Lors d'une interview accordée à la chaîne américaine CBS, dont un extrait a été diffusé le 17 avril, le président de la République Emmanuel Macron a une nouvelle fois exposé sa position sur la Russie – appel au dialogue, mais présentation de cette dernière comme une menace potentielle.
Ainsi, lorsqu'il lui est demandé si les sanctions antirusses que vient de prendre l'administration Biden auront «une quelconque influence sur Vladimir Poutine», le chef d'Etat français défend, d'abord, l'idée d'une ouverture à l'Est. «Nous avons besoin d'un dialogue ouvert et franc avec la Russie», déclare Emmanuel Macron, considérant que le président russe «peut être prêt à rouvrir le dialogue». Pour autant, le locataire de l'Elysée ajoute : «Nous [les Occidentaux, doit-on sans doute comprendre] devons être clairs quand nous ne sommes pas alignés. Et je pense qu'après un comportement inacceptable, effectivement, nous devons sanctionner.»
Emmanuel Macron ajoute que cela a déjà été fait, «après l'Ukraine ou après une série de crises qui se sont produites». Une référence vraisemblable aux sanctions prises par les Occidentaux après le rattachement de la Crimée à la Fédération russe à l'issue d'un référendum, qu'ils jugent illégal, ou aux récentes sanctions de l'Union européenne liées à l'affaire Navalny. Désormais, Emmanuel Macron appelle à «définir des lignes rouges claires avec la Russie».
Les sanctions font partie d'un tout. Je préfère un dialogue constructif, mais pour avoir un dialogue constructif et efficace, il faut être crédible
Dans le même extrait de l'interview de CBS diffusé le 17 avril, le président de la République résume sa position ambivalente : «Les sanctions font partie d'un tout. Je préfère un dialogue constructif, mais pour avoir un dialogue constructif et efficace, il faut être crédible.»
Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux qu'a pu tenir Emmanuel Macron sur le sujet, à différentes occasions, depuis sa rencontre avec Vladimir Poutine à Versailles en mai 2017 : en décembre 2019, par exemple, le chef d'Etat français avait présenté la Russie à la fois comme «un partenaire», «une puissance avec laquelle nous travaillons» et comme «une menace sur certains sujets».
Tensions et appels au dialogue sur la question ukrainienne
Ces nouvelles déclarations d'Emmanuel Macron surviennent dans un contexte particulier : celui des tensions dans l'est de l'Ukraine, qui ont des répercussions dans les relations entre l'Occident et Moscou.
Alors que les heurts se multiplient entre forces gouvernementales et rebelles dans l'est ukrainien, Kiev se dit préoccupé par les mouvements de troupes russes à proximité de sa frontière et en appelle à l'OTAN, avec laquelle des exercices conjoints doivent être menés prochainement. La Russie, de son côté, assure ne menacer personne et rappelle être en droit de disposer de ses troupes comme elle l'entend sur son propre territoire. Moscou dénonce en outre des «provocations» de Kiev concernant la situation dans l'est ukrainien et des activités «menaçantes» de l'OTAN.
Le 16 avril, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la chancelière allemande Angela Merkel et Emmanuel Macron ont appelé, afin «de parvenir à une désescalade», à un retrait des troupes russes près de la frontière ukrainienne. Dans le même temps, le chef d'Etat ukrainien, à l'issue de discussions avec les dirigeants français et allemand, s'est dit ouvert à un dialogue sur ce sujet au format dit «de Normandie», réunissant Kiev, Paris, Berlin et Moscou.