La France a suspendu dès juillet les expulsions de migrants vers l'Afghanistan
- Avec AFP
La France a annoncé ce 12 août avoir suspendu début juillet les expulsions des migrants afghans déboutés de leur demande d'asile vers leur pays d'origine en raison des combats entre Taliban et forces pro-gouvernementales.
«Au regard de la dégradation de la situation sécuritaire en Afghanistan, la France a suspendu les éloignements vers ce pays depuis le début du mois de juillet. Nous suivons l'évolution de la situation de près, en lien avec nos partenaires européens», a déclaré auprès de l'AFP le ministère de l'Intérieur ce 12 août, au lendemain d'une annonce similaire de l'Allemagne et des Pays-Bas.
En 2020, l'Afghanistan était le premier pays d'origine des demandeurs d'asile en France, avec 8 886 demandes. Le 11 juillet, l'Afghanistan avait appelé les pays européens à cesser pour trois mois d'expulser des migrants afghans, en raison de l'intensification des combats dans le pays. La Suède et la Finlande avaient suspendu les renvois en Afghanistan à la suite de cet appel.
Les Pays-Bas et l'Allemagne qui, aux côtés de l'Autriche, la Belgique, le Danemark et la Grèce avaient demandé à Bruxelles de pouvoir poursuivre les expulsions, ont finalement fait volte-face le 11 août en annonçant les suspendre à leur tour.
Les Afghans constituaient en 2020 10,6% des demandeurs d'asile dans l'UE (un peu plus de 44 000 sur quelque 416 600 demandes), le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2%), selon l'agence statistique de l'UE Eurostat.
Selon un responsable européen, depuis le début de l'année 2021, 1 200 personnes ont été renvoyées de l'UE en Afghanistan, dont 1 000 qualifiées de «volontaires» au départ, les 200 autres ayant été «forcées» à partir.
Les Taliban ont lancé début mai une vaste offensive contre les forces afghanes, à la faveur des opérations de retrait définitif des forces internationales d'Afghanistan, prévu pour s'achever fin août.
Ils ont pris ce 12 août de la ville stratégique de Ghazni, à 150 kilomètres au sud-ouest de Kaboul, et se rapprochent dangereusement de la capitale, Kaboul, après s'être emparés en quelques jours de l'essentiel de la moitié nord du pays.