Emirats : feu vert à l'exploitation de la première centrale nucléaire arabe
- Avec AFP

La centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, devrait bientôt être mise en service aux Emirats. Les autorités insistent sur le caractère non-militaire de la centrale, sur fond d'inquiétude chez les Etats voisins.
Les Emirats arabes unis ont annoncé le 17 février avoir donné le feu vert à l’exploitation de la centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, dont l'inauguration a été repoussée à plusieurs reprises. La date de mise en service précise n'a pas été communiquée, mais celle-ci aura lieu dans un «futur proche», selon le représentant permanent des Emirats à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Hamad Alkaabi, lors d'une conférence de presse à Abou Dhabi.
Située à 200 kilomètres de la capitale émiratie, la centrale a été construite par un consortium sud-coréen dirigé par Korea Electric Power Corporation pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars, soit 22,5 milliards d’euros.
«C'est une nouvelle étape dans notre marche vers le développement de l'énergie nucléaire pacifique», s'est réjoui sur Twitter Mohammed ben Zayed al-Nahyane, prince héritier d'Abou Dhabi, d'avant d'ajouter : «Nos efforts continuent pour nous préparer aux 50 prochaines années et assurer les besoins énergétiques du pays».
Today marks a new chapter in our journey for the development of peaceful nuclear energy with the issuing of the operating license for the first Barakah plant. As we prepare for the next 50 years to safeguard our needs, our biggest strength is national talent.
— محمد بن زايد (@MohamedBinZayed) February 17, 2020
Avec une population estimée à 9,3 millions d’habitants et 80% d’expatriés, les Emirats arabes unis ont des besoins conséquents et croissants en électricité, notamment en raison de l’utilisation systématique de la climatisation durant les fortes chaleurs en été.
Membres depuis 1967 de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), les Emirats arabes unis se sont considérablement développés à partir des années 1970, en partie grâce à leurs sources d'énergies fossiles. Une richesse renforcée par la découverte d’un énorme champ gazier entre Abou Dhabi et Dubaï, début février 2020, ce qui pourrait permettre au pays d’atteindre l’autosuffisance énergétique.
Les Emirats arabes unis ont mis en place un programme de plusieurs milliards de dollars pour développer les énergies renouvelables avec pour principal objectif la production de 50% de leur énergie à partir de sources propres d’ici 2050. «Cela fait partie de la volonté des Emirats de diversifier leur bouquet énergétique, de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles et de projeter l'image d'un leader régional en matière de science et de technologie», explique à l'AFP une spécialiste du Golfe requérant l’anonymat.
La date de mise en service de la centrale de Barakah, initialement fixée à 2017, a été repoussée à plusieurs reprises, les responsables affirmant alors qu’il fallait «plus de temps pour satisfaire aux conditions légales de sécurité».
Dans une région en proie à l'instabilité, des tensions sont rapidement apparues concernant la mise en service de cette centrale située sur la côte nord-ouest des Emirats, à proximité de la frontière de l’Arabie saoudite et du Qatar, et séparée de l’Iran par les eaux du Golfe.
Alliés des Etats-Unis, les Emirats arabes unis entretiennent des relations plus que tendues avec l’Iran et le Qatar. Washington mène d'ailleurs une politique de pression maximale et de sanctions à l’encontre de Téhéran, au prétexte justement... de son programme nucléaire. Le Qatar a de son côté affirmé voir dans Barakah une «menace pour la paix régionale».
Abou Dhabi a répondu en réitérant son engagement à «assurer le plus haut degré de sûreté, de sécurité et de non-prolifération nucléaire». Les responsables émiratis ont déclaré à plusieurs reprises que leur programme nucléaire était pacifique et qu'ils n'avaient aucune intention de lui donner un volet militaire.
«Je dis aux critiques que si vous avez des questions, vous pouvez nous les poser, nous serons heureux d'y répondre […] et les Emirats font partie de nombreuses conventions, dont celle sur la sécurité nucléaire», a assuré le prince héritier.
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