Alexeï Navalny a annoncé ce 23 avril abandonner la grève de la faim qu'il observait depuis trois semaines afin de dénoncer un supposé manque d'accès aux soins médicaux, une accusation que démentent les autorités de la colonie pénitentiaire où il est incarcéré.
«Les médecins en qui j’ai pleinement confiance ont annoncé hier que nous avions obtenu suffisamment de choses pour que je cesse à ma grève de la faim», a déclaré l'opposant russe. Dans une lettre publiée par le média d'opposition Mediazona le 22 avril, cinq médecins dont le médecin personnel d'Alexeï Navalny, Anastassia Vassilieva, disaient avoir eu accès aux dernières analyses médicales de l'opposant. Ils en concluaient que celui-ci devait s'alimenter, du fait de «symptômes d'insuffisance rénale, de symptômes neurologiques sévères et d'hyponatrémie sévère» pouvant conduire, selon eux, à des conséquences graves.
Deux jours plus tôt, le 20 avril, Alexeï Navalny avait reçu la visite de quatre médecins civils ne dépendant pas des services pénitentiaires russes, qui avaient, eux, conclu que l'opposant recevait «tous les soins nécessaires et n'a[vait] aucun souci grave».
Les services pénitentiaires démentent le manque d'accès aux soins dénoncé par Navalny
Le 31 mars dernier, l'opposant russe déclarait sur son compte Instagram entamer une grève de la faim «pour demander l'application de la loi et pour qu'on laisse un médecin venir [le] voir». Il a accusé l'administration pénitentiaire de refuser de lui donner accès à un médecin et de lui fournir des médicaments, et de le priver de sommeil en le réveillant «huit fois par nuit».
Une version démentie par les services pénitentiaires russes, qui écrivaient dans un communiqué de presse le 31 mars : «Nous informons [...] que le condamné Alexeï Navalny bénéficie de tous les soins médicaux nécessaires conformément aux indications médicales le concernant.» En outre, selon la même source, les gardiens de la colonie pénitentiaire respectent «strictement le droit de tous les condamnés à un sommeil ininterrompu de huit heures».
Le même service pénitentiaire avait annoncé le 5 avril l'hospitalisation de l'opposant pour des problèmes respiratoires et avait assuré qu'il était pris en charge.
Navalny en détention pour violation des conditions d'une peine avec sursis
Alexeï Navalny purge actuellement une peine de deux ans et demi de prison ferme. La justice russe a révoqué en février dernier le sursis d'une condamnation remontant à 2014 pour détournements dans la filiale russe du groupe français Yves Rocher.
L'opposant a été reconnu coupable de multiples violations des conditions du contrôle judiciaire exigé par cette peine avec sursis. Alexeï Navalny ne s'était pas présenté à l'enregistrement auprès de l’inspection pénitentiaire à au moins six reprises au cours de l'année 2020 : le 13 janvier, le 27 janvier, le 3 février, le 16 mars, le 6 juillet et le 17 août.
Alexeï Navalny a par ailleurs été au cœur de l'attention médiatique ces derniers mois après avoir été transféré dans le coma en Allemagne fin août 2020 à la suite d'un malaise survenu en Russie. Il accuse le Kremlin d'avoir tenté de l'empoisonner (une version également défendue par plusieurs gouvernements, dont ceux de la France, des Etats-Unis et de l'Allemagne), ce que réfute Moscou. Il était sorti de l'hôpital sans séquelles, avant de rejoindre la Russie en janvier 2021.