Russie : une journaliste écope d'une amende pour «justification du terrorisme»
La journaliste russe Svetlana Prokopyeva a été condamnée à environ 6 000 euros d'amende pour «justification du terrorisme». Cette dernière était jugée pour avoir trouvé des justifications politiques à l'auteur d'un attentat-suicide en 2018.
Un tribunal régional de la ville de Pskov (nord-ouest de la Russie) a condamné le 6 juillet la journaliste russe Svetlana Prokopyeva à une amende de 500 000 roubles (environ 6 160 euros), alors que le parquet avait requis six ans d'emprisonnement et une interdiction d'exercer son métier pendant quatre ans, pour «justification du terrorisme» dans l'un de ses articles publié en 2018.
Quelques jours après un attentat-suicide à la bombe commis le 31 octobre 2018 par un jeune homme de 17 ans, se revendiquant anarchiste, dans le bâtiment du Service fédéral de sécurité (FSB) d'Arkhangelsk (nord-ouest), Svetlana Prokopyeva avait lu à l'antenne locale de la radio Echo de Moscou (Ekho Moskvy) une chronique dans laquelle elle avait lié cet attentat au climat politique instauré dans le pays. La journaliste russe de 40 ans avait ainsi soutenu que le kamikaze avait agi en réponse à des «actions répressives» du gouvernement et de la police russe.
L'attaque avait blessé trois membres des services de sécurité en plus d'avoir coûté la vie à son auteur.
Le succès le plus important est de ne pas avoir été interdite d'exercer ma profession
Au cours du procès, Svetlana Prokopyeva, qui travaille pour le service russe du média américain Radio Free Europe/Radio Liberty, a déclaré qu’elle n'avait rien fait de contraire à son devoir professionnel. Son objectif était selon elle d'empêcher de futures attaques terroristes. Elle avait dénoncé une «vengeance» des services de sécurité pour ses «critiques violentes et manifestement justes». «Le succès le plus important est de ne pas avoir été interdite d'exercer ma profession», a-t-elle confié à la presse locale en sortant du tribunal. Elle a annoncé en outre qu'elle allait faire appel de sa condamnation.
L'organisation Reporters Sans Frontières (RSF) s'est dit «soulagée» que la journaliste n'aille pas en prison à l'annonce du jugement. Human Rights Watch a dénoncé de son côté un «précédent dangereux» après cette condamnation. Plusieurs de ses soutiens ont manifesté à Pskov et à Moscou les jours précédent cette condamnation.