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Les «attaques» contre Minsk ont franchi des «lignes rouges», estime le président biélorusse

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a dénoncé des «attaques» franchissant des «lignes rouges» en réponse aux réactions internationales suscitées par le déroutage d'un avion Ryanair vers Minsk, à bord duquel un opposant a été arrêté.

Le chef de l'Etat biélorusse Alexandre Loukachenko a qualifié ce 26 mai d'«attaques» franchissant «des lignes rouges» les remontrances de l'Union européenne et des Etats-Unis, notamment, en réaction au déroutage d'un avion vers Minsk, à bord duquel un opposant a été arrêté.

«La Biélorussie a fait ce que font les Etats-nations souverains», a-t-il notamment déclaré, affirmant avoir agi «légalement» alors qu'un avion civil a été dérouté sur Minsk le 23 mai après une alerte à la bombe, rejetant l'accusation d'avoir détourné le vol pour arrêter l'opposant Roman Protassevitch.

«J'ai agi légalement en protégeant les gens», a affirmé le dirigeant biélorusse, selon l'agence d'Etat Belta, lors d'un discours devant des élus et autres hauts responsables du pays. Alexandre Loukachenko a ajouté que l'accuser d'avoir envoyé un avion de chasse MiG-29 pour forcer l'atterrissage du vol Ryanair était un «mensonge». «C'est un mensonge absolu [de dire] que l'avion a été forcé d'atterrir par un Mig 29», a-t-il martelé, arguant que «la mission de l'avion de chasse était d'établir la communication, d'accompagner l'atterrissage de l'avion de passagers en cas de situation d'urgence».

Ils sont passés de l'organisation d’émeutes à l'étape de strangulation

«Nos adversaires de l'étranger et à l'intérieur du pays ont changé leurs méthodes pour attaquer notre Etat. Ils ont franchi une multitude de lignes rouges, dépassant les limites de l'entendement et de la morale humaine», a encore ajouté Alexandre Loukachenko, selon l'agence. «Ils sont passés de l'organisation d’émeutes à l'étape de strangulation», a-t-il dénoncé, dans une référence apparente au mouvement de contestation de 2020 qu'il attribue à une opposition pilotée par l'Occident. Il a dénoncé une «guerre hybride moderne» contre son pays, qui est un «théâtre d'expérimentation pour ensuite aller vers l'Est». 

Le 25 mai, la Biélorussie a annoncé avoir convié plusieurs organisations internationales afin d'établir les «circonstances» de l'atterrissage forcé de l'avion de ligne.

L'opposant est «passé aux aveux concernant l'organisation de troubles massifs»

Minsk assure avoir agi selon les dispositions prévues par le droit international, après avoir reçu une menace du Hamas, selon laquelle une bombe aurait été placée à bord du vol FR4978 en raison du soutien de l'Union européenne à Israël.

Les autorités ont par ailleurs assuré que le commandant de bord avait pris lui-même la décision d'atterrir à l'aéroport de Minsk, sans aucune pression extérieure.

Selon une transcription des échanges entre le pilote et la tour de contrôle révélée par le ministère biélorusse, les autorités ont ainsi alerté l'équipage de bord : «Nous avons des informations des services spéciaux disant qu'une bombe est à bord et qu'elle peut être activée au-dessus de Vilnius.» Elles émettent ensuite une «recommandation» de se poser à Minsk, ce que fera le pilote.

Mais de son côté, l'Union européenne ne l'entend pas de cette oreille, et a décidé en représailles de fermer son espace aérien aux avions biélorusses. Plusieurs compagnies aériennes (Air France, KLM, Finnair, Singapore Airlines, Lufthansa, SAS ou encore AirBaltic) ont suspendu leur survol de la Biélorussie. D'autres sanctions pourraient être annoncées prochainement par les 27.

Bruxelles, mais également l'ONU et Washington, ont par ailleurs réclamé la libération immédiate de l'opposant Roman Protassevitch, 26 ans, et de sa compagne Sofia Sapega (de nationalité russe) qui se trouvaient tous deux à bord de l'avion de Ryanair. Ils ont été arrêtés à l'aéroport et le jeune homme, désormais détenu à Minsk, la capitale, a dit être «passé aux aveux concernant l'organisation de troubles massifs» dans une vidéo diffusée par la télévision d'Etat. 

S'étonnant de la «réaction coordonnée [...] des représentants d'un certain nombre de pays occidentaux et d'organisations internationales, dont l'UE, l'OTAN et l'OSCE», la diplomatie russe a de son côté évoqué des précédents lors desquels les chancelleries occidentales avaient été bien plus silencieuses. Moscou a notamment évoqué l'atterrissage forcé de l'avion du président bolivien Evo Morales en 2013, à la demande des services spéciaux américains, qui recherchaient l'ancien agent de la CIA Edward Snowden.