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L'Union européenne va fermer son espace aérien aux avions biélorusses

Réunis en sommet à Bruxelles pour discuter de la réponse à apporter à l'atterrissage forcé d'un avion de ligne en Biélorussie – à la suite d'une alerte à la bombe –, les 27 ont décidé de fermer l'espace aérien de l'UE aux avions biélorusses.

En amont du sommet à Bruxelles ce 24 mai, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait promis «une réponse très forte» de l'UE contre le gouvernement d'Alexandre Loukachenko, après l'atterrissage forcé d'un avion à Minsk, à la suite d'une alerte à la bombe. 

Quelques heures plus tard les 27 ont décidé de fermer l'espace aérien de l'UE aux avions biélorusses, selon un porte-parole du Conseil européen. Le bloc, qui a également demandé à ses compagnies d'éviter l'espace aérien biélorusse, a par ailleurs réclamé la libération immédiate de l'opposant Roman Protassevitch, interpellé à l'atterrissage de l'avion.

«[Le Conseil européen] condamne avec force l'atterrissage forcé d'un avion Ryanair à Minsk [...] qui a porté atteinte à la sécurité aérienne et la détention par les autorités bélarusses [de M. Protassevitch et Mme Sapéga]», indique le document. Le Conseil, qui représente les Etats membres, appelle en outre l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) à enquêter sur cet «incident sans précédent et inacceptable».

Il invite aussi à «élargir dès que possible la liste des responsables et entités» de Biélorussie visés par des sanctions européennes. Quelque 88 personnes, dont Alexandre Loukachenko, et sept entités ont déjà été sanctionnées par une interdiction de voyager dans l'UE et un gel des avoirs pour la répression de l'opposition et la présidentielle du 9 août 2020, jugée «truquée» par les Européens.

Les 27 demandent enfin «l'adoption d'autres sanctions économiques ciblées» et invitent le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell et la Commission européenne «à soumettre sans délai des propositions à cette fin».

Minsk disposé à coopérer à une enquête impartiale

Tout au long de la journée ce 24 mai, les dirigeants européens ont multiplié les déclarations à l'encontre de Minsk. Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune a ainsi donné le ton, estimant que cet acte relevait de la «piraterie d'Etat». La chancelière allemande Angela Merkel a de son côté jugé «pas crédible» l'explication de la Biélorussie concernant l'incident.

Les autorités biélorusses ont pour leur part défendu leur action en affirmant avoir agit pour la sécurité des passagers et dans le cadre du droit international. L'équipage du vol de Ryanair a lui-même décidé d'atterrir à Minsk «sans ingérence» après avoir été informé d'une alerte à la bombe – qui s'est avérée infondée –, ont expliqué les autorités biélorusses. Minsk a précisé avoir reçu une menace de l'organisation palestinienne Hamas. Le ministère biélorusse des Transports a déclaré que les auteurs du message avaient menacé de faire exploser une bombe au-dessus de Vilnius si l'UE ne cessait pas de soutenir Israël.

L'opposant Roman Protassevitch, 26 ans, et sa compagne se trouvaient à bord de ce Boeing de Ryanair reliant Athènes à Vilnius. Ils ont été arrêtés à l'aéroport et le jeune homme, désormais détenu à Minsk, la capitale, a dit être «passé aux aveux concernant l'organisation de troubles massifs» dans une vidéo diffusée par la télévision d'Etat. 

Désireuse de prouver sa bonne foi, la Biélorussie s'est dite ouverte à accueillir des experts dans le cadre d'une enquête sur l'incident. «La hâte, dans les déclarations franchement belliqueuses d’un certain nombre de pays et de structures européennes, est frappante. La situation est expressément et clairement exagérée. On discerne une politisation délibérée, il y a des accusations non confirmées, on colle des étiquettes», a déclaré l'attaché de presse du ministère des Affaires étrangères biélorusse, qui a reproché à ces pays d'avoir immédiatement proféré des «slogans en faveur des sanctions».