Covid-19 : Sanofi demande un soutien «efficace» à l'UE afin de pouvoir mener ses recherches
- Avec AFP
Après la polémique sur une commercialisation du futur vaccin en priorité sur le territoire américain, Sanofi a précisé que si l'UE était aussi «efficace» que les Etats-Unis dans son soutien au laboratoire, elle pourrait aussi bénéficier du remède.
Sanofi servira les États-Unis en premier s'il trouve un vaccin contre le coronavirus, puisque le pays «partage le risque» des recherches menées à travers un partenariat, selon le directeur général du laboratoire français Paul Hudson qui s'exprimait auprès de l'agence Bloomberg, le 13 mai.
«[Washington] a le droit aux plus grosses pré-commandes», a ainsi expliqué Paul Hudson, en raison de sa prise de risques dans la recherche d'un vaccin aux côtés du géant pharmaceutique. Ils «obtiendront les vaccins en premier», a poursuivi Paul Hudson, car «ils ont investi pour essayer de protéger leur population». Une avance qui sera de quelques jours ou quelques semaines sur le reste du monde, selon lui.
Sanofi évoque «des avancées encourageantes»
«Sanofi dispose d'un ancrage industriel diversifié et international. Nous avons des capacités de production aux Etats-Unis, en Europe, notamment en France et ailleurs dans le monde. La production sur le sol américain sera principalement dédiée aux Etats-Unis et le reste de nos capacités de production sera alloué à l'Europe, à la France et au reste du monde», a précisé Sanofi dans un communiqué en soirée. «Nous nous sommes toujours engagés à ce que dans ces circonstances sans précédent, notre vaccin soit accessible à tous», a ajouté le laboratoire.
«La coopération mise en place avec Barda [Autorité pour la recherche et développement avancée dans le domaine biomédical] aux Etats-Unis permet de démarrer la production du vaccin aussi rapidement que possible en parallèle du développement et de l'enregistrement du vaccin», selon le laboratoire qui salue «des avancées encourageantes depuis plusieurs semaines par la mobilisation de la Commission européenne pour envisager des mesures similaires et accélérer le développement des vaccins et la mise à disposition des citoyens européens».
«Nous avons des discussions très constructives avec les institutions européennes ainsi qu’avec les gouvernements français et allemand», a-t-il précisé.
«Inacceptable» pour la secrétaire d'Etat à l'Economie française
Réagissant à cette annonce ce 14 mai, la secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher a jugé «inacceptable» que le groupe pharmaceutique Sanofi serve en priorité les Etats-Unis s'il trouve un vaccin contre le Covid-19. «Pour nous, ce serait inacceptable qu'il y ait un accès privilégié de tel ou tel pays sous un prétexte qui serait un prétexte pécunier», a déclaré la secrétaire d'Etat sur Sud Radio.
«J'ai immédiatement contacté Sanofi, qui a fait un correctif [...] Le patron de Sanofi France m'a confirmé que le vaccin serait accessible à tous les pays et qu'évidemment il serait accessible notamment aux Français», a par ailleurs précisé la secrétaire d'Etat.
Une information confirmée ce 14 mai sur BFMTV par le président de Sanofi France Olivier Bogillot, sous réserve que l'Union européenne (UE) se montre aussi généreuses que les Etats-Unis envers le laboratoire pharmaceutique. «Les Américains sont efficaces en cette période. Il faut que l'UE soit aussi efficace en nous aidant à mettre à disposition très vite ce vaccin», a fait savoir Olivier Bogillot.
Sanofi, l'un des plus grands spécialistes des vaccins au monde, s'est lancé dans la course contre le coronavirus mi-février, avec l'annonce d'un accord de coopération avec l'Autorité Barda, qui dépend du ministère américain de la Santé. Sanofi utilisera sa technologie de recombinaison de l'ADN pour «accélérer la mise au point d'un vaccin potentiel contre le Covid-19», indiquait-il alors. A cet effet, le groupe s'est allié avec le britannique GSK, à travers une collaboration dont les deux laboratoires espèrent obtenir un résultat d'ici 2021.
Par ailleurs, le laboratoire français collabore également avec Translate Bio, une biotech américaine, qui développe des médicaments à base d'ARN messager, dans le but de mettre au point un autre type de vaccin contre le Covid-19. Dans le monde, plus de 100 projets de vaccins sont actuellement à l'étude, avec une dizaine d'essais cliniques déjà en cours.