La justice russe suspend temporairement les activités du Fonds de lutte contre la corruption
Les activités de l'organisation fondée par Alexeï Navalny ont été gelées dans l'attente d'une décision de justice portant sur de possibles activités «extrémistes» de trois organisations accusées de tentatives de «déstabilisation».
Le Tribunal de Moscou a annoncé ce 27 avril la suspension temporaire des activités du Fonds de lutte contre la corruption (FBK, fondé par Alexeï Navalny) jusqu'à sa décision quant à un éventuel classement de cette organisation comme extrémiste. Deux autres organisations liées à l'homme politique sont également concernées par cette décision de justice.
Volonté de «déstabilisation» via une «révolution de couleur» ?
Dans un communiqué cité par l'agence de presse TASS, la Cour précise qu'il s'agit de «mesures provisoires de protection», se traduisant par «l'interdiction de certains actes» pour le FBK et la Fondation pour la protection des droits des citoyens (FZPG), une autre organisation liée à l'opposant. La veille, une mesure similaire avait été annoncée contre l'organisation «Quartier général de Navalny».
Le Parquet avait justifié cette décision en soulignant que les dirigeants et les membres de ces organisations continuaient de mener «des activités illégales», en organisant des manifestations non-autorisées comme celle du 21 avril 2021, et cherchaient à «créer les conditions pour la déstabilisation de la situation sociale et sociopolitique» en Russie «sous couvert de slogans libéraux».
Le procureur de Moscou, qui a demandé que les trois organisations soient ajoutées à la liste des associations «extrémistes», les accuse également de vouloir mettre en œuvre un «scénario de révolution de couleur» en Russie.
Concrètement, dans l'attente de la décision de justice, les membres du FBK (déjà considéré par les autorités russes comme «agent de l'étranger», statut juridiquement contraignant), du FZPG et du «Quartier général de Navalny» ne peuvent ni organiser de rassemblements, ni participer aux élections, ni publier en ligne au nom de ces organisations. Ils ne peuvent pas non plus utiliser les comptes bancaires de celles-ci, toujours selon l'agence de presse russe.
«Bientôt ils nous déclareront tous extrémistes lors d'une audience secrète. Partout où vous tournez vos regards, tout cela est absurde», a dénoncé l'entourage de l'opposant russe, dont les propos sont rapportés par Reuters.
Les auditions dans l'affaire portant sur le caractère «extrémiste» des trois organisations doivent reprendre le 29 avril.