Incidents lors du meeting de Zemmour : des médias appellent les candidats à la «responsabilité»
Condamnées par le candidat qui avait néanmoins dénoncé la complaisance des médias envers ce qu'il qualifiait de «provocation» de SOS Racisme, les violences du meeting de Villepinte inquiètent plusieurs dizaines de sociétés de journalistes.
Une trentaine de sociétés de journalistes (SDJ), représentant 19 médias écrits et audiovisuels, ont appelé le 9 décembre les candidats à l'élection présidentielle au respect de la liberté de l'information. Ils dénoncent principalement les incidents survenus lors du meeting d'Eric Zemmour à Villepinte, marqué par des épisodes de violence qui avaient été dénoncés par le candidat lui-même.
«Après les violences qui ont émaillé un meeting dimanche dernier et qui ont entravé le travail de plusieurs journalistes, nous souhaitons rappeler solennellement la liberté de l'information dans notre démocratie et la nécessité impérieuse pour nos journalistes de pouvoir exercer leur métier dans des conditions de sécurité élémentaires», écrivent les signataires.
Dénonçant par ailleurs «la multiplication des incidents entravant ces derniers mois le travail de[s] rédactions», les 19 médias en appellent «à la responsabilité de chacun des candidats afin que la couverture de cette campagne électorale puisse se dérouler de manière exemplaire».
Un meeting marqué par des violences
Plusieurs incidents sont survenus lors du premier meeting de campagne du polémiste Eric Zemmour le 5 décembre. Une bagarre a notamment éclaté après une action de militants de SOS Racisme, venus protester dans la salle contre le candidat. Certains ont été blessés et une enquête a été ouverte. Le candidat a lui-même été blessé au poignet après une empoignade.
Deux journalistes de Mediapart ont par ailleurs déposé plainte conjointement avec leur employeur pour des coups à la tête, tandis qu'une équipe de l'émission Quotidien (volontiers critique vis-à-vis d'Eric Zemmour) a dû être brièvement exfiltrée de la salle par l’équipe de sécurité du candidat.
Les signataires reprochent à Eric Zemmour, et plus largement à «l'ensemble de la classe politique et médiatique» de ne pas avoir réagi par une «condamnation forte et immédiate».
Zemmour condamne les violences, mais accuse les médias de complaisance
Interrogé le 7 décembre, Eric Zemmour avait condamné «toutes les violences» survenues durant l'événement. Il avait poursuivi son raisonnement, affirmant : «Il y a des gens qui viennent pour faire de la provocation. Ils savent très bien qu’ils vont énerver les gens qui sont là, et ils le font pour ça. Pour que les médias disent "ouh là là ils sont méchants, les autres sont violents"».
Selon le candidat à l’élection présidentielle, ces militants «n’avaient rien à faire là». Eric Zemmour avait en outre appelé les médias à cesser «d’être les relais complaisants de ces provocateurs».
Les sociétés de journalistes signataires représentent 19 rédactions : Libération, France info, Les Echos, BFM/RMC, L'Opinion, France Culture, Le Figaro, La Croix, l'AFP, RTL, Radio France, France Télévisions, France Bleu, Le Monde, Arte, France Inter, Le Parisien-Aujourd'hui en France, TF1 et L'Humanité.