Cameroun : suspicion de détournements massifs de fonds destinés à la lutte contre le Covid-19

Cameroun : suspicion de détournements massifs de fonds destinés à la lutte contre le Covid-19© Carlo Allegri Source: Reuters
Le président du Cameroun Paul Biya après un discours devant l'ONU en 2016.
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Un scandale financier secoue le Cameroun après la fuite d'un dossier de la Cour des comptes qui suspecterait de graves malversations financières au sommet de l'Etat dans l'attribution de fonds destinés à endiguer l'épidémiede Covid-19.

Jeune Afrique rapporte que des membres de l'exécutif camerounais ont été auditionnés par la justice pour leur gestion de 128 milliards de francs CFA (196 millions d'euros environ) sur les 180 milliards de francs CFA (275,2 millions d'euros environ) alloués à un Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus en 2020.

Les enquêteurs du Tribunal criminel spécial (TCS) se sont basés sur un rapport d'audit accablant de la Chambre des comptes de la Cour suprême demandé par le président Paul Biya. Si aucune conclusion n'a été officiellement rendue publique, la révélation de ce rapport qui a fuité à partir du 19 mai a provoqué un tollé dans le pays. 

Selon l'agence de presse Reuters, qui n'a toutefois pas été en mesure de confirmer l'authenticité du rapport, le FMI aurait donné 382 millions de dollars (313,5 millions d'euros) en fonds d'urgence au Cameroun pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. 

Le ministre de la Santé dans le viseur

Sur 23 ministères concernés, seuls 19 auraient répondu fin septembre 2020 à la demande d’informations des auditeurs. Les magistrats auraient relevé «30 fautes de gestion» et «recommandé l’ouverture de 10 procédures» judiciaires, selon Jeune Afrique. L'affaire éclabousse notamment le ministre de la Santé Malachie Manaouda mis en cause entre autres dans l'attribution de marchés publics douteux. Contacté par l'hebdomadaire, l'entourage de ce dernier rejette pour sa part la responsabilité de ces attributions sur le secrétaire d'Etat en charge des épidémies, Alim Hayatou, décédé début avril. 

De même source, les investigations auraient conclu qu'une entreprise, Mediline Medical Cameroon SA (MMC SA), aurait «bénéficié d’un quasi-monopole dans la fourniture d’équipements». L'entreprise aurait ainsi fourni 89,97 % des tests de dépistage achetés par les autorités. Elle aurait aussi capté 94,93 % de crédits alloués à cette fin. Selon des éléments du rapport relayés par Reuters, l'achat de tests sur-facturés aurait fait perdre 15 milliards de francs CFA (22,9 millions d'euros) à l'Etat. 

Le budget alloué aux protections individuelles aurait par ailleurs connu un dépassement de 20,8 milliards de francs CFA (31,8 millions d'euros environ) par rapport au prévisions, et les sur-facturations auraient causé un préjudice financer de 1 277 604 763 Francs CFA (1 953 395 euros) aux comptes publics.

Un budget alloué à la production de chloroquine et d'azithromycine

Un autre volet de l'affaire concerne la volonté des autorités de produire localement de la chloroquine et de l'azithromycine, un protocole contre le Covid-19 popularisé par le professeur Didier Raoult et utilisé dans plusieurs pays du monde.

Jeune Afrique rapporte que 657 088 524 Francs CFA (soit plus d'un million d'euros) auraient été alloués à la production de 5 millions de comprimés d'hydroxychloroquine qui n'aurait jamais été produite sur place. Selon le rapport cité par l'hebdomadaire, les comprimés auraient été en réalité achetés en Inde et reconditionnés sur place avec le nom d'une entreprise jugée fictive sur les emballages. 

«Quand on en arrive à importer des médicaments qu'on veut faire passer pour des médicaments fabriqués [sur place], qu'on en arrive à des systèmes d'octroi de marchés sans principes qu'on puisse comprendre, je pense que c'est très grave», a notamment déclaré l'opposant Akere Muna, interrogé par TV5monde.

Toujours selon Jeune Afrique, en plus du ministre de la Santé et de la ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation, «une dizaine» de membres de l'exécutif auraient été auditionnés dans le cadre de cette affaire. 

En avril, l'ONG Human Rights Watch a demandé aux FMI de conditionner le prêt de nouveau fonds au Cameroun à la publication des résultats de l'audit de la Chambre des comptes. 

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