L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé le 6 octobre qu'une substance de type Novitchok avait été identifiée dans l'organisme de l'opposant russe Alexeï Navalny, pris en charge à Berlin dans un état grave à la suite d'un empoisonnement présumé.
Un sujet de grave préoccupation
L'OIAC, basée à La Haye, a déclaré que les échantillons de sang et d'urine d'Alexeï Navalny contenaient un «inhibiteur de la cholinestérase», similaire à deux substances chimiques de type Novitchok interdites par l'organisation en 2019. Le directeur de l'OIAC, Fernando Arias, a estimé dans un communiqué que ces résultats constituaient «un sujet de grave préoccupation». L'Allemagne avait officiellement demandé «l'assistance technique» de l'OIAC, ce que les Etats parties sont en droit de faire lorsqu'ils pensent qu'il y a eu un incident impliquant des armes chimiques. Fernando Arias a déclaré qu'il était «important maintenant» pour les Etats parties de l'OIAC «de défendre la norme à laquelle ils ont décidé d'adhérer il y a plus de 25 ans», lorsqu'ils ont signé la Convention des Nations unies sur les armes chimiques.
Le 5 octobre, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait pointé du doigt l'incohérence des résultats des analyses menées sur Alexeï Navalny. En effet, alors que les laboratoires militaires allemands ont révélé la présence de substances neurotoxiques dans les analyses faites sur l'opposant russe, ce n'était pas le cas de l'hôpital berlinois de la Charité, rappelait Sergueï Lavrov.
Pour sa part, Alexeï Navalny a assuré aller de mieux en mieux et se donner encore quelques mois avant de rentrer en Russie, dans une interview accordée à un célèbre youtubeur russe diffusée ce 6 octobre. «J'ai les mains qui tremblent, si je prends une bouteille d'eau ça va être rigolo, mais je vais vraiment beaucoup mieux», a-t-il déclaré en débutant l'entretien, le premier accordé par l'homme de 44 ans à un journaliste russe depuis qu'il est sorti de l'hôpital berlinois où il était soigné.
Victime d'un malaise au cours d'un vol en Russie le 20 août, Alexeï Navalny a d'abord été admis dans un établissement sibérien avant d'être transféré en Allemagne. Le Novitchok est un groupe d'agents neurotoxiques particulièrement dangereux déjà utilisé en 2018 pour empoisonner l'ex-espion Sergueï Skripal et sa fille Ioulia à Salisbury, en Angleterre. Le Kremlin avait nié toute responsabilité dans cette affaire, qui avait provoqué une crise diplomatique.