International

D’abord un gobelet, puis une pierre ? Poutine met en garde contre la violence anti-policiers

Selon le président russe, chacun a le droit d'exprimer son opinion, mais dans le cadre de la loi. C'est ce qu'il a déclaré lors de la réunion du Conseil présidentiel russe pour les droits humains et la société civile à Moscou.

Le 10 décembre, Vladimir Poutine a tenu une réunion du Conseil présidentiel russe pour les droits humains et la société civile à Moscou. L'occasion pour le président russe de s'exprimer à propos des violences lors des manifestations de l'été dernier et des procès qui ont ensuite fait polémique en Russie. 

Une condamnation ferme des violences 

En évoquant le sujet des manifestations, le chef de l’Etat russe a déclaré que chacun avait le droit d’exprimer son point de vue, mais que cela ne devait pas dépasser le cadre légal. Il a toutefois mis en garde contre la violence vis-à-vis des forces de l'ordre.

«On jette un gobelet en plastique [sur une personne dépositaire de l'autorité publique] : pas de réponse. Puis on jette une bouteille en plastique : toujours pas de réponse. Ensuite, on jettera une bouteille en verre et puis une pierre. Après, [ils] vont ouvrir le feu et piller les commerces. Nous ne devons pas laisser cela se produire», a déclaré le président russe. Il a également ajouté qu'il n'y avait pas qu'en Russie que des sanctions pénales pour des violations des règles de conduite lors des manifestations étaient en vigueur.

Dans le même temps, Vladimir Poutine a souligné qu’il y avait effectivement eu des violations flagrantes de la part de la police lors de ces manifestations. Et que les forces de l'ordre n’auraient pas dû dépasser les limites de leurs fonctions.

Quant au chef du Conseil russe des droits humains, Valery Fadeev, il a insisté sur le fait qu'il était important que les décisions de justice soient «proportionnelles au crimes». «Un gobelet en papier vide jeté sur la police ne devrait pas entraîner de peine de prison», a-t-il estimé.

Si le chef de l'état russe a mentionné «un gobelet» dans son discours, c'est parce que l'un des procès contre les manifestants concernait Sergueï Abanitchev, ce jeune homme âgé de 25 ans qui a comparu, en septembre dernier, pour avoir jeté un gobelet en direction d'un agent des forces de l'ordre. Sergueï Abanitchev a été arrêté au motif qu’il avait «usé de violence à l’égard d’un policier». Selon le parquet, le prévenu aurait jeté une pierre, une version réfutée par l’accusé. Par la suite, après avoir étudié des vidéos filmées lors de la manifestation, le comité d'enquête a abandonné les charges contre lui. Trop tard, son affaire, ainsi que plusieurs autres ont soulevé un tollé et fait l'objet d'une large couverture médiatique en Russie et à l'étranger.

«Le tribunal doit se laisser guider uniquement par la loi»

C'est d'ailleurs au sujet de ces procès que le président russe a été invité à s'exprimer lors de cette réunion du Conseil présidentiel russe pour les droits humains. L'un de ses membres s'est adressé à Vladimir Poutine en notant l'existence de procédures contre «des personnes dont l'innocence est connue de tout le pays». Rebondissant sur cette question et l'expression utilisée par le membre du Conseil des droits de l'homme, Vladimir Poutine a alors déclaré : 

«Nous comprenons, vous et moi, que [l'innocence] est prouvée devant les tribunaux, lors des procès judiciaires.», a expliqué le président. Et d'ajouter que «le tribunal devait se laisser guider uniquement par la loi».

L’été 2019 en Russie a été marqué par des manifestations de l’opposition qui se sont tenues à Moscou, à Saint-Pétersbourg et dans d’autres grandes villes russes. Alors que certaines manifestations ont été autorisées par les autorités de la ville, quelques-unes ont été interdites. Ces dernières ont donné lieu à de nombreuses arrestations et, par la suite, à des procès. Dans certains cas, le parquet demandait jusqu'à 6 ans de prison ferme.

Plusieurs affaires ont provoqué un écho médiatique retentissant comme celle de l’acteur russe, Pavel Oustinov, accusé d’avoir résisté à la police lors de son interpellation le 3 août à Moscou. Sa peine de trois ans et demi de prison avait alors provoqué une vague d’indignation au sein de la société russe. Il a finalement été libéré et assigné à résidence à Moscou. Même chose pour Egor Joukov, cet étudiant qui avait été condamné pour extrémisme et risquait quatre ans de prison. Devenu figure de la contestation, son affaire a engendré une forte mobilisation dans le pays. Le 6 décembre dernier, il était condamné à trois ans de prison avec sursis et libéré.

Lire aussi: Interrogé sur les manifestations à Moscou, Vladimir Poutine évoque les Gilets jaunes en France