La Chine réussit le placement en orbite du module central de sa station spatiale

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L'agence spatiale chinoise vient de procéder au lancement de la première pièce de son «palais céleste», traduction littérale de «Tiangong», le nom du programme de développement des stations spatiales du pays, âgé de presque trois décennies.

Les images de son lancement depuis l'île de Hainan ont été diffusées en direct, en fin de matinée heure chinoise (un peu avant 5h30 du matin, heure française) : le premier module de la station spatiale Tiangong 3 a rejoint ce 29 avril l'orbite basse de notre planète. Baptisé Tianhe – qu'on pourrait traduire en français par «harmonie des cieux» –, le module en question devrait voir arriver un équipage de trois taïkonautes au cours du mois de juin. 

16,6 mètres de long pour un diamètre de 4,2 mètres : l'imposant cylindre de 22 tonnes est équipé d'un système de support de vie ainsi que d'une propulsion nécessaire au juste maintien de l'ensemble de la future station dans son orbite, située entre 350 et 450 kilomètres d'altitude. Il est également doté d'un système d'amarrage qui servira notamment à y raccorder deux laboratoires spatiaux dans l'année à venir.

Au terme de son assemblage qui devrait être complété d'ici 2022, la station chinoise sera en outre rejointe en orbite par le module optique Xuntian, «un télescope spatial de classe Hubble qui sera capable de s'amarrer à la station pour l'entretien et les réparations», ainsi que le rapporte la presse spécialisée

Le premier module de la station spatiale est «entrée avec succès sur son orbite prévue», a déjà fait savoir le pôle scientifique du Quotidien du peuple, l'organe de presse officiel du Parti communiste chinois sur les réseaux sociaux.

L'agence spatiale chinoise, la CNSA, travaille depuis le début des années 90 sur une présence habitée en orbite basse. Dans les faits, la station Tiangong 3 succède aux prototypes Tiangong 1 et 2 qui, lancés en 2011 et 2016, ont respectivement navigué au dessus de nos têtes pendant cinq et trois ans.

Coopérations et tensions

De façon globale, la station chinoise est vouée à accueillir de multiples expérimentations menées par différents pays comme la Russie, l'Inde, le Japon, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Suisse, la Pologne, la Belgique, la Norvège, le Pérou ou encore le Kenya. Comme sur la station spatiale internationale (l'ISS), les projets toucheront à différents domaines, allant de l'observation astronomique au développement de technologies spatiales, sans oublier l'étude des sciences de la Terre ou encore des expériences en microgravité, indispensables pour anticiper les conditions de futurs vols habités interplanétaires. La station chinoise pourrait également permettre à la CNSA d'avancer sur son programme lunaire.

Pour rappel, Pékin n'a jamais fait partie des programmes de l'ISS du fait de plusieurs facteurs à la fois politiques et technologiques.

De son côté, la Chine a invité dès 2016, via le Bureau des affaires spatiales de l'ONU, les pays membres des Nations unies à utiliser sa future station en respectant les principes suivants : «utilisation pacifique de l'espace ; égalité dans le partage des résultats obtenus ; développement conjoint.» Selon la presse spécialisée, l'agence spatiale chinoise avait déjà reçu, fin 2018, une quarantaine de propositions émanant de 27 pays. 

En écho aux tensions internationales actuelles, la mise en place d'une station chinoise en orbite basse a fait réagir à plusieurs reprises Washington, qui entend conserver sa suprématie dans la conquête de l'espace. Une ambition progressivement remise en cause par l'ascension spatiale de la Chine, et les coopérations qu'elle entreprend, notamment avec la Russie. Les deux pays ont par exemple récemment acté la construction commune d'une base scientifique sur la Lune, parallèlement au programme lunaire de la Nasa baptisé Artemis.

Fabien Rives

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