Afghanistan : «Donner des armes, c’est potentiellement alimenter une forme de guerre civile»
David Rigoulet-Roze, rédacteur en chef de la revue Orients stratégiques, commente pour RT France la situation en Afghanistan, et en particulier les appels à la résistance aux Taliban de certaines forces locales.
En Afghanistan, Ahmad Massoud, le fils du commandant Massoud (opposant historique aux Taliban tués dans un attentat en 2001) appuyé par l'ex-vice-président Amrullah Saleh, souhaite organiser la résistance depuis sa vallée du Panchir. Le fils, qui déclare vouloir marcher sur les traces de son père, a demandé un soutien américain en armes et munitions, dans une tribune publiée le 16 août dans la revue fondée par Bernard-Henri Lévy La Règle du jeu et le 18 août dans le Washington Post .
Sur RT France, David Rigoulet-Roze, rédacteur en chef de la revue Orients stratégiques, a réagi à cet appel qui ne doit pas être surévalué, selon lui.
Donner des armes, c'est alimenter une forme de guerre civile, avec un succès qui n'est pas assuré
Selon ce spécialiste du Moyen-Orient, il faut relativiser la capacité de résistance dans la vallée du Panchir. S'il ne remet pas en cause la légitimité d'Ahmad Massoud, il estime en revanche que la réalité sur le terrain est différente de celle des années 1990-2000. Contrairement à cette époque où elle avait une influence sur le nord du pays, aujourd'hui, la vallée du Panchir est, selon lui, une sorte d'enclave isolée, alors que tout le reste du territoire est contrôlé par les Taliban. «Il y a quelque chose qui se passe mais il ne faut pas surévaluer en terme militaire la résistance en question dans la vallée du Panchir par rapport à la mainmise des Taliban sur l'ensemble du reste du territoire», poursuit David Rigoulet-Roze.
Concernant la demande d'Ahmad Massoud en matière de matériel militaire, le spécialiste prévient : «Donner des armes, c'est alimenter une forme de guerre civile, avec un succès qui n'est pas assuré.»
Depuis leur retour au pouvoir le 15 août après une offensive éclair – vingt ans après avoir été chassés en 2001 par une coalition internationale menée par les Etats-Unis –, les Taliban ont fait étalage de stocks d'armements et d'équipements saisis auprès des forces afghanes, la plupart fournis par les Etats-Unis.