Levée de l'état d'urgence et remaniement : le président chilien tente d'éteindre l'incendie
- Avec AFP
Après une mobilisation de masse le 25 octobre, le président chilien a décidé de lâcher du lest aux manifestants et de lever l'état d'urgence décrété une semaine plus tôt. Sebastian Pinera espère ainsi tempérer le climat social explosif de son pays.
L'état d'urgence sera levé le 28 octobre à minuit dans toutes les régions du Chili où il avait été instauré pour faire face à la contestation sociale, a fait savoir la présidence chilienne.
Le président Sebastian Pinera «a signé les décrets nécessaires pour qu'à partir du 28 octobre à minuit (3h GMT) soit levé l'état d'urgence dans toutes les régions et les communes où il avait été instauré», selon un message diffusé sur le compte Twitter de la présidence.
Le gouvernement chilien avait aussi annoncé le 26 octobre un remaniement qui devrait avoir lieu dans les jours qui viennent. Il espère ainsi monter «une équipe nouvelle, plus juste et solidaire, qui représente le changement».
Todos hemos escuchado y comprendido mensaje de los chilenos. He pedido a todos los ministros poner sus cargos a disposición. Trabajamos en conformación de un nuevo equipo que represente el cambio y lidere los nuevos tiempos, + justos y solidarios, q los chilenos quieren y merecen
— Sebastian Piñera (@sebastianpinera) October 26, 2019
Une levée rapide de l'état d'urgence avait été annoncée le 26 octobre par le chef de l'Etat chilien, en même temps qu'un vaste remaniement de son gouvernement pour répondre à une fronde sociale inédite depuis des décennies dans ce pays d'Amérique latine.
L'état d'urgence avait été décrété le 18 octobre dans la capitale Santiago et la région métropolitaine avant d'être étendu à plusieurs régions du pays face aux violences et saccages nés d'une révolte contre une hausse de plus de 3% du prix du ticket de métro dans la capitale.
Des milliers de militaires avaient été déployés dans les rues du pays, une première depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), alors que des dizaines de supermarchés, stations-service, véhicules, stations de métro étaient saccagés ou incendiés.
L'armée avait également décrété un couvre-feu dans la capitale, qui a été suspendu le 26 octobre.
Le bilan de ces troubles a été revu à la hausse le 26 octobre, à 20 morts. Le ministre de l'Intérieur a annoncé qu'«un cadavre calciné» avait été découvert dans un supermarché incendié quelques jours plus tôt.
Parmi les 25 recensés, une majorité ont péri dans des incendies lors de pillages. Cinq ont été tués par des tirs des forces de l'ordre, selon des chiffres officiels.
Le 25 octobre, plus d'un million de personnes s'étaient rassemblées dans le centre de Santiago et dans plusieurs grandes villes du pays pour protester contre les inégalités sociales engendrées par le modèle économique ultra-libéral instauré sous la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990) et jamais remis en cause depuis le retour de la démocratie.
Des manifestations et rassemblements de moindre ampleur se sont poursuivis pendant le week-end dans la capitale et dans d'autres villes du pays.
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