L'Institut national de droits humains (INDH), un organisme indépendant, a annoncé le 23 décembre regretter que «les droits à la vie et à l'intégrité physique et psychique ont subi de graves violations» lors des manifestations qui ont récemment secoué le Chili. L'organisme précise ainsi qu'«il y a répétition de comportements tels que l'utilisation aveugle d'armes à feu, le déshabillage dans les unités de police, la torture et d'autres traitements cruels, inhumains ou dégradants et le recours aveugle à la force contre des manifestants pacifiques».
Cela s'expliquerait, selon l'INDH, par «l'autonomie indue» dont jouirait la police depuis le retour de la démocratie dans ce pays sud-américain, depuis le début des années 1990.
Des violences également épinglées par Amnesty et Human Rights Watch
Le mouvement de protestation démarré le 18 octobre au Chili a fait 26 morts, selon le parquet national, à la suite de manifestations massives, d'affrontements avec la police, de pillages et d'attaques contre des commerces et d'autres secteurs d'activité.
L'INDH souligne aussi que «le nombre le plus élevé de décès et la proportion de lésions oculaires et autres blessures» s'est produit pendant la période de l'état d'urgence, qui a duré neuf jours après le début du mouvement social.
476 plaintes pour torture, traitements cruels, inhumains ou dégradants
Le texte publié par l'INDH se trouve dans le droit fil des rapports publiés par d'autres organisations de défense des droits de l'Homme comme Amnesty International, le Haut-commissariat aux droits humains de l'ONU ou encore Human Rights Watch.
Au 30 novembre, l'INDH avait déclaré avoir déposé 476 plaintes pour torture, traitements cruels, inhumains ou dégradants, en faveur de 586 victimes, qui désignent des agents de l'Etat comme leurs auteurs. Dans le détail, 433 plaintes visent des policiers, 33 des membres des forces armées et 10 des membres de la police d'investigation.
La police, de son côté, a reconnu des «erreurs» dans le contrôle des manifestations publiques et estime avoir été victime de violences de la part de manifestants.
Une hausse du prix du ticket de métro dans la capitale a été le détonateur de ce mouvement contestataire d'ampleur inédite contre le gouvernement du président Sebastian Piñera. Malgré la suspension de la mesure, le mouvement s'est amplifié, nourri par le ressentiment face aux inégalités sociales.
Le remplacement de la Constitution héritée de l'époque du général Augusto Pinochet (1973-1990) était également l'une des exigences des manifestants qui ont participé au récent mouvement social au Chili. Lors d'une consultation populaire non contraignante, organisée la semaine dernière par 225 municipalités chiliennes et à laquelle ont participé plus de deux millions de personnes, 92,4% des participants se sont déclarés en faveur d'une nouvelle Constitution et 73,1% ont souhaité qu'elle soit rédigée par une Assemblée constituante.