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Affaire Navalny : la Russie déplore une «large campagne de désinformation lancée par l’Occident»

Les autorités allemandes faisant état d'un empoisonnement d'Alexeï Navalny, les Occidentaux accusent la Russie de ne pas vouloir clarifier cette affaire et menacent de prendre des sanctions. Moscou dénonce une «campagne de désinformation».

«Nous sommes tous témoins d’une large campagne de désinformation lancée par l’Occident, les pays occidentaux, les dirigeants de ces pays, les responsables, les institutions et les associations d’intégration dominées par les pays occidentaux [...] autour de la situation concernant le citoyen russe Navalny» : la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, n'a pas mâché ses mots au sujet de la couverture de l'affaire Navalny en Occident, ce 23 septembre. 

Ces dernières semaines, nombre de capitales occidentales ont dénoncé un empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny, en se basant sur les informations des autorités allemandes. Partant, elles ont accusé la Russie de refuser de faire la lumière sur cette affaire.

Dans ce contexte, Maria Zakharova a dénoncé une «politique intransigeante d’accusation» de la part des Occidentaux, et cité les exemples du chef d'Etat français et du chef de la diplomatie américaine. «Le président français Emmanuel Macron a qualifié cet incident de, je cite, "tentative d’assassinat". Il a demandé d’ouvrir, je cite, "une enquête rapide et transparente" pour que, je cite, "les responsables rendent des comptes"», a-t-elle ainsi souligné. Maria Zakharova a également rappelé que Mike Pompeo avait menacé «d’imposer des sanctions contre la Russie à cause d'un supposé "emploi d’armes chimiques" contre Navalny».

Moscou, selon la porte-parole de la diplomatie russe, considère «inacceptable» ce genre de rhétorique. «Il n’y a et ne peut pas y avoir aucune preuve d’une supposée "implication" de la Russie dans cette affaire, ou comme ils disent, de "trace russe"», a-t-elle conclu.

La veille, le 22 septembre, Emmanuel Macron avait enjoint la Russie à une clarification «rapide et sans défaut» sur la «tentative d'assassinat contre un opposant politique», dans une télédéclaration diffusée à l'Assemblée générale de l'ONU.  

Interrogé plus tôt dans la semaine par le magazine allemand Bildsur l'affaire Navalny, Mike Pompeo avait lui déclaré : «Les Etats-Unis ont clairement fait savoir que l'utilisation d'armes chimiques était inacceptable [...] Il n'y a pas de raison de penser que les Etats-Unis ne réagiront pas d'une façon qui rende justice à ce qui a pu se passer, une fois que tous les faits seront disponibles.»

Plusieurs versions médicales s'affrontent sur le cas Navalny

Alexeï Navalny a été victime d'un malaise le 20 août alors qu'il se rendait de Tomsk à Moscou en avion. Il a été admis dans un hôpital d'Omsk (Sibérie) dans un état grave, placé en réanimation et relié à un respirateur artificiel, avant d'être transféré en Allemagne, l'entourage de l'opposant ne faisant pas confiance à l'établissement hospitalier russe où il était soigné. Il est sorti de l'hôpital berlinois de la Charité ce 23 septembre.

Deux versions s'opposent actuellement sur son cas. D'une part, celle des médecins russes qui ont initialement pris en charge l'opposant, selon laquelle «aucun poison ou trace de poison dans le sang ou dans l'urine n'a été trouvé».

D'autre part, la thèse de Berlin, confirmée par des laboratoires français et suédois, qui soutient le contraire, affirmant que des tests toxicologiques réalisés par un laboratoire de l'armée allemande ont apporté des «preuves sans équivoque» de «la présence d'un agent chimique neurotoxique de type "Novitchok"» dans le corps d'Alexeï Navalny.

Plusieurs pays occidentaux enjoignent la Russie à ouvrir une enquête sur l'empoisonnement présumé d'Alexeï Navalny. La Russie, déclarant valoir n'avoir aucun indice susceptible d'indiquer qu'un crime a été commis, n'a en conséquence pas ouvert d'enquête.

En outre, la police russe a ouvert fin août un «examen préliminaire» sur l'hospitalisation d'Alexeï Navalny.