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Moscou classe le média indirectement financé par Washington Bellingcat parmi les «agents étrangers»

Le site Bellingcat doit désormais afficher clairement son statut d'«agent étranger» en Russie, sous peine de sanctions. Les liens de ce média à la ligne éditoriale volontiers pro-OTAN avec des Etats occidentaux avaient déjà été épinglés par le passé.

Dans un communiqué publié ce 8 octobre, le ministère russe de la Justice a annoncé le classement dans le registre des «médias étrangers exerçant les fonctions d'agent étranger» de plusieurs journalistes et entités, parmi lesquelles la société «Stichting Bellingcat», enregistrée aux Pays-Bas. Sont également concernés, entre autres, des employés des antennes russes du média public britannique BBC et de la radio financée par l'Etat américain Radio Free Europe/Radio Liberty (RFERL).

En Russie, les organisations ou individus considérés par la justice comme «agents de l'étranger» doivent, selon une loi de 2012, s'enregistrer auprès des autorités, effectuer des démarches administratives régulières et indiquer clairement ce statut dans leurs publications, sous peine d'amendes ou d'interdictions.

Un organe lié à Londres et Washington

Connu notamment pour ses articles sur le crash du MH17 ou sur l'empoisonnement présumé d'Alexeï Navalny, le site d'investigation «indépendant» Bellingcat avait déjà attiré l'attention des autorités russes, qui l'ont accusé d'entretenir des liens étroits avec des services de renseignement occidentaux. En août dernier, le directeur du Service des renseignements extérieurs russe Sergueï Narychkine, déclarait que le site fondé en 2014 était utilisé pour «pour faire pression» sur des pays, des individus ou des personnes morales. «Les informations qui sont utilisées dans ce genre de cas sont fausses, non vérifiées, elles ont leurs propres objectifs», avait-il ajouté.

En tout état de cause, les sources de financement affichées par Bellingcat sont éloquentes. La section «A propos» du site liste les sources «actuelles», parmi lesquelles on trouve la très controversée ONG américaine National Endowment for Democracy (NED), financée en grande partie par le Congrès américain. 

A cela s'ajoute un lien avec les autorités britanniques, comme nous le relevions l'an dernier : en octobre 2020, le patron de Declassified Matt Kennard rapportait que, selon les données officielles du ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth (FCO), celui-ci avait payé à Bellingcat 1 800 livres le 20 décembre 2018 pour des services de «conseil, de gestion et de relations publiques». Ce paiement aurait pu passer inaperçu, étant donné la somme, si la relation entre le gouvernement britannique et Bellingcat n'allait pas plus loin : le média «indépendant» s'est en effet targué d'être en partenariat avec l'Open Information Partnership (OPI)... un organisme financé par le FCO

Outre ces liens étatiques, il est à noter que le fondateur de Bellingcat, le Britannique Eliot Higgins, a occupé un poste à responsabilité au sein du département digital de l'Atlantic Council, l'influent think tank qui entretient des relations étroites avec l'OTAN.

Autant d'éléments permettant d'expliquer le tropisme antirusse de Bellingcat. A ce propos, le journaliste de Grayzone Ben Norton notait d'ailleurs, en 2017, que Bellingcat agissait «comme un propagandiste non officiel de l'OTAN, se focalisant de façon obsessionnelle sur les ennemis de l'Ouest».

Une loi contre les «agents de l'étranger» visant à assurer la transparence

Bellingat est donc désormais considéré officiellement comme un «agent de l'étranger» en Russie, en vertu d'une loi de 2012. Celle-ci prévoit un enregistrement spécifique des organisations «qui reçoivent de l'argent ou d'autres biens de pays étrangers, d'organes d'Etat, d'organisations internationales et étrangères, de citoyens étrangers, et qui participent à l'activité politique sur le territoire russe».

L'un des auteurs du texte de cette loi, Alexandre Sidiakine, député à l'époque, avait fait valoir que ses dispositions «vis[aient] à assurer la transparence [de ces organisations] sur leur fonction d'agent de l'étranger et à mettre ces informations à la disposition des citoyens russes». En d'autres termes, un média comme Bellingcat ne pourra plus avancer masqué en Russie.