Alors que les laboratoires militaires allemands ont révélé la présence de substances neurotoxiques dans les analyses faites sur l'opposant russe, ce n'était pas le cas de l'hôpital berlinois de la Charité, rappelle le chef de la diplomatie russe.
Les médecins de la clinique berlinoise Charité, ainsi que leurs collègues russes, n'ont pas trouvé de trace d'agent militaire toxique dans les analyses de l'opposant Alexeï Navalny : la découverte a été faite dans des laboratoires de la Bundeswehr. C'est ce qu'a annoncé lundi 5 octobre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une réunion avec des membres de l'Association des entreprises européennes en Russie.
«Oui, ils [les médecins d'Omsk] n'ont trouvé aucune trace d'agent militaire toxique, ils l’ont honnêtement déclaré. Mais j'aimerais attirer votre attention sur le fait qu'à la clinique de la Charité, ils n'ont pas trouvé non plus de substances toxiques dans ses analyses. C'est à la clinique de la Bundeswehr [les forces armées allemandes] qu'ils en ont trouvé. Mais on ne sait toujours pas si les Français et les Suédois ont effectué leurs propres prélèvements ou si ce sont les Allemands qui leur ont transmis les leurs. Et le fait que nos partenaires essaient de tout maintenir sous secret ou, comme on dit chez nous, de brouiller les pistes, cela suscite chez nous une grande préoccupation», a déclaré le chef de la diplomatie russe, cité par l'agence Tass.
Il a noté également que les médecins d'Omsk, lors du transfert de Navalny en Allemagne, avaient fourni tous les résultats des analyses médicales à leurs collègues de Berlin. «Ils ont fourni aux Allemands tous les résultats des tests qu’ils avaient effectués, ainsi que les résultats de leur travail. Les Allemands, quand ils ont transféré Navalny, ont confirmé par écrit avoir reçu toutes les informations», a souligné Lavrov.
Le 3 septembre un laboratoire militaire allemand avait conclu à l'empoisonnement de l'opposant russe par un agent neurotoxique de type Novitchok, une conclusion vivement contestée par Moscou. Plus tard des laboratoires français et suédois ont analysé des «échantillons prélevés» sur Alexeï Navalny, toujours hospitalisé à Berlin, et ont confirmé un empoisonnement par ce puissant agent neurotoxique. «Le gouvernement allemand a également demandé à d'autres partenaires européens, à savoir la France et la Suède, de vérifier de manière indépendante les preuves allemandes sur la base de nouveaux échantillons prélevés sur Navalny», a fait savoir via un communiqué le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, cité par l'AFP, sans préciser pour autant si les spécialistes de ces laboratoires ont été présents sur place pour effectuer les prélèvements ou si les analyses leur ont été transmises par les médecins allemands. Ensuite les résultats ont été confirmés par les experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) envoyés en Allemagne pour prélever des échantillons sur le patient berlinois, toutefois aucune information n'a été communiquée aux autorités russes malgré plusieurs demandes officielles.
Vers des sanctions inévitables?
Dans ces circonstances l'Union européenne n'a pas d'autre solution que d'imposer des sanctions à l'égard de la Russie, a estimé samedi 3 octobre le ministre allemand des Affaires étrangères. «Je suis convaincu qu'il n'y a plus moyen d'éviter des sanctions», a déclaré Heiko Maas dans une interview accordée au site d'information t-online, selon l'agence Reuters. De son côté Sergueï Lavrov a noté que pour Moscou il n'y avait pas de doute que l'Union européenne allait tenter d'adopter un nouveau régime de sanctions unilatérales contre la Russie pour violation présumée des règles d'utilisation de substances chimiques toxiques dans la situation autour de Navalny.
«Bien sûr, nous sommes intéressés à établir au plus vite la vérité sur Alexeï Navalny, mais la situation est très claire», a regretté le diplomate russe en faisant remarquer que l'affaire Navalny se déroule selon le même scénario que l'affaire Skripal, lorsque la Russie avait été accusée d'un empoisonnement alors qu'aucun fait n'a été présenté en faveur de ce jugement.