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Vladimir Poutine explique avoir lui-même autorisé le transfert d'Alexeï Navalny en Allemagne

Vladimir Poutine a déclaré qu'il était intervenu personnellement fin août pour permettre le transfert de l'opposant russe Alexeï Navalny en Allemagne après son hospitalisation à Omsk, que les Occidentaux attribuent à un empoisonnement.

Vladimir Poutine a fait savoir ce 22 octobre en visioconférence lors d'un forum de discussion à Moscou, qu'il avait lui-même autorisé le départ d'Alexeï Navalny, hospitalisé à la suite d'un malaise lors d'un vol en Sibérie, pour se faire soigner en Allemagne.

«Dès que l’épouse de ce citoyen s’est adressée à moi, j’ai immédiatement chargé le Parquet général de vérifier s’il était possible d’organiser son transfert à l'étranger pour y recevoir des soins», a précisé le président russe, ajoutant : «Nous aurions pu ne pas autoriser son transfert, car il faisait l’objet de restrictions de déplacement étant donné qu’il était impliqué dans une affaire judiciaire et une enquête. [...] Il était soumis à des restrictions de sortie. J’ai demandé au Parquet général de le laisser partir. Et il est parti.»

Si les autorités russes voulaient vraiment empoisonner cette personnalité [...], elles ne l’auraient vraisemblablement pas envoyé en Allemagne pour qu’il y soit soigné, n’est-ce pas ?

Le 20 août août,  Alexeï Navalny avait fait un malaise alors qu'il se rendait de Tomsk à Moscou en avion. Après deux jours d'hospitalisation à Omsk, il avait été autorisé à être transféré en urgence en Allemagne, à la demande de ses proches, qui estimaient que l'opposant russe avait été empoisonné et ne faisaient pas confiance au personnel de l'hôpital d'Omsk.

Deux versions s'opposent actuellement sur le cas Navalny. D'une part, celle des médecins russes qui ont initialement pris en charge l'opposant, selon laquelle «aucun poison ou trace de poison dans le sang ou dans l'urine n'a été trouvé». D'autre part, la thèse de Berlin, confirmée par des laboratoires français et suédois, qui soutient le contraire, affirmant que des tests toxicologiques réalisés par un laboratoire de l'armée allemande ont apporté des «preuves sans équivoque» de «la présence d'un agent chimique neurotoxique de type "Novitchok"» dans le corps d'Alexeï Navalny.

En outre, début octobre, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), basée à La Haye, a déclaré que les échantillons de sang et d'urine d'Alexeï Navalny contenaient un «inhibiteur de la cholinestérase», similaire à deux substances chimiques de type Novitchok interdites par l'organisation en 2019.

Alexeï Navalny, toujours en convalescence en Allemagne, a directement accusé Vladimir Poutine d'être derrière son empoisonnement présumé. Les ministres français et allemand des Affaires étrangères ont récemment conclu à une «responsabilité et une implication» russes dans l'affaire Navalny – une mise en cause réfutée par Moscou qui l'a jugé «inacceptable».

«Si les autorités voulaient vraiment empoisonner cette personnalité [...], elles ne l’auraient vraisemblablement pas envoyé en Allemagne pour qu’il y soit soigné, n’est-ce pas ?», a fait valoir Vladimir Poutine ce 23 octobre.

La Russie demande à l'Allemagne les éléments biologiques sur lesquels celle-ci s'appuie

«On nous a dit que des traces de Novitchok, cette fameuse substance connue dans le monde entier, avaient été trouvées [...] Fournissez-nous des matériaux biologiques et des conclusions officielles de sorte que nous puissions mener à bien cette enquête», a également demandé le chef d'Etat russe à destination de l'Allemagne.

«Le Parquet général a envoyé à plusieurs reprises des demandes officielles afin que nous soient transmis ces matériaux, conformément à nos accords avec l'Allemagne», a poursuivi Vladimir Poutine. «Qu'y a-t-il d'exceptionnel là-dedans ?», s'est-il interrogé, rappelant avoir «suggéré» que des experts russes viennent en Allemagne, entourés de spécialistes français, allemands et suédois pour «travailler ensemble» sur le dossier Navalny. «Nous aurions pu obtenir des matériaux pour les utiliser comme base afin d'ouvrir une affaire pénale», a-t-il fait valoir, déclarant que «s'il s'agi[ssait] vraiment d'un fait criminel, il faudrait mener une enquête».

Le 15 octobre, l'Union européenne a pris des sanctions contre six haut responsables russes en lien, selon Bruxelles, avec l'empoisonnement présumé d'Alexeï Navalny.