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Inculpé dans trois affaires, Benjamin Netanyahou veut que le Parlement lui accorde l'immunité

Le Premier ministre israélien, inculpé pour corruption dans plusieurs affaires, a fait connaître son intention de demander l'immunité au Parlement. L'opposition dénonce une tentative d'échapper à la justice avant les élections législatives de mars.

Inculpé pour corruption dans plusieurs affaires, Benjamin Netanyahou va demander officiellement l'immunité au Parlement israélien. «J'ai l'intention de faire une demande au président de la Knesset», a ainsi déclaré ce 1er janvier le Premier ministre israélien lors d'une conférence de presse à Jérusalem, ajoutant qu'il agissait «conformément à la loi». Son objectif : «Continuer à vous servir, pour le futur d'Israël.» 

L'opposition s'indigne

«Netanyahou sait qu'il est coupable», a immédiatement réagi Benny Gantz, grand rival du Premier ministre, dans une conférence de presse. Les deux hommes vont s'affronter, en mars 2020, lors d'élections législatives dont le résultat est incertain.

Pour l'ancien général à la tête de la formation centriste Kahol Lavan (parti Bleu-Blanc), cette demande d'immunité constitue une tentative évidente de Benjamin Netanyahou d'échapper à la justice.

Benny Gantz a ajouté que le Kahol Lavan ferait tout ce qui est en son pouvoir pour «empêcher l'immunité» du Premier ministre. «En Israël, personne n'est au-dessus de la loi», a-t-il ajouté.

Inculpé dans trois affaires

Le 21 novembre, le procureur général Avichaï Mandelblit a annoncé l'inculpation de Benjamin Netanyahou pour «corruption», «malversations» et «abus de confiance» dans trois affaires différentes, des allégations que le Premier ministre réfute et assimile à une «chasse aux sorcières».

Le procureur Mandelblit lui a donné jusqu'au 2 janvier pour présenter une demande d'immunité dans ces affaires.

La loi israélienne veut que tout ministre poursuivi pénalement doit démissionner, mais cela ne s'applique pas au Premier ministre. S'il peut rester en fonction, Benjamin Netanyahou ne jouit toutefois d'aucune immunité face à la justice, d'où le fait qu'il souhaite la demander à la Knesset.

Cette demande doit en premier lieu être évaluée par une commission parlementaire. Or, comme le Parlement a été dissout en vue des élections législatives du 2 mars (les troisièmes en moins d'un an en Israël), la demande de Benjamin Netanyahou devra attendre l'issue du prochain scrutin avant d'être étudiée.

Démission d'une de ses fonctions

Au terme des élections anticipées d'avril, puis de septembre, ni Benjamin Netanyahou ni Benny Gantz n'ont réussi à rallier 61 députés, seuil de la majorité parlementaire pour former un gouvernement.

Le président Reuven Rivlin a donc dû confier cette tâche au Parlement lui-même, qui n'y est pas parvenu non plus, précipitant le pays vers de nouvelles élections.

En décembre, Benjamin Netanyahou avait annoncé quitter ses fonctions de ministre – de l'Agriculture, de la Diaspora et de la Santé – qu'il cumulait avec la fonction de Premier ministre, tout en restant chef du gouvernement.

Mais des juristes ont demandé à la Cour suprême de statuer sur le droit de Benjamin Netanyahou à recevoir du président le mandat de former un gouvernement en dépit des charges qui pèsent contre lui.

Un panel de trois juges de la Cour suprême a commencé le 31 décembre à étudier cette question, indiquant que leur décision serait rendue à une date ultérieure qu'ils n'ont pas précisée.

«Je n'imagine pas un instant que la Cour suprême d'Israël tombe dans ce piège. Dans une démocratie, seul le peuple décide qui peut le diriger et personne d'autre», a déclaré le Premier ministre ce 30 décembre sur Twitter. 

Malgré ses démêlés avec la justice, Benjamin Netanyahou, 70 ans, a remporté le 26 décembre les primaires à la direction de son parti, le Likoud, avec plus de 72% d'appuis au premier tour de vote.

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