Destitution : après un mois d'atermoiements, la Chambre transmet l'acte d'accusation contre Trump
Près d'un mois après avoir été voté par la Chambre des représentants, à majorité démocrate, l'acte d'accusation contre Donald Trump a finalement été transmis au Sénat. Le procès, dont l'issue ne fait aucun doute, devrait durer environ deux semaines.
Après avoir outrageusement dominé l'espace médiatique fin 2019, la saga du procès en destitution de Donald Trump se poursuit, mais avec une effervescence bien moindre. Et pour cause, il aura fallu attendre près d'un mois pour que la chambre basse – à majorité démocrate – se décide finalement le 15 janvier à transmettre au Sénat les deux articles de loi mettant en accusation le président américain pour «abus de pouvoir» et «entrave à la bonne marche du Congrès». Instruit par la chambre haute, le procès devrait débuter le 20 janvier.
«Nous y voici : une autre arnaque orchestrée par les démocrates-qui-ne-font-rien», a réagi sur Twitter le chef d'Etat américain, qui dénonce depuis le début de l'affaire une «chasse aux sorcières» à son encontre. Les opposants à Donald Trump ont eu toutes les peines du monde à justifier ce délai inhabituel : lors de l'impeachment (procédure de destitution) lancé contre Bill Clinton en 1998, les articles de loi en question avaient été transmis dans les minutes qui avaient suivi le vote.
Si le dossier d'accusation est solide, les juges et les jurés n'ont pas besoin de rouvrir l'enquête
Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, avait expliqué les atermoiements de son camp par sa volonté d'obtenir un procès équitable de la part du Sénat, qui est aux mains des Républicains, estimant notamment que de nouveaux documents et témoignages soient étudiés par la chambre haute. Une position qui, selon les Républicains, traduit non seulement la faiblesse de l'accusation mais surtout son incohérence. «Nous sommes arrivés à une contradiction simple. Ces deux choses ne peuvent pas être vraies. [...] Si le dossier d'accusation est solide, les juges et les jurés n'ont pas besoin de rouvrir l'enquête. Si le dossier d'accusation est faible, la Chambre des représentants n'aurait pas dû voter l'impeachment», a ainsi lancé le président républicain du Sénat Mitch McConnell.
We’ve reached a simple contradiction. The House case cannot be so robust that it was enough to rush into impeachment, and enough for Senate Democrats to start pre-judging guilt, but also so weak that they need the Senate to go fishing. These two stories cannot both be true. pic.twitter.com/r3LA9nRhlr
— Leader McConnell (@senatemajldr) January 14, 2020
Adam «sournois» Schiff
Sept parlementaires démocrates ont été désignés pour porter l'accusation, à la tête desquels se trouve Adam Schiff, le chef de la commission du Renseignement de la Chambre qui a dirigé l'enquête pour destitution. Farouche opposant à Donald Trump, la bonne foi de celui-ci avait sérieusement été mise en doute par les Républicains après qu'il eut été pris en flagrant délit de mensonge devant le Congrès lors de la présentation de «l'affaire ukrainienne».
A cette occasion, il avait en effet sciemment modifié la teneur de l'échange entre le président américain et son homologue ukrainien, prêtant à Donald Trump des propos incriminants que celui-ci n'avait pas tenus. Le locataire de la Maison Blanche s'était alors demandé publiquement si la sortie de celui qu'il surnomme Adam «sournois» Schiff ne constituait pas un motif d'arrestation pour trahison.
En tout état de cause, le procès en destitution de Donald Trump au Sénat ne devrait pas s'éterniser. «Je crois qu'il est très improbable que cela dure plus de deux semaines», a estimé un responsable de l'administration américaine sous couvert d'anonymat. Son issue ne fait aucun doute : les Démocrates n'ayant pas réussi à rallier le moindre Républicain lors du vote de la Chambre des représentants, le Sénat, à majorité républicaine, devrait acquitter le chef d'Etat, bien parti pour sortir renforcé de cette séquence politique à quelques mois de la présidentielle.