Le Congrès chilien a adopté le 19 décembre un texte permettant l'organisation le 26 avril prochain d'un référendum pour savoir si la Constitution héritée de l'ère Pinochet doit être remplacée ou non. Ce texte, adopté par 38 voix contre trois, doit toutefois encore être examiné en janvier par le Sénat.
Il prévoit que les Chiliens seront appelés à se prononcer d'une part sur la nécessité ou non de doter le pays d'une nouvelle Constitution, et d'autre part sur l'organisme qui sera appelé, le cas échéant, à la rédiger : soit une Assemblée constituante classique élue pour l'occasion, soit, comme l'exige une grande partie de la droite chilienne, une «Convention constitutionnelle mixte» composée de parlementaires déjà élus, d'autres responsables politiques et de simples citoyens. Dans le cas d'une Assemblée constituante classique, celle-ci devra être composée à parité d'hommes et de femmes, et des sièges seront réservés pour les minorités indigènes et les candidats indépendants.
Le remplacement de la Constitution héritée de l'époque du général Augusto Pinochet (1973-1990) était l'une des exigences des manifestants qui ont participé au récent mouvement social au Chili. Cette crise, la plus grave que le Chili ait connue depuis 1990, a fait 24 morts et des milliers de blessés. De nombreuses violations des droits de l'homme commises par les forces de l'ordre ont été dénoncées, notamment par l'ONU. Lors d'une consultation populaire non contraignante, organisée cette semaine par 225 municipalités chiliennes et à laquelle ont participé plus de deux millions de personnes, 92,4% des participants se sont déclarés en faveur d'une nouvelle Constitution et 73,1% ont souhaité qu'elle soit rédigée par une Assemblée constituante.