La contestation contre les restrictions sanitaires prend de l'ampleur aux quatre coins du monde, alors que certains gouvernements ont annoncé l'entrée en vigueur de nouveaux confinements, qu'ils justifient par une nouvelle flambée de l'épidémie de coronavirus.
En Australie d'abord, plusieurs grandes villes ont été le théâtre, le 20 novembre, de manifestations rassemblant des milliers d'opposants à la vaccination obligatoire contre le Covid-19. A Melbourne, plusieurs milliers de personnes ont appelé à l'emprisonnement du Premier ministre de l'Etat, Daniel Andrews. Aucun affrontement avec la police n'a été signalé, contrairement à ce qui s'était passé lors de précédentes manifestations.
D'autres pays anglo-saxons ont connu des mouvements de protestation, dont le Canada, où quelques centaines de personnes ont ainsi manifesté à Montréal le 21 novembre pour s'opposer à la vaccination obligatoire des fonctionnaires fédéraux. Une manifestation a également eu lieu à Belfast (Irlande du Nord), le gouvernement prévoyant d'introduire des certificats de vaccination pour l’admission dans les boîtes de nuit, bars et restaurants à partir du 13 décembre.
En Europe, des mouvements de contestation ont essaimé un peu partout : en Italie, près de 3 000 personnes se sont rassemblées le 20 novembre au Cirque Maxime à Rome, pour protester contre le pass sanitaire, requis pour voyager, ainsi que pour accéder aux lieux de travail, aux restaurants et aux lieux culturels.
En Croatie, des dizaines de milliers de manifestants se sont également rassemblés à Zagreb le 20 novembre, après l'annonce de nouvelles mesures restrictives par les autorités.
La contestation est en outre vive en Autriche, où le gouvernement a décidé de reconfiner l'ensemble de sa population, y compris les personnes vaccinées, à partir du 22 novembre. Les autorités autrichiennes ont aussi décidé de rendre la «vaccination obligatoire» à partir de février, devenant ainsi le premier pays de l'UE à prendre de telles mesures face à la résurgence des cas de Covid-19. Depuis le 15 novembre, déjà, les deux millions de personnes non vaccinées n'avaient plus le droit de quitter leur domicile sauf pour faire leurs courses, du sport ou pour des soins médicaux.
Selon la police, plus de 35 000 manifestants se sont rassemblés à Vienne pour protester contre ce nouveau tour de vis, notamment à l'appel du parti de droite nationale FPÖ. La foule, réunie au cœur de la capitale autrichienne, agitait des banderoles dénonçant le «fascisme», la «tyrannie» et la «corona-dictature». Malgré une dizaine d'interpellations et quelques jets de fumigènes, la manifestation s'est cependant déroulée dans le calme.
Protestations et incidents aussi en Allemagne, où la chancelière sortante Angela Merkel a annoncé, le 18 novembre, la généralisation des restrictions spécifiques pour les non-vaccinés, comme leur exclusion de certains lieux publics. Ainsi, deux centres de tests situés en Rhénanie du Nord-Westphalie, déjà été pris pour cible par le passé, ont été incendiés le 21 novembre.
Au Danemark, environ 1 000 personnes ont protesté contre le projet du gouvernement de rétablir un laissez-passer Covid pour les fonctionnaires se rendant au travail. «La liberté pour le Danemark», ont crié certains des manifestants lors d'un rassemblement organisé par le groupe radical «Men in Black».
Affrontements en Belgique et aux Pays-Bas, la Guadeloupe sous haute tension
En Belgique et aux Pays-Bas, les rassemblements ont en revanche tourné à l'affrontement avec les forces de l'ordre. Le 21 novembre à Bruxelles, près de 35 000 personnes, selon les chiffres de la police, se sont rassemblées pour la manifestation intitulée «Ensemble pour la liberté» afin de protester contre les restrictions sanitaires. Entamée dans le calme, la marche a dégénéré près du quartier européen et du gouvernement. Des heurts avec les forces de l'ordre ont éclaté en marge de la mobilisation, et des canons à eau ont été utilisés pour disperser les derniers manifestants encore présents.
Les Pays-Bas ont connu quant à eux de véritables émeutes, avec des troubles qui ont démarré dès le 19 novembre. Des violences ont éclaté à Rotterdam, où plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées et au moins sept blessées, dont deux par balle, après des tirs des forces de l'ordre. Le maire de Rotterdam Ahmed Aboutaleb a qualifié les incidents d'«orgie de violence». «Les émeutes et la violence extrême contre les policiers, la police anti-émeute et les pompiers hier soir à Rotterdam sont horribles à voir», a réagi le 20 novembre le ministre néerlandais de la Sécurité et de la Justice, Ferd Grapperhaus, déplorant des destructions «considérables».
Pour ce qui est de la France, la situation reste très tendue en Guadeloupe, agitée par des violences urbaines depuis le 15 novembre, date à laquelle les opposants au pass sanitaire et à la vaccination obligatoire ont organisé une grève générale illimitée. Pendant la seule nuit du 20 au 21 novembre, barrages routiers, incendies et pillages ont débouché sur 38 interpellations dans la nuit et fait deux blessés chez les forces de l'ordre, malgré le couvre-feu décrété jusqu'au 23 novembre au matin, chaque nuit de 18h à 5h. Face au désordre, des policiers et gendarmes ont été envoyés dans l'île, notamment des unités du GIGN et du Raid.
L'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), en pointe de la contestation, a appelé le 20 novembre «à poursuivre la mobilisation et à renforcer les piquets de revendications populaires». Un contexte émeutier qui s'étend désormais la Martinique, où 17 syndicats ont appelé à la grève générale à partir du 22 novembre, pour demander la fin de l'obligation vaccinale et des suspensions pour les soignants.