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Lutte contre le coronavirus : vols annulés, écoles fermées, quarantaine, le Maghreb s'organise

L'Algérie, le Maroc et surtout la Tunisie ont pris des mesures importantes pour tenter de se prémunir de la pandémie du coronavirus, dont l'Europe voisine a été désignée par l'OMS comme le nouvel épicentre mondial.

Alors que l'Europe a été désignée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) nouvel «épicentre» de la pandémie de coronavirus, de nombreux pays ont pris et continuent de prendre leurs dispositions pour s'en prémunir. C'est le cas de ceux du Maghreb voisin qui ont considérablement réduit, voire suspendu leurs liaisons aériennes avec la France, l'Espagne et l'Italie, plus grand foyer de contamination de ces derniers jours.

Les gouvernements algérien et marocain ont en outre décidé, le 12 mars et d’un «commun accord», de suspendre les liaisons aériennes entre leurs deux pays, tandis que leur frontière terrestre est fermée depuis de nombreuses années. Mais c'est la Tunisie, encore peu touchée par le Covid-19, qui a pris les mesures les plus drastiques.

En Algérie, 27 cas, deux décès, et les manifestations continuent

Au 12 mars, l'Algérie enregistrait deux décès à cause du coronavirus. Le lendemain, 27 cas étaient dénombrés par le ministère de la Santé du pays. Le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné le 12 mars, quelques heures avant la France, la fermeture des écoles, universités et centres de formation professionnelle pour tenter d'endiguer la progression du coronavirus. 

Mais pour l'heure, aucune consigne de confinement n'a été donnée. Le 13 mars, le Hirak, mouvement de protestation contre le pouvoir en place, qui fait défiler des dizaines de milliers de personnes chaque mardi et vendredi depuis plus d'un an, ne s'est pas laissé intimider par l'épidémie. C'est donc par milliers que les Algériens ont manifesté dans les rues de la capitale, quelques-uns portant des masques, mais la plupart sans protection.

Sans surprise, de nombreux slogans dans la manifestation faisaient référence au coronavirus, non sans humour. «Le Corona plutôt que vous», pouvait-on lire par exemple sur le masque porté par une manifestante. Un slogan à l'adresse des tenants du pouvoir, sans nul doute.

Peu touché, le Maroc ferme ses frontières

Le Maroc reste relativement épargné avec sept cas détectés par les autorités sanitaires, dont un décès et une guérison.

Le royaume a néanmoins fermé sa frontière avec l'Espagne, seule frontière terrestre entre l'Afrique et l'Europe. Ainsi, les postes frontières de Ceuta et Melilla, au nord du pays, sont désormais bloqués par des barrages policiers, tandis que des barbelés destinés à stopper les passages de migrants courent à travers champs et forêts. Les communiqués officiels diffusés par l'agence marocaine MAP précisent que les suspensions de liaisons ont été décidées après concertation du roi du Maroc, Mohammed VI, avec le roi d'Espagne, Felipe VI, et le président français, Emmanuel Macron. La fermeture surprise a contraint de nombreux Espagnols à sortir de façon précipitée du royaume, le 12 mars au soir, tandis que les travailleurs journaliers marocains s'empressaient de regagner leur pays dans l'autre sens.

Les autorités de Rabat ont en outre bouclé «jusqu'à nouvel ordre» les liaisons aériennes et maritimes vers la France et l'Espagne, mais aussi suspendu les cours dans tous les établissements scolaires et universitaires pour prévenir la propagation du nouveau coronavirus.

En Tunisie, des mesures drastiques pour prévenir au lieu de guérir

Pas en reste, la Tunisie a également annoncé une série de mesures drastiques qui entrent en vigueur ce 14 mars et courent jusqu'au 4 avril. Malgré le peu de cas diagnostiqués, Tunis préfère visiblement prévenir que guérir.

Nous pouvons maîtriser cette pandémie en respectant les consignes

Le 13 mars au soir, alors que le pays comptait 16 cas confirmés – en majorité des personnes contaminées à l'étranger –, le Premier ministre Elyes Fakhfakh a fait une série d'annonces lors d'une allocution télévisée. La Tunisie a ainsi fermé ses frontières maritimes et restreint fortement les dessertes aériennes avec l'Europe et l'Egypte, obligeant tous les voyageurs venant de l'étranger à s'isoler durant 14 jours à domicile dès leur arrivée, afin de ralentir la propagation du nouveau coronavirus. Le ministère de la Santé avait fait savoir plus tôt (13 mars) qu'il ne serait pas permis de quitter le territoire tunisien durant la quarantaine. Toutes les dessertes maritimes sont également suspendues, ainsi que les liaisons aériennes vers l'Italie. Un vol quotidien est maintenu vers la France, et un seul vol hebdomadaire vers l'Espagne, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Egypte.

Par ailleurs, le Premier ministre a annoncé qu'il n'y aura plus de prières collectives, y compris le vendredi, jusqu'à nouvel ordre, tandis que les bars, cafés et restaurants devront fermer à 16 heures (15h GMT). Les rassemblements sont également interdits, toutes les manifestations culturelles annulées, et les compétitions sportives, y compris les matches de foot, se dérouleront à huis clos. Les écoles, qui avaient été fermées cette semaine à quelques jours du début des vacances tunisiennes, ne rouvriront pas avant le 28 mars.

«Nous pouvons maîtriser cette pandémie en respectant les consignes», a affirmé Elyes Fakhfakh, faisant valoir que pour le moment la situation était «sous contrôle».