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Et si les futures élections en Pologne ébranlaient un peu plus l’Europe

Dimanche les polonais se rendent aux urnes. Un parti conservateur et eurosceptique est le grand favori de ces élections législatives.

Un peu plus de 30 millions d’électeurs polonais sont appelés à renouveler la chambre basse du parlement (Sejm). Un scrutin qui pourrait voir les conservateurs de Droite et Justice (Pis) défairent sévèrement le parti de la Plate-forme Civique (PO), au pouvoir depuis huit ans.

Des conséquences pour l’Europe

Le PO a été fondé par Donald Tusk, actuel président du Conseil européen. A l’image de son créateur c’est un parti europhile. Ce qui n’est pas le cas de ses principaux adversaires. Et les sondages prédisent une large victoire du PiS. Sans toutefois être assuré d’avoir la majorité, il est clair qu’une fois le parti eurosceptique au pouvoir, les relations entre Varsovie et Bruxelles s’en trouveraient changées.

Avec une économie à peine plus grande que celle de la Belgique, le pays ne peut être qualifié de poids lourds européen. Pourtant, il représente l’ouverture vers l’Est voulu par Bruxelles et une défiance soudaine du pays vis à vis de l’UE porterait un coup supplémentaire à un ensemble politique déjà fragile.

Cette victoire annoncée est très parlante. La Pologne possède une croissance forte, enviable par la plupart des pays européens. Pourquoi ses habitants souhaiteraient mettre fin au règne du parti qui a rendu cela possible ? Car ces bons résultats économiques ne profitent pas à tout le monde, loin de là. Les richesses sont inégalement réparties et beaucoup de Polonais souffrent encore d’un niveau de salaire très bas. La précarité de l’emploi est une réalité pour beaucoup. Les jeunes sont particulièrement touchés et recourent toujours à l’immigration pour se bâtir un futur.

De plus, le pays est très déséquilibré. La différence entre villes et campagnes ou entre est et ouest est palpable. Les régions les plus déshéritées votent d’ailleurs massivement pour le PiS.

Que comptent-faire les eurosceptiques ?

Afin de répondre à cette angoisse à propos de l’avenir, qu’éprouve beaucoup de polonais, le PiS propose plusieurs solutions. Ses leaders, Jarosław Kaczyński et Beata Szydło promettent de faire profiter d’avantage les ménages de la croissance du pays. Ils veulent notamment abroger plusieurs réformes entreprises sous les précédents mandats du PO comme sur l’âge légal de départ à la retraite qu’ils souhaitent faire passer de 67 ans à 65 pour les hommes et 60 pour les femmes.

Ils proposent également la création d’une nouvelle allocation familiale pour les plus modestes ainsi que le relèvement des taux d’impositions sur le revenu. Des taxes plus importantes sur le secteur financier seraient également envisagées.

En ce qui concerne la crise des migrants, le PiS se montre ferme. Certains de ses membres disent même s’inspirer de la politique de Viktor Orbán.

Question politique étrangère, le parti adopte des positions très hostiles à la Russie. Sur ce point là, rien ne devrait changer...

Le monde économique et l’Europe inquiets

Comment les marchés financiers réagissent-ils à ces sondages donnant victorieux un parti qui semble miser beaucoup sur le social ? Une étude de Bloomberg souligne que la plus grande préoccupation concernerait le zloty, la devise nationale. Une majorité au parlement permettrait au parti de mener à bien ses projets de dépenses et de taxation des banques. De quoi, selon eux, refroidir les investisseurs.

L’Europe est également en droit de s’interroger. Alors que Bruxelles souhaite gérer la crise migratoire à sa manière en imposant des quotas, voir un pays tel que la Pologne dirigé par un parti hostile aux migrants serait un nouveau coup dur. Après les récents succès dans les sondages du parti anti-immigration suédois, la résistance du Danemark, et de plusieurs pays d’Europe centrale tels que la Slovaquie, sans parler de la Hongrie, la Pologne viendrait s’ajouter à une liste de pays opposés à Bruxelles sur ce dossier.

Mais plus que cela, c’est la défiance du PiS pour l’Europe qui inquiète Bruxelles. Un sentiment qui trouve de plus en plus d’écho sur le vieux continent. Les sondages favorables au Front national dans plusieurs régions de France ne sont qu’un exemple de plus...