Berlin, Prague, Athènes... Les restrictions contre les non-vaccinés se multiplient dans l'UE
Un nombre croissant de pays de l'Union européenne ont adopté depuis plusieurs jours des mesures de restriction visant spécifiquement les personnes non-vaccinées contre le Covid-19. Le point sur la situation.
Après l'Autriche, qui a décrété le 14 novembre un confinement pour les personnes non-vaccinées contre le Covid-19 – une première mondiale –, l'Allemagne, la République tchèque et la Grèce ont elles aussi mis en place des mesures visant spécifiquement ces personnes.
En Autriche, un confinement de toutes les personnes non-vaccinées de plus de 12 ans... avant un confinement généralisé
Le 14 novembre, après s'être entretenu avec les gouverneurs des neuf provinces autrichiennes afin d'obtenir leur aval, le chancelier Alexander Schallenberg annonçait que les personnes de non-vaccinées du pays – âgées de 12 ans et plus – devraient respecter un confinement dès minuit le jour même.
«Nous devons augmenter le taux de vaccination. Il est honteusement bas», avait-il expliqué la veille pour tenter de justifier cette mesure, nécessaire selon lui pour faire face à une augmentation des contaminations. Environ 64% de la population autrichienne est entièrement vaccinée contre le Covid-19. Il s'agit de l'un des taux les plus bas d'Europe occidentale, la moyenne étant de 66,5% dans l'ensemble de l'Union européenne (UE).
Cette mesure controversée – une première mondiale – signifiait que, concrètement, les personnes concernées n'auraient pas le droit de quitter leur domicile, sauf pour faire leurs courses, du sport ou pour recevoir des soins médicaux. Le jour de l'annonce, plusieurs centaines de manifestants s'étaient mobilisés près de la chancellerie, à Vienne, pour s'opposer à la décision d'Alexander Schallenberg.
Finalement, le 19 novembre, le chancelier Schallenberg a fait savoir que toute la population autrichienne – vaccinée ou non – serait confinée pour une durée de 20 jours à partir du 22 novembre. Il a par la même occasion annoncé que la vaccination serait obligatoire à partir du 1er février 2022, l'Autriche devenant ainsi le premier pays de l'UE à prendre de telles mesures face à la résurgence des cas de Covid. «Malgré des mois de persuasion, nous n'avons pas réussi à convaincre suffisamment de gens à se faire vacciner», a souligné le chef de gouvernement, déplorant la surcharge actuelle des unités de soins intensifs et assurant qu'«augmenter durablement le taux de vaccination» était le «ticket de sortie» de la pandémie.
Le 18 novembre, 15 145 nouveaux cas de Covid-19 ont été détectés en Autriche, ce qui porte le nombre total de cas à 1,01 millions depuis le début de la pandémie. Ce pays de 8,9 millions d'habitants compte à ce jour 11 903 décès dus au coronavirus.
En République tchèque, l'accès aux «services et événements publics» interdit aux non-vaccinés
A partir du 22 novembre, les non-vaccinés contre le Covid-19 n'auront plus accès aux «services et événements publics» de République tchèque. «Il faut que les gens finissent par comprendre que le Covid tue», a déclaré le 17 novembre le Premier ministre tchèque Andrej Babis afin de justifier sa décision.
En réaction à cette annonce, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la Vieille Ville de Prague afin de faire entendre leur mécontentement.
Lors de la dernière vague de Covid-19, la République tchèque avait mis en place des restrictions relativement légères en comparaison à d'autres pays européens. Le gouvernement s'était alors engagé à ne pas décréter de confinement et à ne pas fermer d'écoles. L'exécutif avait jusqu'à présent résisté au durcissement des règles, mais l'aggravation de la situation dans les hôpitaux l'a amené à envisager des restrictions pour les personnes non-vaccinées. Pour l'heure, 58,5% de la population tchèque est entièrement vaccinée.
Ce pays de 10,7 millions d'habitants a enregistré un total de 31 769 morts dus au coronavirus, le nombre de décès quotidiens étant généralement supérieur à 60 ces derniers jours. La République tchèque compte un total de 1,94 millions de cas de Covid-19 depuis le début de la pandémie.
En Allemagne, une limitation drastique de la vie sociale des non-vaccinés
Le 18 novembre, à l'issue d'une réunion de crise, la chancelière sortante Angela Merkel a annoncé la généralisation des restrictions spécifiques pour les non-vaccinés, comme leur exclusion de certains lieux publics.
Dans le détail, les dirigeants allemands ont préconisé de limiter drastiquement la vie sociale des non-vaccinés. Des mesures les visant sont déjà en vigueur dans les régions les plus touchées et vont être étendues à l'ensemble du territoire. La règle dite du «2G» – qui autorise seulement les vaccinés («geimpfte») et les guéris («genesene») à accéder à des lieux publics comme les restaurants ou salles de concert – sera appliquée dès que le seuil d'hospitalisation dépasse trois malades du Covid pour 100 000 habitants, ce qui est le cas dans la majorité des régions du pays. Selon cette disposition, la présentation d'un test négatif ne suffit plus si la personne n'est pas vaccinée. La ville-Etat de Berlin applique déjà cette mesure.
Lorsque le seuil d'hospitalisation dépasse six, les vaccinés et les guéris devront – en plus de leur certificat – présenter un test négatif pour accéder à une liste d'établissements. Des fermetures de magasins, restaurants ou bars dans les régions ne sont pas exclues en dernier recours. En revanche, les écoles resteront ouvertes, mais les élèves seront soumis à des tests réguliers.
La mise en œuvre rapide de ces mesures reste encore suspendue à la validation ce 19 novembre par le Bundesrat (la chambre haute du Parlement) d'une nouvelle loi épidémiologique, qui en fixe le cadre légal. Elaborée par le SPD (socialistes), les verts et les libéraux, elle a déjà été adoptée le 18 novembre par les députés du Bundestag au terme d'un débat houleux, les conservateurs jugeant le texte «insuffisant» pour lutter efficacement contre la pandémie.
En Allemagne, où 67% de la population est vaccinée, la quatrième vague de pandémie a été qualifiée de «hautement dramatique» par Angela Merkel. 58 768 nouveaux cas ont été détectés dans le pays le 18 novembre, ce qui porte leur total à 5,27 millions pour une population de 83 millions d'habitants. 98 751 décès dus au coronavirus ont été dénombrés outre-Rhin depuis le début de la pandémie.
En Grèce, les non-vaccinés interdits d'entrer dans les espaces fermés, «à l'exception des lieux de restauration»
Le 18 novembre, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a annoncé une série de mesures visant les non-vaccinés, dont l'interdiction à partir du 22 novembre d'entrer dans les espaces fermés à l'exception des lieux de restauration. Une annonce réalisée lors d'une allocution visant à exhorter la population à se faire vacciner.
Sur fond de réticence de la puissante Eglise orthodoxe grecque à respecter les mesures pour endiguer la pandémie, le Premier ministre a indiqué que les non-vaccinés ne pourraient plus entrer dans les églises sans test négatif. Le port du masque reste toujours obligatoire pour tous à l'intérieur et en plein air dans les espaces de rassemblement.
Jusqu'alors, les non-vaccinés étaient autorisés à entrer dans les espaces fermés en présentant un test Covid-19 négatif. «Il s'agit d'une action imminente pour la protection [de la population]», a affirmé Kyriakos Mitsotakis, en précisant que «neuf personnes sur dix» actuellement intubées dans les hôpitaux du pays n'étaient pas vaccinées.
Avec un taux de vaccination d'environ 63%, la Grèce est elle aussi en-dessous de la moyenne européenne, comme l'a rappelé le Premier ministre. Selon lui, environ 575 000 habitants âgés de plus de 60 ans ne sont pas vaccinés. «La troisième dose du vaccin est déterminante» surtout pour les personnes âgées, a tenu a préciser Kyriakos Mitsotakis, soulignant que le certificat de vaccination pour les plus de 60 ans ne serait plus valide sept mois après la dernière dose de vaccination. Peuplée de 10,6 millions d'habitants, la Grèce a enregistré 7 276 nouveaux cas de Covid-19 le 18 novembre, ce qui porte le nombre total de cas à 861 000 depuis de la pandémie pour 17 075 décès dus au coronavirus.
En France, Emmanuel Macron a déclaré dans une interview publiée le 18 novembre que le confinement de personnes non-vaccinées contre le Covid-19 n'était «pas nécessaire en France». Le chef de l'Etat ainsi que plusieurs députés de la majorité et de nombreuses figures de La République en marche avaient promis pendant plusieurs mois que le pass sanitaire serait réservé aux grands rassemblements et ne s'appliquerait pas aux lieux de la vie courante, avant de l'instaurer début août.