Le donateur démocrate Ed Buck jugé coupable dans la mort par overdose de deux prostitués noirs
Ed Buck, ex-mannequin et homme d'affaires donateur du parti démocrate, a été jugé responsable de la mort de deux «escort-boys» afro-américains par overdose, après leur avoir fourni de la méthamphétamine dans le cadre d'une pratique sexuelle.
L'homme d'affaires américain, militant politique et collecteur de fonds pour le parti démocrate Ed Buck a été reconnu coupable le 27 juillet d'avoir fourni la méthamphétamine – une drogue euphorisante – à l'origine de la mort deux hommes afro-américains prostitués lors de rencontres party and play («faire la fête et jouer») dans son appartement, comme le rapporte le Los Angeles Times. Agé de 66 ans, l'ex-mannequin et acteur pourrait passer le restant de ses jours derrière les barreaux.
Le jury a déclaré Ed Buck coupable des neufs chefs d'accusation dont il faisait l'objet. Parmi ceux-ci figuraient l'entretien d'un «repaire de drogués», la distribution de méthamphétamine et l'incitation à franchir les frontières de l'Etat de Californie pour se livrer à la prostitution. Ses deux condamnations pour avoir fourni la méthamphétamine qui a entraîné la mort par overdose de Gemmel Moore, 26 ans, en juillet 2017, et de Timothy Dean, 55 ans, en janvier 2019, sont assorties d'une peine minimale de 20 ans chacune.
Le verdict a été prononcé à l'issue d'un procès de deux semaines qui a donné lieu à des témoignages poignants d'hommes engagés par Ed Buck pour s'exhiber en sous-vêtements et se droguer à la méthamphétamine et au GHB. Des extraits de la collection de centaines de vidéos et photographies de ces séances mêlant sexe et drogue ont été diffusés pendant l'audience. Sur certains d'entre eux, on pouvait voir Ed Buck réaliser des attouchements sexuels sur des hommes endormis ou inconscients, toujours selon le quotidien californien.
Un homme influent qui a bénéficié de la complaisance des autorités ?
Ce n'est qu'en septembre 2019, après qu'un troisième homme noir a failli mourir d'une overdose, qu'Ed Buck a été arrêté. Une situation qui a suscité la protestation de militants accusant les forces de l'ordre de ne pas avoir enquêté de manière efficace sur un homme politiquement influent. Ed Buck, qui a été candidat au conseil municipal de West Hollywood, a fait don au cours des deux dernières décennies de plus de 500 000 dollars à des campagnes électorales – presque exclusivement au profit du parti démocrate – dont celles de Barack Obama et d'Hillary Clinton en 2016, comme le rappelle Reuters.
Ce n'est pas parce que quelqu'un est [...] toxicomane [et] travailleur du sexe [...] que sa vie ne compte pas et que nous devrions détourner le regard lorsqu'il est retrouvé mort dans la maison d'un donateur démocrate blanc
Jasmyne Cannick, qui a organisé des manifestations liées à cette affaire, s'est exprimé en ces termes, relayés par le Los Angeles Times : «Nos vies comptent, notre communauté compte, et ce n'est pas parce que quelqu'un est sans logement, toxicomane, peut être un travailleur du sexe, ou un escort, ou séropositif, que sa vie ne compte pas et que nous devrions détourner le regard lorsqu'il est retrouvé mort dans la maison d'un donateur démocrate blanc.» Elle a également mis en cause la crise du logement qui sévit dans le plus riche Etat du pays, en dénonçant le fait que des gens aient l'impression de devoir «jouer à la roulette russe avec leur vie juste pour avoir un toit au-dessus de leur tête».
A la barre, plusieurs personnes ont témoigné du fait qu'Ed Buck leur avait injecté de la méthamphétamine dans le bras sans leur consentement alors qu'ils étaient évanouis. Ils ont également raconté que l'homme d'affaire avait utilisé des insultes racistes à plusieurs reprises. Les avocats d'Ed Buck ont quant à deux dépeint ces accusateurs comme des toxicomanes indignes de confiance et qui ne cherchaient qu'à gagner de l'argent.