Frontière polono-biélorusse : deux journalistes de RT France arrêtés par la police polonaise
Les journalistes de RT France David Khalifa et Jordi Demory ont été arrêtés ce matin par les autorités polonaises alors qu'ils couvraient la crise migratoire à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, une zone sous haute tension.
Mise à jour : Arrêtés par la police polonaise alors qu'ils faisaient le point sur la situation depuis le village de Usnarz Gorny sur la situation migratoire, les journalistes de RT France David Khalifa et Jordy Demory ont finalement été relâchés.
Ce 15 novembre au matin, deux journalistes de RT France ont été interpellés par la police polonaise alors qu'ils couvraient la crise migratoire à la frontière polono-biélorusse. Notre reporter David Khalifa faisait le point sur la situation depuis le village de Usnarz Gorny, en Pologne, à une centaine de mètres de la frontière, lorsqu'il a été interpellé avec un autre journaliste de RT France, Jordi Demory.
Ils nous ont demandé de quitter les lieux et de ne pas filmer
«On est en train de se faire verbaliser», expliquait le reporter de RT France en direct ce 15 novembre, précisant que les policiers polonais, «extrêmement tendus», avaient empêchés l'équipe de RT France de filmer. «A plusieurs reprises ils nous ont demandé de quitter les lieux et de ne pas filmer», notait encore David Khalifa. Les deux journalistes ont été emmenés dans un car pour rejoindre le poste de police de la ville de Sokolka, à une vingtaine de kilomètres de Usnarz Gorny.
Le dernier message que nous avons reçu de notre reporter était : «menottes».
Notre équipe a été arrêtée en Pologne près de la frontière avec la Biélorussie, juste après un duplex - https://t.co/ft0kisK2My - Le dernier message que nous avons reçu de notre reporter était «menottes». https://t.co/AsmLJmrjSw
— Xenia Fedorova (@xfedorova) November 15, 2021
«Le droit de la presse doit s'exercer partout, y compris dans les zones dites interdites»
Jointe par RT France, Ursula Szomko, de la police de Sokolka, a expliqué qu'ils avaient été arrêtés pour s'être rendus dans une zone interdite, ce qui est «illégal». Elle a ajouté que personne, journaliste ou non, ne pouvait se rendre dans cette zone où se joue en ce moment un bras de fer entre les autorités polonaises et biélorusses.
Comme le rappelle pourtant Dominique Pradalié, secrétaire générale du Syndicat national des journalistes (SNJ) interrogée ce 15 novembre sur RT France, «le droit de la presse doit s'exercer partout, y compris dans les zones dites interdites». Elle ajoute : «C'est notre mission de journalistes d'aller là où les événements se produisent pour en informer les citoyens. C'est le droit d'informer et d'être informé.»
Dominique Pradalié a ensuite déploré la tentative des autorités polonaises d'empêcher la présence de tous «témoins» à la frontière, appelant à la libération de l'équipe de journalistes.
Deux journalistes de #RTFrance arrêtés en #Pologne : «Le droit de la presse doit s’exercer partout, y compris dans les zones dites interdites», revendique Dominique Pradalié, secrétaire générale du @SNJ_national
— RT France (@RTenfrancais) November 15, 2021
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Lui aussi interrogé par RT France, le secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes, Ricardo Gutiérrez, a dénoncé un «acte de censure» de la part du gouvernement polonais et une «violation évidente des standards européens en matière de liberté de la presse».
Il a par ailleurs souligné que «plusieurs incidents» avaient été enregistrés dans cette zone.
Deux journalistes de RT France arrêtés en Pologne
— RT France (@RTenfrancais) November 15, 2021
🗣 «Un acte de censure du gouvernement polonais», commente Ricardo Gutierrez (@Molenews1), secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (@EFJEUROPE)
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Quelques jours plus tôt, un journaliste de la chaîne belge VTM, Robin Ramaekers, avait lui aussi été interpellé alors qu'il souhaitait rentrer dans la zone-tampon du côté polonais de la frontière. Lui et ses collaborateurs avaient du payer une amende de 150 euros par personne pour avoir voulu pénétrer dans cette zone dont Varsovie interdit l'accès.
Correspondante pour Arte, Ulrike Dässler a elle aussi rapporté que son équipe avait été arrêtée lorsqu'elle avait tenté de se rendre dans cette zone. La caméra et le téléphone portable des journalistes ont été confisqués par les autorités. «Nous avons passé 24 heures en cellule d'isolement», précise-t-elle, dénonçant des «méthodes d'intimidation pour que plus aucun journaliste ne mette les pieds dans la zone frontalière».
En raison de l'état d'urgence décrété par les autorités polonaises, les associations ne peuvent elles non plus pas se rendre dans cette zone pour porter secours aux réfugiés, comme le déplorait récemment Michal Gawel, directeur de l'ONG Dialog.
La crise migratoire vire à l'affrontement diplomatique
Des milliers de migrants sont actuellement installés dans des camps de fortune dans l'espoir de rejoindre l'Union européenne (UE) à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Ce 15 novembre, un important groupe de migrants s'est approché du checkpoint de Bruzgi, en Biélorussie, comme l'a constaté un correspondant de RT sur place. Du côté polonais de la frontière, les forces de sécurité sont postées avec des canons à eau pour empêcher le passage.
La crise vire par ailleurs à la confrontation diplomatique entre les autorités polonaises, relayées notamment par l'UE, qui accusent Minsk d'«instrumentaliser» cette crise, ce que démentent les autorités biélorusses. Ces dernières pointent elles aussi du doigt une instrumentalisation par Varsovie, «prétexte» à de nouvelles sanctions.
De leur côté, les ONG alertent sur la situation humanitaire, notamment à cause des températures glaciales sur place, alors que des barrages de policiers et de militaires sont présents de part et d'autre de la frontière.