après-midi l'agence Interfax, citant les services des pompiers.
Auparavant, le site Internet Vlast («Vласть»), cité par l'agence, avait signalé qu'une foule de manifestants tentait de pénétrer dans cette résidence.
Celle-ci se trouve à proximité du bâtiment de l'administration de la ville d'Almaty, qui a également été frappé par un incendie après l'intrusion de manifestants.
Dans la journée du 5 janvier, des manifestants ont pris d'assaut des bâtiments administratifs.
«En tant que président, je suis contraint de protéger la sécurité et la paix de nos citoyens, de m'inquiéter de l'intégrité du Kazakhstan», a déclaré à la télévision kazakhe le président Kassym-Jomart Tokaïev, ajoutant qu'il avait l'intention «d'agir de la manière la plus ferme possible».
Le président du Kazakhstan a accepté ce 5 janvier la démission du gouvernement, en réponse aux manifestations, émaillées de violences, contre la hausse des prix du gaz. Le gouvernement était dirigé par le Premier ministre Askar Mamin. Le vice-Premier ministre Alikhan Smailov assumera le rôle du Premier ministre par intérim jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet.
Un mouvement de colère a éclaté le 2 novembre au Kazakhstan, d'abord dans une ville de Province, en réaction à une hausse des prix du gaz. La mobilisation s'est étendue à d'autres villes dont Almaty, ex-capitale et plus grande ville du pays. Dans la nuit du 4 au 5 janvier, plus de 5 000 manifestants appelant notamment à la démission du chef de l'Etat ont été dispersées à Almaty par la police, qui a fait usage de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogène. Le 5 décembre, des manifestants ont pris d'assaut des bâtiments gouvernementaux.