Premier anniversaire du Hirak : des milliers de personnes ont manifesté en Algérie
- Avec AFP
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées au cœur d'Alger, jour anniversaire du déclenchement du Hirak, le mouvement populaire de contestation qui agite l'Algérie. Les forces de l'ordre ont utilisé le canon à eau pour les repousser.
«Nous sommes venus vous dégager!», «le Peuple veut faire chuter le régime», ont scandé le 22 février, à l'adresse des dirigeants algériens, les milliers de manifestants rassemblés autour de la Grande Poste à Alger, lieu de regroupement historique des manifestations hebdomadaires du Hirak dans la capitale, depuis un an jour pour jour.
Des milliers de manifestants occupent la reu Didouche Mourad en ce moment. #Alger#Algerie#حراك_22_فيفريpic.twitter.com/9tIpW5zPG6
— INTERLIGNES (@inter_lignes) February 22, 2020
«Non au pouvoir militaire, Etat civil et non militaire», était-il inscrit sur une grande banderole, en référence à l'autorité exercée de façon opaque par le haut commandement militaire sur le pouvoir civil depuis l'indépendance du pays en 1962.
Les manifestants ont tenté de progresser vers le palais d'El Mouradia, le siège de la présidence algérienne, mais ils en ont été empêchés par des cordons des forces de la police anti-émeute qui a fait usage d'un canon à eau pour les bloquer et les repousser, selon plusieurs journalistes sur place.
La police utilise le canon à eau pour repousser les manifestants qui repoussent les manifestants qui tentent d’aller à la presidence #alger#algerie#algeria#hirakpic.twitter.com/22iJYM4noK
— INTERLIGNES (@inter_lignes) February 22, 2020
La rue Didouche est noire de monde pour le jour anniversaire du #Hirak .
— Journal d'El Mouradia - جرنان المرادية (@JournalMouradia) February 22, 2020
Les manifestants tentent de forcer le cordon de police sans succès.
Les canons à eau ont été utilisés pour disperser les manifestants.
3 blessés ont été enregistrés. pic.twitter.com/oRoIUc8D2D
Quelques personnes ont été interpellées brièvement avant d'être relâchées. Le calme est ensuite revenu et une foule compacte est retournée vers l'esplanade de la Grande Poste en criant le slogan phare du premier anniversaire du Hirak : «Nous ne sommes pas venus faire la fête mais nous sommes venus vous faire dégager.»
Les derniers groupes de protestataires ont été dispersés par la police en fin d'après-midi. D'autres marches ont eu lieu en province. Des appels à manifester le 22 février avaient été lancés sur les réseaux sociaux pour célébrer le premier anniversaire de ce mouvement de contestation, qui continue semaine après semaine à réclamer le changement total du «système» au pouvoir.
La veille, le 21 février, la 53e manifestation hebdomadaire consécutive a drainé une foule immense dans les rues d'Alger et dans de nombreuses autres villes du pays, démentant de manière cinglante les récents propos du président Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre, qui a affirmé que «les choses commencent à s'apaiser» dans la rue. Le 22 février 2019, les Algériens, perçus comme résignés et dépolitisés, descendaient en masse dans les rues des grandes villes, notamment à Alger où toute manifestation est pourtant interdite, pour s'opposer à la volonté annoncée du président Abdelaziz Bouteflika, profondément diminué par la maladie, de briguer un 5e mandat.
Six semaines de manifestations de plus en plus massives ont contraint, le 2 avril, le haut commandement de l'armée, pilier du pouvoir, à exiger et obtenir la démission d'Abdelaziz Bouteflika, président depuis 20 ans.
Mais le Hirak, qui exige une véritable «rupture avec les institutions actuelles» et refuse que le processus soit confié au pouvoir en place, n'a pu empêcher l'organisation d'une présidentielle en décembre et l'élection d'Abdelmadjid Tebboune, ancien fidèle d'Abdelaziz Bouteflika, malgré une abstention record (plus de 60%).