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La police russe va demander à l'Allemagne de pouvoir interroger Navalny

Dans un communiqué, le département du ministère russe de l'Intérieur en charge de vérifications préliminaires annonce qu'il va demander à l'Allemagne de pouvoir interroger Alexeï Navalny, sorti du coma artificiel le 7 septembre.

Le département des transports du ministère russe de l'Intérieur, en charge de vérifications préliminaires concernant l'hospitalisation de Navalny, va demander que des enquêteurs russes puissent assister aux activités des enquêteurs allemands avec l'opposant russe et lui poser des questions supplémentaires, d'après un communiqué publié ce 11 septembre.

Victime d'un malaise alors qu'il empruntait une liaison commerciale, Alexeï Navalny a été placé pendant plusieurs jours dans un coma artificiel en Russie avant d'être transporté en Allemagne, où il a repris connaissance selon l’hôpital de la Charité de Berlin. Les autorités allemandes, comme plusieurs chancelleries occidentales, ont évoqué la thèse d'un empoisonnement au «Novitchok» et ont multiplié les accusations envers le pouvoir russe, que Moscou conteste fermement. Les médecins berlinois ont assuré que des traces d'empoisonnement avaient été découvertes lors des analyses, une conclusion qui va à l'encontre de celle des médecins russes d'Omsk et Moscou.

Opposant politique qui a fait de la lutte contre la corruption dans son pays son cheval de bataille, Alexeï Navalny est actuellement soigné dans l'hôpital berlinois de la Charité. Son transfert a été permis le 22 août par les équipes médicales russes qui l'avaient initialement placé en soins intensifs après l'avoir reçu dans un état grave à la suite d'une perte de connaissance lors d'un vol domestique. Le Comité d'enquête de Russie a demandé le 4 septembre à l'une de ses branches régionales en Sibérie de se pencher sur la possibilité d'une tentative de meurtre.

En tout état de cause, l'affaire a des répercussions géopolitiques, notamment sur le dossier Nord Stream 2, un projet de gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique. Certains détracteurs de ce projet gazier ont d'ores et déjà lié son sort à celui de l'opposant Alexeï Navalny.

Si Alexeï Navalny est régulièrement présenté dans les grands médias occidentaux comme la «bête noire du Kremlin», sa popularité en Russie (où il a été interdit de se présenter à la dernière présidentielle) est bien plus relative. Selon un sondage réalisé fin 2019 par l'institut russe indépendant Levada, seulement 2% des citoyens russes ayant participé à l'enquête disaient qu'ils voteraient pour lui si l'élection présidentielle se déroulait la semaine suivante. Ces résultats le situaient loin derrière Vladimir Poutine (38%), mais également derrière d'autres figures de l'opposition russe comme Vladimir Jirinovski (ultra-nationaliste, 4%), ou Pavel Groudinine (Parti communiste, 3%).