Les mesures américaines contre TikTok violent les principes de l'économie de marché, relève Moscou
La diplomatie russe a dénoncé les mesures de l'administration Trump contre l'application chinoise TikTok qui, selon elle, vont à l'encontre des «principes de base d'une économie de marché libre» et violent des engagements internationaux américains.
«Nous percevons dans les actions restrictives et injustement rigoureuses de la partie américaine à l'égard de l'un des plus grands réseaux sociaux, TikTok, une violation de plusieurs obligations internationales de Washington en matière de diffusion libre et large de toute forme d'informations», a déclaré ce 8 août la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Ces actions violent selon elle les règles de l'OMC et vont à l'encontre «des principes de base d'une économie de marché libre».
Selon un communiqué relayé par le ministère, la diplomate russe dénonce «l'interdiction pour les citoyens américains de coopérer avec l’entreprise chinoise ByteDance, propriétaire de l'application «TikTok», fondée selon elle sur «des accusations non prouvées». Cette mesure s'inscrit, selon la porte-parole de la diplomatie russe, dans le cadre d'une «coercition agressive [de l'administration Trump] pour faire vendre le réseau social à des entreprises américaines».
Maria Zakharova voit dans cet épisode des tensions sino-américaines un nouvel «exemple flagrant de concurrence économique déloyale dans la lutte pour la domination de l'espace international de l'information».
Interdiction de toute transaction entre les «personnes sous juridiction américaine» et la maison-mère de TikTok
Le président des Etats-Unis a signé jeudi 6 août un décret interdisant, d'ici 45 jours, toute transaction «des personnes sous juridiction américaine» avec ByteDance, la maison-mère de TikTok, indique l'AFP.
Il a justifié cette décision par une «urgence nationale» au sujet de l'application de vidéos chinoise qu'il accuse, sans preuve, d'espionner ses utilisateurs américains pour le compte de Pékin, dans un contexte de tensions commerciales et politiques avec la Chine. «TikTok capture automatiquement de larges pans d'information sur ses utilisateurs [...], permettant potentiellement à la Chine de pister des employés du gouvernement, de réunir des dossiers personnels à des fins de chantage et de pratiquer l'espionnage industriel», fait valoir le décret.
Le locataire de la Maison Blanche a signé un décret du même ordre contre la plateforme en ligne WeChat, qui appartient au géant chinois Tencent. Le document officiel américain mentionne les mêmes griefs que pour TikTok : les applications mobiles chinoises «menacent la sécurité nationale, la politique étrangère et l'économie des Etats-Unis».
Les décrets ne précisent pas quelles sont leurs conséquences pratiques mais, selon l'AFP, «l'interdiction de toute transaction avec les deux entreprises pourrait obliger Google et Apple à retirer les deux réseaux de leurs magasins d'applis, empêchant, de fait, de les utiliser aux Etats-Unis».
Le 7 juillet, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wengbin, a déclaré que les Etats-Unis menaient «une manipulation et une répression politiques arbitraires [...] qui ne pourra[it] déboucher que sur leur propre déclin moral et sur une atteinte à leur image».