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Un an après l'assassinat du général iranien Soleimani, des milliers d'Irakiens lui rendent hommage

Un an après la frappe de drone commanditée par les Etats-Unis ayant tué le général iranien Qassem Soleimani et son bras droit irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, des milliers d’Irakiens se sont réunis pour les honorer et dénoncer «l'occupant américain».

Le 3 janvier, après une veillée aux bougies à l'aéroport de Bagdad à l'endroit même où ont été assassinés le général iranien Qassem Soleimani et son bras droit irakien Abou Mehdi al-Mouhandis il y a un an, des milliers d’Irakiens ont convergé sur la place Tahrir où ils ont honoré leurs martyrs et dénoncé «l'occupant américain». 

Cette foule comprenait des partisans de Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires favorable à l'Iran formée pour lutter contre les djihadistes et désormais intégrée aux forces de sécurité irakiennes.

Durant des mois en 2019, certains Irakiens avaient conspué à Tahrir depuis le «restaurant turc» – un immense bâtiment à l’abandon – le pouvoir irakien et son «parrain» iranien. Durant certaines manifestations anti-gouvernement de la «révolution d’octobre», des portraits de Qassem Soleimani avaient même été piétinés.

Kazimi, lâche ! Agent des Américains !

Aujourd'hui, du haut de ce même restaurant, un poster géant du général Soleimani et d’Abou Mehdi al-Mouhandis en a recouvert un autre, vantant un futur musée de la «révolution d’octobre», sous le «haut patronage du Premier ministre Moustafa al-Kazimi». Des partisans de Hachd al-Chaabi ont scandé des slogans tels que «Non à l'Amérique !» et «Vengeance !», visant le «grand Satan» américain et le Premier ministre al-Kazimi, qu'ils accusent d'être son «agent» en Irak.

L'homme n'est pas présent, mais son nom est scandé. «Kazimi, lâche ! Agent des Américains !», ont répété en chœur les milliers de manifestants vêtus de noir, certains brandissant des pancartes «Go out USA» (dehors les Américains). «Nous sommes venus dire non à l'Amérique et à tout autre occupant qui voudrait souiller notre terre», a déclaré à l'AFP une participante, Oum Mariam. Au sud de Bagdad, dans plusieurs villes dont Najaf, où est enterré Abou Mehdi al-Mouhandis, des partisans, certains en pleurs, ont rendu hommage aux deux «martyrs». 

«Attention au piège»

Il y a un an, l’événement avait fait redouter un conflit ouvert en Irak, qui n’a finalement pas eu lieu. Le 31 décembre, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a twitté qu'en Irak, «des agents provocateurs israéliens préparent des attaques contre des Américains» pour placer «Trump dans une impasse avec un casus belli fabriqué». «Attention au piège», a prévenu le ministre, «tout feu d'artifice connaîtra un sérieux retour de flamme, notamment contre votre meilleur ami [Israël]».

Mohammad Javad Zarif a également affirmé que les services de renseignement irakiens avaient indiqué que les Etats-Unis de Trump – qui ont suivi une politique de «pression maximale» contre Téhéran durant le mandat de Donald Trump – cherchaient à fabriquer «un prétexte» pour lancer une guerre avant le départ du président républicain de la Maison Blanche. 

Le 1er janvier, le chef de l'Autorité judiciaire de l'Iran, Ebrahim Raïssi, a quant à lui averti que les auteurs de l'assassinat du général Soleimani ne seraient «nulle part en sécurité».

L'Iran avait riposté à l'assassinat de Qassem Soleimani en tirant des missiles sur des bases irakiennes abritant des soldats américains. En Irak, les groupes pro-Iran ont repris leurs attaques à la roquette contre des intérêts américains et, face à eux, le Premier ministre al-Kazimi a fait le choix de la diplomatie des petits pas.

De son côté, Washington montre une grande fermeté : évoquant «des spéculations sur de nouvelles attaques contre des Américains en Irak», Donald Trump a prévenu : «Si un Américain est tué, je tiendrai l'Iran pour responsable».

Près de 3 000 soldats américains sont toujours déployés en Irak. Un vote du Parlement irakien pour expulser ces militaires, annoncé dans le fracas de l’attaque par drones du 3 janvier 2020, est resté sans réponse. En novembre 2020, les Etats-Unis ont néanmoins annoncé que 500 soldats seraient retirés d'Irak avant le 15 janvier 2021.