Le Parlement turc autorise un déploiement armé en Libye
Ce 2 janvier, le Parlement turc a approuvé une motion permettant au président Recep Tayyip Erdogan d'envoyer des militaires en Libye afin de soutenir le Gouvernement d'union nationale en conflit avec le maréchal Haftar, homme fort de l'est libyen.
La probabilité d'une intervention militaire turque en Libye grandit : ce 2 janvier, les députés turcs ont adopté à une grande majorité (325 pour et 184 contre) une motion permettant au chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan de procéder à l'envoi de militaires pour soutenir le Gouvernement d'union nationale (GNA) face aux forces de l'homme fort de l'est libyen Khalifa Haftar. Selon le président de l'Assemblée nationale turque, Mustafa Sentop, le texte est valable pendant un an.
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— RT France (@RTenfrancais) May 15, 2019
Le vote intervient une semaine après la déclaration de Recep Tayyip Erdogan qui annonçait : «Nous allons présenter la motion pour l'envoi de soldats en Libye dès la reprise des travaux du Parlement.»
«Nous pourrons ainsi répondre favorablement à l'invitation du gouvernement libyen légitime», de l'aider militairement, avait-il ajouté.
Le Parlement turc avait déjà approuvé le 21 décembre un accord de coopération militaire et sécuritaire signé avec le GNA le 27 novembre lors d'une visite à Istanbul de son chef Fayez el-Sarraj. L'accord permet aux deux parties d'envoyer dans l'un et l'autre pays du personnel militaire et policier pour des missions d'entraînement et d'éducation, selon les responsables turcs.
Un pays déjà miné par une guerre fratricide
Déstabilisée par l’intervention de l’OTAN en 2011, à laquelle a participé la France, et qui a conduit à la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye est depuis 2014 fracturée par la rivalité entre Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar. Le pays, de fait, se trouve divisé en deux parties.
A l’ouest s'étend le pouvoir du GNA de Fayez al-Sarraj. Si cette entité politique, basée à Tripoli, est reconnue par la communauté internationale, elle parvient difficilement à imposer son autorité sur ses propres milices. Face à elle, le maréchal Khalifa Haftar, qui dit tirer sa légitimité du parlement de Tobrouk, également reconnu par la communauté internationale. L’Armée nationale libyenne (ANL), qu'il dirige, a étendu son contrôle sur la totalité de la Cyrénaïque (région orientale de la Libye), où se trouvent les plus grandes réserves de pétrole du pays.
A la faveur du ralliement de plusieurs tribus et d’officiers, dont des ex-kadhafistes, le maréchal Haftar a multiplié les succès militaires et poursuit son offensive vers Tripoli. Cette confrontation entre les deux camps s’est intensifiée début avril aux abord de la capitale.