La santé des citoyens russes emprisonnés devrait-elle constituer une préoccupation majeure des chancelleries occidentales ? Moscou ne le pense pas.
En conférence de presse ce 19 avril, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a ainsi souligné n'avoir «aucune réaction» aux récentes déclarations de représentants occidentaux sur ce sujet.
«L'état de santé des individus condamnés et emprisonnés en Russie ne peut et ne doit pas faire l’objet de l'intérêt [des pays occidentaux]», a ainsi estimé Dmitri Peskov. Evoquant la très médiatique affaire Navalny, il a ajouté que Moscou ne pouvait «pas accepter» les mises en garde occidentales. «Ce n'est pas une inquiétude que nous prenons en considération», a-t-il ajouté sur ce sujet.
Les Etats-Unis et l'UE montent au créneau
Le porte-parole réagissait à de nouvelles prises de position sur le cas Navalny, qui doit être évoqué ce même-jour par les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union européenne. Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell a déclaré le même jour tenir «les autorités russes [pour] responsables de la santé de monsieur Navalny».
Une déclaration similaire à celle qui a été prononcée la veille par Jake Sullivan, Conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis. Répondant à CNN, il avait notamment mis en garde : «Ce qui arrive à monsieur Navalny durant [sa] détention est [la] responsabilité [des autorités russes] et elles en seront tenues pour responsables par la communauté internationale». Il avait encore promis «des conséquences si monsieur Navalny meurt».
Le 18 avril, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait pour sa part évoqué «une responsabilité majeure pour le président Poutine» et appelé à la libération de l'opposant russe, une position perçue par Moscou comme de l'ingérence.
Alexeï Navalny, dont l'état de santé a été jugé «satisfaisant» par le Service pénitentiaire russe après examen par un médecin, purge actuellement une peine de deux ans et demi de prison ferme. La justice a révoqué en février dernier le sursis d'une condamnation remontant à 2014, pour détournements dans la filiale russe du groupe français Yves Rocher.
L'opposant a été reconnu coupable de multiples violations des conditions du contrôle judiciaire exigé par cette peine avec sursis. Alexeï Navalny ne s'était pas présenté à l'enregistrement auprès de l’inspection pénitentiaire à au moins six reprises au cours de l'année 2020 : le 13 janvier, le 27 janvier, le 3 février, le 16 mars, le 6 juillet et le 17 août.
Dmitri Peskov a par ailleurs qualifié de «provocation» et d'«acte inamical» l'expulsion de 18 diplomates russes par la République tchèque. Celle-ci avait accusé ces diplomates d'espionnage. Cette allégation est vivement contestée par Moscou qui a répliqué en expulsant à son tour 20 diplomates tchèques.