Alors que Cuba entame une réforme majeure, Washington pourrait la replacer sur liste noire

Alors que Cuba entame une réforme majeure, Washington pourrait la replacer sur liste noire© Alexandre Meneghini Source: Reuters
Le président cubain Miguel Diaz Canel participe à un rassemblement pro-gouvernemental à La Havane, Cuba, le 29 novembre 2020. (image d'illustration)
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Au moment où Cuba va mener une profonde réforme pour attirer les investisseurs étrangers, l'administration Trump sortante semble vouloir porter à l'île un dernier coup en la remettant sur la liste des pays soutenant le terrorisme.

Cuba a critiqué le 30 décembre les velléités des Etats-Unis visant à replacer l'île sur leur liste des pays soutenant le terrorisme. Une mesure actuellement envisagée par l'administration Trump selon des médias américains, et qui pourrait compliquer la diplomatie du président élu Joe Biden, mais surtout la réforme économique profonde que Cuba s'apprête à mettre en place le 1er janvier.

Le secrétaire d'Etat Mike Pompeo envisage de prendre cette mesure, très pénalisante en matière d'investissements étrangers, avant la fin du mandat de Donald Trump le 20 janvier 2021, selon une personne proche du dossier. Le New York Times a rapporté cette information, suivi par la chaîne CNN, qui affirme que Mike Pompeo devrait prendre cette mesure «dans les prochains jours», citant un responsable anonyme.

«Je dénonce les manœuvres du secrétaire d'Etat Pompeo visant à inclure Cuba sur la liste des Etats soutenant le terrorisme pour plaire à la minorité anti-cubaine de Floride», a tweeté le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez.

Cette passe d'arme intervient quelques jours avant le 60e anniversaire, le 3 janvier, de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays après la révolution cubaine. Sous la direction des présidents Barack Obama et Raul Castro, les Etats-Unis et Cuba avaient opéré un rapprochement historique qui avait permis en 2015, le rétablissement des relations diplomatiques et le retrait de la liste noire.

Mais après l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en 2017, son administration a durci l'embargo imposé à Cuba depuis 1962, invoquant des violations des droits de l'Homme à Cuba et le soutien de La Havane au gouvernement chaviste du Venezuela.

Empêcher Cuba de sortir de la crise économique ? 

Cette menace de remettre Cuba sur la liste des pays soutenant le terrorisme intervient singulièrement au moment où l'île socialiste s'apprête à mettre en œuvre une profonde réforme visant à «actualiser» son économie de manière à la rendre plus lisible pour les investisseurs étrangers. La démarche pourrait être mise à mal par une telle décision des Etats-Unis. 

Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, a annoncé pendant la campagne qu'il procéderait rapidement à «l'élimination des restrictions de Trump sur les transferts d'argent et les voyages» qui nuisent aux Cubains et séparent les familles.

Si Mike Pompeo venait à replacer l'île sur la liste noire, Joe Biden pourrait l'en retirer à nouveau, mais son ministère devrait alors entreprendre une analyse formelle afin de pouvoir déclarer que le pays n'a pas eu de liens terroristes au cours des six derniers mois.

Un porte-parole a fait savoir que le département d'Etat «ne discutait pas des délibérations ou délibérations potentielles concernant le placement» d'un pays sur cette liste, rapporte l'AFP. Seuls trois pays y figurent encore après le retrait du Soudan le mois dernier : l'Iran, la Corée du Nord et la Syrie.

Meriem Laribi, avec AFP

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