Kandahar, la deuxième ville d'Afghanistan, tombe entre les mains des Taliban
- Avec AFP
Les Taliban continuaient ce 13 août leur progression en Afghanistan, prenant le contrôle de la deuxième ville du pays. Washington et Londres vont évacuer en catastrophe leurs ressortissants et diplomates face à la menace pesant désormais sur Kaboul.
L'AFP rapporte ce 13 août que les Taliban se sont emparés de Lashkar Gah (sud), capitale de la province afghane du Helmand, quelques heures après avoir fait tomber Kandahar, la deuxième ville du pays, située 150 km à l'est. Les insurgés islamistes ont aussi pris sans résistance Chaghcharan (centre), capitale de la province de Ghor. L es Taliban ont également conquis la ville de Pul-e-Alam, capitale de la province du Logar, située à 50 km seulement au sud de Kaboul.
Les Taliban contrôlent désormais près de la moitié des capitales provinciales afghanes, toutes tombées en seulement huit jours. L'essentiel du nord, de l'ouest et du sud du pays est maintenant sous leur coupe. Kaboul, Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord, et Jalalabad (est) sont les trois seules grandes villes encore sous le contrôle du gouvernement.
Evacuation américaine en catastrophe
Les Taliban ont lancé leur offensive en mai, quand le président américain Joe Biden a confirmé le départ des dernières troupes étrangères du pays, 20 ans après leur intervention pour chasser les Taliban du pouvoir en raison de leur refus de livrer Oussama ben Laden, le chef d'Al-Qaïda, dans la foulée des attentats du 11-Septembre.
Ce retrait doit être achevé d'ici le 31 août. Le président Biden a depuis affirmé ne pas regretter sa décision, même si la rapidité avec laquelle l'armée afghane s'est désintégrée devant l'avancée des Taliban a surpris et déçu les Américains, qui ont dépensé plus de 1 000 milliards de dollars en 20 ans pour la former et l'équiper.
En raison de l'accélération des événements, Washington a décidé de réduire encore davantage sa présence diplomatique à Kaboul dans les prochaines semaines, selon des informations rapportées par le porte-parole du département d’Etat, Ned Price. Pour mener à bien cette évacuation de diplomates américains, le Pentagone va déployer 3 000 soldats à l'aéroport international de la capitale, qui rejoindront les 650 militaires américains encore présents en Afghanistan, d'après son porte-parole John Kirby. Quelque 3 500 autres militaires seront positionnées au Koweït pour pouvoir être envoyés en renfort en cas de détérioration de la situation à Kaboul.
«Il ne s'agit pas d'un réengagement militaire dans le conflit», a assuré Ned Price, tandis que le Pentagone a également affirmé qu'il n'utiliserait pas cet aéroport pour des frappes contre les Taliban.
Londres a parallèlement annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissants britanniques à quitter l'Afghanistan.
Ces évacuations interviennent alors que les tractations diplomatiques avec les insurgés n'apportent aucun résultat. Trois jours de réunions internationales à Doha, au Qatar, se sont achevés le 12 août sans avancée significative. Dans une déclaration commune, les Etats-Unis, le Pakistan, l'Union européenne et la Chine ont affirmé qu'ils ne reconnaîtraient aucun gouvernement en Afghanistan «imposé par la force».
Moscou déplore le refus des Taliban de négocier
Interrogé lors d'une conférence de presse ce 13 août, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré, à propos des Taliban : «Ils prennent de plus en plus de villes, de districts. Tout ceci est grave, c’est une erreur. Nous discutons avec toutes les forces politiques en Afghanistan qui ont une importance de quelque sorte que ce soit, dont le gouvernement et les Taliban, les représentants des Ouzbeks, des Tadjiks, des Hazaras, avec tout le monde. Nous voyons à quel point il est difficile de parvenir à un consensus dans la société afghane.»
En outre, le chef de la diplomatie russe a déploré le fait que les Taliban «ont décidé de régler la situation par la voie militaire».