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Opposant biélorusse interpellé après un atterrissage d'urgence : l'UE hausse le ton

Un ex collaborateur de la chaîne d'opposition biélorusse Nexta a été interpellé à l'aéroport de Minsk, après que son vol Athènes-Vilnius s'y soit posé à la suite d'une «alerte à la bombe». A l'international, les réactions se multiplient.

Mercredi 26 mai

Le Hamas a nié toute implication dans l'affaire du détournement d'avion. La Biélorussie avait accusé le groupe palestinien d’être derrière l’alerte à la bombe à l'origine de son atterrissage en urgence à Minsk le 23 mai.

L'ONG Reporters sans frontières (RSF)  a annoncé avoir déposé plainte en Lituanie contre le président bélarusse Alexandre Loukachenko pour «détournement à des fins terroristes».

Mardi 25 mai

Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra le 26 mai en milieu de journée une réunion informelle d'urgence à huis clos sur la Biélorussie. 

Lors d'une conférence de presse ce 25 mai à Bruxelles, Emmanuel Macron a évoqué le possible durcissement des sanctions contre Minsk. Alors qu'un journaliste de France TV notait que les multiples sanctions économiques prises contre la Biélorussie, mais également la Russie, n'avaient pas pour effet d'infléchir la politique de ces pays, Emmanuel Macron a reconnu : «Nous sommes à la limite des politiques de sanctions.»

Réagissant aux propos du journalistes, qui l'interrogeait sur la nécessité de prendre des sanctions plus fortes, le dirigeant français a poursuivi en retournant la question : «Dans ces cas là on lance un conflit armé ? On rompt simplement les relations ?»

Evoquant la relation de la France avec la Russie, Emmanuel Macron a affirmé : «la politique des sanctions progressives sur des situations gelées n'est plus une politique efficace». «Nous sommes à un moment de vérité dans notre relation avec la Russie qui doit nous conduire à repenser les termes de la tension qu'on décide d'installer», a-t-il poursuivi.

Les Etats membres de l'UE se sont mis d'accord pour se pencher sur des sanctions contre la Biélorussie, annonce Angela Merkel. Loukachenko doit «payer le prix fort» pour «un acte infâme» a, de son côté, ajouté le chef de la diplomatie allemande.

Minsk a invité plusieurs organisations, dont l'Association internationale du transport aérien et l'Organisation de l'aviation civile internationale, afin d'établir les «circonstances» de l'atterrissage forcé d'un avion de ligne en Biélorussie.

«On ne peut qu'exprimer nos regrets. Contourner l'espace aérien d'un assez grand pays, situé au centre de l'Europe, est très coûteux pour n'importe quelle compagnie aérienne», a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, au sujet de la fermeture de l'espace aérien de l'UE aux avions biélorusses.

Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a demandé la libération immédiate du journaliste d'opposition Roman Protassevitch et de sa compagne «qui devraient tous deux être autorisés à se rejoindre leur destination prévue en Lituanie».

Marine Le Pen a estimé ce 25 mai que le détournement d'un avion de ligne européen par le Bélarus était «un acte de piraterie» constituant «une violation grave du droit international», qui nécessitait des sanctions à l'encontre des responsables politiques biélorusses : «Il est tout à fait légitime que les condamnations pleuvent sur cet acte qui n'est pas admissible», a déclaré la présidente du Rassemblement national sur BFMTV.

Et de préconiser : «Qu'il y ait des sanctions qui puissent toucher des responsables politiques biélorusses pour leur faire comprendre qu'on ne peut pas se comporter ainsi, oui, mais sanctionner les peuples n'est jamais la bonne solution.»

Le chef de l'opposition biélorusse en exil, Svetlana Tikhanovskaïa, a appelé les Etats-Unis et le G7 à l'action contre le chef de l'Etat Alexandre Loukachenko, accusé d'avoir détourné un avion de ligne pour arrêter un opposant à bord.
Après un entretien avec le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan, elle a appelé sur Twitter «les Etats-Unis à isoler le régime et à faire pression avec des sanctions» puis sur Telegram à «la participation des forces démocratiques biélorusses au G7» prévu en juin au Royaume-Uni.

La diplomatie russe a invité l'Occident à rompre avec le «deux poids, deux mesures», rappelant que par le passé, des atterrissage forcés comme celui de l'avion du président bolivien Evo Morales, n'avaient pas suscité leur indignation.

Air France a annoncé suspendre «jusqu'à nouvel ordre» le survol de l'espace aérien de la Biélorussie par ses appareils, conformément à une recommandation de l'Union européenne qui a adopté la veille de nouvelles sanctions contre le chef de l'Etat Alexandre Loukachenko et son entourage.

«Air France a pris connaissance des conclusions du Conseil européen et suspend en conséquence jusqu'à nouvel ordre le survol de l'espace aérien [biélorusse] par ses appareils. Les appareils déjà en route verront leur plan de vol modifié», a annoncé la compagnie aérienne dans un communiqué dans la nuit du 24 au 25 mai.

Joe Biden a condamné le déroutement «scandaleux» d'un avion de ligne européen vers Minsk à bord duquel se trouvait l'opposant biélorusse Roman Protassevitch. Il a réclamé sa libération immédiate. 

«Cet événement scandaleux et la vidéo que M. Protassevitch semble avoir faite sous la contrainte sont des attaques honteuses contre l'opposition politique et la liberté de la presse», a poursuivi le président américain, en apportant son soutien aux sanctions prises par l'Union européenne envers le Biélorussie et en appelant à la libération du journaliste. 

L'Union européenne a décidé de fermer son espace aérien aux avions biélorusses et demande également à ses compagnies d'éviter l'espace aérien de Biélorussie.

Les 27 souhaitent également «l'adoption d'autres sanctions économiques ciblées» et invitent le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell et la Commission européenne «à soumettre sans délai des propositions à cette fin».

Lundi 24 mai

L'opposant Roman Protassevitch, interpellé à Minsk après l'atterrissage forcé d'un avion de ligne à la suite d'une alerte à la bombe, a affirmé collaborer avec les enquêteurs, dans une vidéo diffusée à la télévision publique.

«Le personnel se comporte avec moi de façon tout à fait adéquate et en respectant la loi, je continue de collaborer avec les enquêteurs et suis passé aux aveux concernant l'organisation de troubles massifs», a-t-il affirmé dans cette vidéo dans laquelle il s'exprime assis à une table, face caméra.

Le groupe allemand de transport aérien Lufthansa a annoncé «suspendre ses opérations» dans l'espace aérien biélorusse. «En raison de la dynamique de la situation actuelle, nous suspendons pour le moment les opérations dans l'espace aérien biélorusse», a indiqué la compagnie dans un communiqué transmis à l'AFP.

Le ministère biélorusse de l'Intérieur a fait savoir que l'opposant Roman Protassevich, interpellé après l'atterrissage forcé de l'avion de Ryanair, était détenu dans une prison à Minsk. 

«Il n'y a pas eu de plaintes sur son état de santé», a précisé le porte-parole du ministère sur son compte Telegram.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a promis «une réponse très forte» de l'UE contre le gouvernement d'Alexandre Loukachenko, après l'atterrissage forcé d'un avion à Minsk, à la suite d'une alerte à la bombe.

«Il y aura une réponse très forte, parce que c'est un comportement scandaleux. Loukachenko et son régime doivent comprendre que cela aura de graves conséquences», a déclaré à Bruxelles Ursula von der Leyen, évoquant notamment la possibilité de sanctionner le secteur aérien biélorusse.

Selon le porte-parole de l'ONU, son Secrétaire général Antonio Guterres a demandé une enquête transparente et indépendante sur l'atterrissage forcé d'un avion à Minsk, qualifié d'«incident troublant».

«[Antonio Guterres] est profondément préoccupé par l'apparent atterrissage forcé d'un avion de passagers en Biélorussie et par la détention ultérieure du journaliste Roman Protassevich», a précisé Stéphane Dujarric dans une déclaration.

L'agence onusienne de l'aviation civile (ICAO) a annoncé une réunion d'urgence le 27 mai à la suite de l'atterrissage forcé d'un avion de ligne à Minsk, après une alerte à la bombe.

«Le président du Conseil de l'ICAO a convoqué une réunion d'urgence des 36 représentants diplomatiques du Conseil le 27 mai suite à l'incident impliquant le vol Ryanair FR4978 dans l'espace aérien de la Biélorussie», a tweeté l'agence basée à Montréal sans autres précisions.

La chancelière allemande Angela Merkel a jugé «pas crédibles» les justifications données par les autorités biélorusses pour l'atterrissage forcé d'un avion de ligne à Minsk, à la suite d'une alerte à la bombe.

«Nous avons assisté à un atterrissage forcé qui a conduit à l'arrestation d'un opposant biélorusse, Roman Protassevitch. [Il] doit être libéré immédiatement. Toutes les autres explications pour cet atterrissage [de l'appareil] de Ryanair ne sont absolument pas crédibles», a soutenu Angela Merkel, à son arrivée au sommet européen à Bruxelles.

Le Biélorussie a ordonné l'expulsion de l'ambassadeur de Lettonie et de tout le personnel de l'ambassade à Minsk, accusant les autorités lettones d'avoir remplacé le drapeau biélorusse par celui de l'opposition en marge du mondial de Hockey.

«L'ambassadeur letton a été prié de quitter le pays dans les 24 heures. L'ensemble du personnel diplomatique, administratif et technique de l'ambassade est aussi invité à quitter le Bélarus dans les 48 heures», a indiqué le ministre des Affaires étrangères Vladimir Makeï, cité par l'agence de presse officielle Belta.

La Lettonie a répliqué dans la foulée, annonçant l'expulsion de l'ambassadeur et de tous les diplomates biélorusses, a fait savoir un porte-parole du ministère letton des Affaires étrangères.

Le ministère italien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur de Biélorussie. Dans un communiqué, le ministère a déclaré que l'«enlèvement» de l'opposant Roman Protasevich était un «acte inacceptable, qui constitue une violation très grave des règles internationales de sécurité aérienne et pour laquelle la Biélorussie sera appelée à rendre des comptes».

«L'Italie continuera à ne ménager aucun effort pour obtenir la libération immédiate de tous les prisonniers politiques», indique le communiqué, qui précise que l'Italie est en discussion avec ses partenaires de l'UE sur l'introduction de mesures contre la Biélorussie «proportionnelles à la gravité de l'incident».

La présidence ukrainienne a ordonné l'arrêt des liaisons aériennes directes avec la Biélorussie et le survol du territoire de ce pays en provenance ou à destination de l'Ukraine, au lendemain de l'atterrissage forcé d'un avion de ligne à Minsk, à la suite d'une «alerte à la bombe».

Le président Volodymyr Zelensky a «chargé le gouvernement» de mettre en œuvre sa «décision sur l'arrêt de liaisons aériennes directes entre l'Ukraine et la Biélorussie et de fermer l'espace aérien de la Biélorussie pour les vols depuis l'Ukraine ou à destination de notre pays», selon un communiqué de la présidence.

Londres a convoqué l'ambassadeur de Biélorussie, a annoncé Dominic Raab, le ministre britannique des Affaires étrangères.

Un responsable de la diplomatie britannique «fait part de notre condamnation au moment où nous parlons», a déclaré Dominic Raab au Parlement, dénonçant «une attaque contre le droit international» et répétant que le Royaume-Uni préparait de nouvelles sanctions contre le gouvernement d'Alexandre Loukachenko.

Le Royaume-Uni a demandé à ses compagnies de contourner l'espace aérien biélorusse et a suspendu l'autorisation de la compagnie nationale Belavia, a annoncé le ministre britannique des Transports.

Le ministre Grant Shapps a annoncé avoir «donné pour instruction» à l'autorité de l'aviation civile de «demander aux compagnies aériennes d'éviter l'espace aérien biélorusse pour la sécurité des passagers». «J'ai aussi suspendu l'autorisation d'opérer de Belavia [compagnie biélorusse]», a-t-il ajouté sur Twitter.

La Biélorussie affirme avoir reçu une menace signée du Hamas contre le vol Ryanair. Le ministère biélorusse des Transports a déclaré que les auteurs du message avaient menacé de faire exploser une bombe au-dessus de Vilnius si l'UE ne cessait pas de soutenir Israël.

«Nous, soldats du Hamas, réclamons qu'Israël cesse le feu sur le secteur de Gaza. Nous réclamons que l'Union européenne cesse son soutien à Israël [...] si nos revendications ne sont pas satisfaites une bombe explosera [à bord de l'avion de Ryanair] au-dessus de Vilnius», a déclaré le directeur du transport aérien au ministère bélarusse des Transports, Artem Sikorski, affirmant lire une traduction en russe du message reçu en anglais.

L'ambassadeur de Biélorussie à Berlin a été convoqué ce 24 mai au ministère allemand des Affaires étrangères.

«Les explications fournies jusqu'à présent par le gouvernement de Biélorussie concernant l'atterrissage forcé d'un avion Ryanair à Minsk sont aberrantes et ne sont pas crédibles. Nous avons besoin de clarté sur ce qui s'est réellement passé à bord et sur le terrain hier. Et nous avons besoin de clarté sur le bien-être de Roman Protassevitch et de sa partenaire, qui doivent être libérés immédiatement», a indiqué dans un communiqué le ministère, ajoutant que la convocation était fixée au 24 mai au soir.

L'ambassade de Biélorussie à Paris a démenti la convocation de son ambassadeur au ministère français des Affaires étrangères. «Non, il n’a pas été convoqué, cela ne s’est pas produit », a déclaré un employé de l’ambassade lors d’un entretien accordé à l'agence de presse Tass.

Dans la soirée du 23 mai, le ministère des Affaires étrangères français avait assuré auprès de l'AFP qu'Igor Fissenko, l'ambassadeur de Biélorussie en France, avait été convoqué au Quai d'Orsay à la demande du ministre Jean-Yves Le Drian.

La compagnie aérienne scandinave SAS a annoncé qu'elle allait éviter l'espace aérien biélorusse. Le transporteur a suivi les recommandations de l'autorité nationale de transport aérien Transportstyrelsen émises dans l'après-midi, exhortant les compagnies suédoises «à tenir compte de la situation incertaine et [...] donc envisager d'éviter de voler dans l'espace aérien bélarusse». 

«Nous allons suivre les instructions et rediriger les vols concernés», a indiqué SAS dans un courriel à l'AFP.

L'équipage du vol de Ryanair a lui-même décidé d'atterrir à Minsk «sans ingérence» après avoir été informé d'une alerte à la bombe, ont affirmé les autorités biélorusses.

«La décision a été prise par le commandant de l'équipage sans ingérence extérieure», a indiqué Igor Goloub, commandant de l'armée de l'air.

La compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé avoir retardé le départ de Minsk d'un avion à destination de Francfort après avoir reçu des autorités biélorusses une «alerte de sécurité».

«Nous suivons les indications des autorités locales qui fouillent à nouveau l'avion avant le départ et refont les contrôles de sécurité sur les passagers», a expliqué un porte-parole de Lufthansa, précisant qu'il s'agit du vol LH1487.

Le service diplomatique européen a annoncé dans un communiqué avoir convoqué l'ambassadeur de Biélorussie auprès de l'UE.

Les réactions internationales se multiplient au lendemain de l'arrestation à Minsk de Roman Protassevitch après que son avion ait été forcé d'atterrir en raison d'une «alerte à la bombe».

Le ministre des Transports lituanien, Marius Skuodis, a fait savoir lors d'une réunion gouvernementale à Vilnius que le pays n'autoriserait aucun vol, ni vers ni depuis son territoire, traversant l'espace aérien biélorusse à partir du 25 mai.

«Tout vol vers ou depuis les aéroports lituaniens via l'espace aérien bélarusse est interdit» à partir du 25 mai, a-t-il assuré.

Lors d'une conférence de presse à Sotchi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré : «Nous appelons à ce que cette situation soit analysée non pas à la hâte, dans la précipitation, mais sur la base de toutes les informations disponibles. Surtout que le porte-parole du ministère biélorusse des Affaires étrangères a fait une déclaration détaillée et a souligné qu’en ce qui concerne cette question, les autorités biélorusses étaient prêtes à agir de manière transparente, qu’elles étaient disposées à se conformer à toutes les règles internationales et à garantir une transparence totale, y compris, si nécessaire, en accueillant des experts internationaux. Je pense que c'est une approche absolument raisonnable.»

Les ambassadeurs de l'OTAN se réuniront le 25 mai concernant le vol Ryanair dérouté le 23 mai à la suite d'une alerte à la bombe.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a expliqué qu'il existait «certaines règles internationales» et que «ce sont les instances aériennes internationales qui doivent donner une évaluation».

La compagnie aérienne airBaltic, basée en Lettonie, a annoncé qu'elle allait désormais éviter l'espace aérien biélorusse. Dans un communiqué, elle explique avoir «décidé d'éviter d'entrer dans l'espace aérien biélorusse jusqu'à ce que la situation devienne plus claire ou qu'une décision soit rendue par les autorités».

Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, a fait savoir lors d'un séminaire via le web à Rome : «Nous considérons [...] inacceptable ce qui s'est produit. Il s'agit d'un détournement d'Etat et ce n'est pas acceptable.»

Le PDG de Ryanair, Michael O'Leary, a déclaré sur les ondes de la radio irlandaise Newstalk : «Il s'agissait d'un cas de détournement financé par l'Etat... de piratage parrainé par l'Etat.» «Il apparaît que l'intention des autorités était de faire sortir un journaliste et la personne qui voyageait avec lui», a-t-il ajouté.

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a jugé «choquantes» les accusations occidentales contre la Biélorussie. «C'est choquant que l'Occident considère que l'incident dans l'espace aérien de la Biélorussie soit "choquant"», a-t-elle fait valoir sur sa page Facebook, rappelant que les Etats occidentaux s'étaient eux-mêmes rendus coupables par le passé «d'enlèvements, d'atterrissages forcés et d'arrestations illégales».

Sur son site, le ministère biélorusse des Affaires étrangères a assuré avoir agi dans la légalité concernant le vol Ryanair dérouté le 23 mai à la suite d'une alerte à la bombe. «Il n'y a aucun doute que les actions de nos organes compétents étaient en conformité avec les règles internationales», a-t-il fait savoir, rejetant les «accusations sans fondement» de plusieurs pays européens qu'il a accusé de vouloir «politiser» l'affaire.

Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a déclaré sur la radio-télévision publique irlandaise RTE : «C'était effectivement de la piraterie aérienne, sanctionnée par l'Etat [...] Nous ne pouvons permettre à cet incident de se produire avec des avertissements ou de forts communiqués de presse.» Il a également appelé à des «sanctions».

Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, a fait savoir sur RMC : «Il pourrait y avoir aussi d'autres mesures [...] Je pense à une mesure qui doit se discuter au niveau européen et international, c'est l'interdiction de l'espace aérien biélorusse, qui est une mesure de sanctions.»

«Je souhaite qu'on le regarde le plus rapidement possible et je pense que ce serait une des mesures raisonnables pour nous protéger», a-t-il ajouté, précisant que cet «acte de piraterie d'Etat» ne pouvait «pas rester impuni».

Dans un communiqué, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken condamne «fermement le détournement forcé d'un vol entre deux Etats membres de l'UE, et l'exfiltration puis l'arrestation qui ont suivi du journaliste Roman Protassevitch à Minsk». «Nous exigeons sa libération immédiate», a-t-il ajouté, précisant : «Cet acte choquant perpétré par le régime Loukachenko a mis en danger la vie de plus de 120 passagers, y compris des citoyens américains.»

«Les premières informations suggérant l'implication des services de sécurité biélorusses et l'utilisation d'avions militaires biélorusses pour escorter l'avion sont profondément préoccupantes et nécessitent une enquête approfondie», a-t-il également fait valoir.

Par ailleurs, Washington explique appuyer «le peuple biélorusse dans ses aspirations à un avenir libre, démocratique et prospère et soutient son souhait que le régime respecte les droits humains et les libertés fondamentales».

Dimanche 23 mai

«L'ICAO [Organisation de l'aviation civile internationale] est fortement préoccupée par l'apparent atterrissage forcé d'un vol Ryanair et de ses passagers, qui pourrait être contraire à la Convention de Chicago. Nous attendons avec impatience que de plus amples informations soient officiellement confirmées par les pays et les opérateurs concernés», a écrit l'organisationsur son compte Twitter.

Interrogé par l'agence Tass concernant une éventuelle enquête sur l'incident, l'ICAO n'a pour l'heure pas répondu.

Le ministère lituanien des Affaires étrangères a appelé les pays de l'UE à émettre une recommandation pour éviter l'espace aérien de la Biélorussie.

L'ambassadeur de Biélorussie à Paris a été convoqué au ministère des Affaires étrangères.« L'ambassadeur de Biélorussie en France [Igor Fissenko] a été convoqué ce soir au Quai d'Orsay à la demande du ministre Jean-Yves Le Drian», a déclaré le ministère à l'AFP.

Le sommet de l'UE discutera le 24 mai de «possibles sanctions» contre la Biélorussie a fait savoir le Conseil européen. 

Le président du Conseil, Charles Michel, mettra à l'ordre du jour du sommet l'incident du Boeing de Ryanair dérouté ce 23 mai à la suite d'une alerte à la bombe et «les conséquences et de possibles sanctions seront discutées à cette occasion», a déclaré un porte-parole du Conseil européen sur Twitter.

L'UE se préparait d'ores et déjà à renforcer ses sanctions préexistantes contre la Biélorussie.

«L'atterrissage forcé d'un avion de ligne au Bélarus aujourd'hui pour arrêter un journaliste est absolument inacceptable» a tweeté le Premier ministre irlandais Micheal Martin, ajoutant que cela avait provoqué de «grandes inquiétudes» en Europe.

«C'est un incident sérieux et dangereux, qui nécessite une enquête internationale. Le Bélarus doit garantir le retour en sécurité de l'équipage et de tous les passagers" à Vilnius, destination initiale du vol», a déclaré le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg sur Twitter.

L'avion de ligne de Ryanair détourné par le Biélorussie à la suite d'une «alerte à la bombe» dans l'après-midi du 23 mai «a redécollé à l'instant de Minsk» à destination de la Lituanie, a annoncé sur Twitter la commissaire européenne en charge des Transports, Adina Valean.

Les dirigeants de l'UE ont averti qu'ils tenaient la Biélorussie pour «responsable» du sort de l'appareil de Ryanair dérouté et forcé d'atterrir à Minsk en raison d'une alerte à la bombe, l'appelant à laisser «tous les passagers» repartir et poursuivre leur voyage, à la veille d'un sommet des 27 à Bruxelles.

«C'est totalement inadmissible. Nous tenons le gouvernement du Bélarus pour responsable de la sécurité de tous les passagers et de l'appareil», a réagi sur Twitter le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.

«TOUS les passagers doivent pouvoir poursuivre immédiatement leur voyage», a-t-il insisté, après que les services de sécurité biélorusses ont arrêté à son arrivée le militant d’opposition Roman Protassevitch présent dans l'avion. 

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a simultanément exprimé une position similaire sur le même réseau social : «TOUS les passagers doivent pouvoir continuer leur voyage vers Vilnius immédiatement et leur sécurité doit être garantie.»

Le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, a averti le président biélorusse Alexandre Loukachenko qu'il s'exposait à de «graves conséquences» après que Minsk a intercepté un avion de ligne en raison d'une «alerte à la bombe».

«Le Royaume-Uni est alarmé par les informations faisant état de l'arrestation du journaliste de @nexta_tv Roman Protassevitch et des circonstances qui ont conduit son avion à atterrir à Minsk. Nous nous coordonnons avec nos alliés. Cette action extravagante de Loukachenko aura de graves conséquences», a tweeté Dominic Raab

La chaîne d'opposition biélorusse Nexta a annoncé le 23 mai que l'un de ses anciens collaborateur, Roman Protassevitch, avait été interpellé à l'aéroport de Minsk après un atterrissage d'urgence de son vol en provenance d'Athènes vers Vilnius.

Selon les autorités, l'avion a dévié de sa trajectoire à cause d'une «alerte à la bombe». Nexta a affirmé que l'atterrissage d'urgence avait été suscité par une «bagarre» déclenchée par des agents des services de sécurité biélorusses, présents à bord, et qui affirmaient qu'un engin explosif se trouvait dans l'appareil.

L'aéroport de Minsk, cité par l'agence de presse officielle Belta, a affirmé que l'alerte à la bombe s'était révélée «erronée» après une fouille du Boeing. Le président Alexandre Loukachenko a quant à lui donné l'ordre personnellement à un avion de chasse MiG-29 d'intercepter l'avion après cette alerte, a déclaré son service de presse.  

Paris dénonce un acte «inacceptable», appelle à une «réponse ferme et unie» des Européens

L'incident a immédiatement suscité des réactions de plusieurs chancelleries européennes. Le président lituanien Gitanas Nausėda a dénoncé un acte «abject», exigeant que Minsk libère Roman Protassevitch. 

La France a dénoncé le «détournement» par les autorités biélorusses d'un avion transportant un opposant biélorusse et réclamé une réponse «ferme et unie» des 27 Etats membres de l'UE. «Le détournement par les autorités biélorusses d’un vol de @Ryanair est inacceptable. Une réponse ferme et unie des Européens est indispensable», a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian sur Twitter.

L'Allemagne a de son côté demandé une «explication immédiate» à la suite du déroutage de l'avion. «Le Royaume-Uni est alarmé par les informations faisant état de l'arrestation du journaliste de @nexta_tv Roman Protassevitch et des circonstances qui ont conduit son avion à atterrir à Minsk. Nous nous coordonnons avec nos alliés. Cette action extravagante de Loukachenko aura de graves conséquences», a tweeté le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab. Le Premier ministre polonais a quant à lui estimé qu'il s'agissait de «terrorisme d'Etat». 

«C'est totalement inadmissible. Nous tenons le gouvernement du Bélarus pour responsable de la sécurité de tous les passagers et de l'appareil», a également réagi sur Twitter le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.

En novembre dernier, les autorités biélorusses avaient placé Roman Protassevitch sur la liste des «individus impliqués dans des activités terroristes». Le jeune homme est un ancien collaborateur de Nexta, un média ayant joué un rôle de premier plan dans la vague de contestation de la réélection en 2020 du président Alexandre Loukachenko, qui occupe cette fonction depuis 1994.

La Biélorussie a en effet connu un important mouvement de contestation après la réélection du président Alexandre Loukachenko avec environ 80% des voix (et plus de 10% pour sa principale rivale, Svetlana Tikhanovskaïa). La police a réagi en procédant à des milliers d'arrestations de manifestants après le scrutin ce qui a valu à Minsk la condamnation par de nombreux pays occidentaux ainsi que des sanctions économiques.

Alexandre Loukachenko avait quant à lui rapidement dénoncé les mobilisations antigouvernementales en évoquant, «des appels à téléguider» les protestataires depuis l'étranger.

Le 11 février, Alexandre Loukachenko a déclaré que son pays avait «subi une attaque des plus cruelles de l'extérieur» mais que ce «blitzkrieg» avait échoué. Selon le chef de l'Etat, un projet de nouvelle constitution sera soumis à un référendum en 2022.