La majorité des sénateurs républicains ont joint leur voix aux démocrates, défiant leur président au crépuscule de son mandat, pour adopter le 1er janvier le budget de la défense 740 milliards de dollars (environ 608 milliards d'euros), alors que Donald Trump avait opposé son veto. En quatre ans à la Maison Blanche, Donald Trump a utilisé à neuf reprises son droit de veto contre des textes de loi adoptés dans les deux chambres. Jusqu'ici, le Congrès n'avait jamais réussi à atteindre la majorité des deux tiers nécessaire pour l'outrepasser.
Lors d'une séance exceptionnelle en ce 1er janvier, le Sénat y est parvenu avec 81 voix pour et 13 contre. Comme la Chambre des représentants avait fait de même le 28 décembre, le texte est définitivement adopté. Ce vote intervient alors que les élus républicains sont de plus en plus nombreux à reconnaître la défaite de Donald Trump à la présidentielle du 3 novembre, qu'il ne concède toujours pas lui-même.
Anticipant cette nouvelle rebuffade, le milliardaire avait dénoncé en début de semaine un «leadership républicain faible et fatigué».
Le patron des sénateurs républicains devenu frondeur anti-Trump ?
Face à cette attaque, le chef des sénateurs républicains Mitch McConnell n'a pas cédé, appelant ses troupes à «assumer leurs responsabilités» envers le Pentagone.
«Il s'agit d'assurer que nous restions dans la course face à nos concurrents comme la Russie et la Chine», a-t-il plaidé le 1er janvier à l'ouverture des débats. «C'est aussi l'occasion de rappeler à nos soldats et à leurs familles qu'ils ont notre soutien», a ajouté l'influent sénateur. Fruit de longues négociations, le texte prévoit notamment une hausse de 3% des salaires du personnel de la Défense.
Comme il est de coutume depuis plus d'un demi-siècle, il avait été adopté début décembre à des majorités écrasantes par la Chambre, à majorité démocrate, et le Sénat, contrôlé par les républicains. Mais Donald Trump avait annoncé le 23 décembre qu'il y mettait son veto. Il avait jugé le texte trop favorable à la Chine et s'était élevé contre la possibilité de renommer des bases militaires honorant des généraux confédérés, qui ont combattu en défense de l'esclavage durant la guerre de Sécession (1861-1865).
Il reprochait également au texte de ne pas inclure l'abolition d'une loi, dite «article 230», protégeant le statut juridique des réseaux sociaux, qu'il accuse d'être biaisés contre lui. Le texte contrecarre aussi le projet de Donald Trump visant à réduire la présence militaire américaine en Allemagne, en imposant un délai d'au moins 120 jours avant une telle mesure, si bien qu'aucun retrait américain ne pourrait intervenir avant la prise de fonctions de son successeur Joe Biden le 20 janvier.
Le président n'est en outre pas parvenu à convaincre Mitch McConnell de présenter, dans un vote, sa demande de porter à 2 000 dollars le montant d'une aide aux foyers américains, aujourd'hui fixée à 600 dollars, destinée à amortir l'impact économique de la pandémie.
Sa proposition avait pourtant reçu le soutien des démocrates, qui ont insisté pour la soumettre au vote. Mais Mitch McConnell a jugé qu'il s'agissait de «socialisme pour riches», puisque le chèque ira aussi «à des foyers qui n'ont pas perdu d'emploi ou de revenu».
Des preuves bientôt dévoilées concernant l'élection présidentielle ?
Concentré sur sa croisade post-électorale, Donald Trump n'a pas réagi dans l'immédiat à ces camouflets. A la place, il a multiplié les tweets invitant ses partisans à manifester le 6 janvier à Washington, quand le Congrès devrait entériner sa défaite face à Joe Biden.
«Nous avons LARGEMENT gagné !», a-t-il écrit, en promettant qu'«une grande quantité de preuves» seraient présentées lors de ce rassemblement. Pour l'heure, les tribunaux ont systématiquement rejeté les recours du président.