«Le Coran est notre constitution» : des Soudanais manifestent contre des réformes jugées anti-islam
- Avec AFP
Le gouvernement de transition a adopté des amendements abolissant la peine de mort pour apostasie, criminalisant l'excision et autorisant les non-musulmans à importer, vendre et consommer de l'alcool. Des décisions contestées dans la rue à Khartoum.
Plusieurs dizaines de Soudanais ont manifesté ce 17 juillet à Khartoum contre des réformes adoptées récemment par le gouvernement de transition et qu'ils jugent anti-islamiques.
Le 10 juillet, le gouvernement de transition – arrivé au pouvoir après la chute de l'ancien président Omar el-Béchir – a adopté une série d'amendements abolissant la peine de mort pour apostasie, criminalisant l'excision et autorisant les non-musulmans à importer, vendre et consommer de l'alcool pour la première fois depuis 1983.
Non aux amendements contraires à la charia
Cette dernière mesure ne s'applique pas aux Soudanais musulmans qui représentent 97% des quelque 40 millions d'habitants du pays, selon les chiffres officiels. La semaine dernière, le ministre de la Justice Nasreddine Abdelbari a également annoncé que la conversion à une autre religion que l'islam serait décriminalisée.
Le Premier ministre Abdallah Hamdok a lui salué sur Twitter l'adoption de ces amendements comme une «étape importante dans la réforme de l'institution judiciaire».
«Nous ne remplacerons pas la loi divine», «Hamdok : Khartoum n'est pas New York», ont scandé les manifestants, descendus dans les rues du nord et de l'est de la ville, après la prière collective du vendredi. «Non aux amendements contraires à la charia [loi islamique]», pouvait-on aussi lire sur certaines banderoles. Les forces de sécurité ont bloqué les grandes avenues de la capitale ainsi que les ponts reliant le centre de Khartoum à sa ville jumelle Oumdourman, sur la rive opposée du Nil blanc.
Arrivé au pouvoir en 1989 par un coup d'Etat soutenu par les islamistes, Omar el-Béchir a encouragé une stricte pratique de l'islam dans le pays. Il a été destitué en avril 2019, quatre mois après le début d'un mouvement de contestation populaire déclenché par le triplement du prix du pain. A l'initiative de cette réforme judiciaire, le gouvernement de Hamdok, formé en août 2019 après un accord entre l'armée et l'opposition, a pour mission d'accompagner le Soudan dans sa transition politique durant trois ans.