Ankara a assuré qu’elle ne reprendrait pas son offensive militaire contre la milice kurde des Unités kurdes de protection du peuple (YPG) – considérée par Ankara comme terroriste – dans le nord de la Syrie, après avoir constaté leur retrait des zones frontalières avec la Turquie. La nouvelle a été rendue publique par le ministère turc de la Défense dans un communiqué mis en ligne le 22 octobre au soir.
«A ce stade, il n'existe pas de besoin de mener une nouvelle opération», a fait valoir le ministère dans le document, soulignant qu’«au terme de la période de 120 heures, les Etats-Unis ont annoncé que le retrait des YPG de la zone [était] achevé». D’après une source diplomatique turque reprise par l’AFP, ce retrait a été confirmé par le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, à son homologue Mevlut Cavusoglu, lors d’une conversation téléphonique. Ce serait donc potentiellement là la fin de deux semaines de conflit.
Vers une résolution du conflit ?
Le 9 octobre, la Turquie avait lancé, suite au retrait des troupes américaines, l’opération «Source de paix» dans le nord de la Syrie, visant à déloger les YPG de leurs positions le long de la frontière turque. Le 17 octobre, à l’initiative du vice-président américain Mike Pence, Ankara avait accepté une trêve de cinq jours, qui a pris fin le 22 octobre à 19h GMT. Cet accord prévoit la mise en place d’une «zone de sécurité» de 32 kilomètres de large en territoire syrien.
Avec Vladimir Poutine, nous avons conclu un accord historique
Dans le même temps, les présidents russe et turc, qui se sont entretenus à Sotchi le 22 octobre, se sont accordés sur une prise de contrôle commune de la frontière turco-syrienne. Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine ont assuré vouloir, dans un premier temps, déployer des patrouilles, formées des gardes-frontières syriens et de la police militaire russe, du côté syrien de la frontière nord-est du pays. Passées les «120 heures» données aux Kurdes pour évacuer la zone de 32 kilomètres, de nouvelles patrouilles, cette fois-ci russo-turques, devraient être mises en place dans la région d’après une déclaration de Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.
Néanmoins, la Turquie conservera le contrôle de la zone située entre la ville de Tal Abyad, reprise aux Kurdes dès le début de l’offensive, et celle de Ras al-Aïn, dont les combattants des YPG ont débuté leur retrait le 20 octobre. Cette zone couvre une surface de 120 kilomètres sur les 440 kilomètres initialement réclamés par Ankara.
«Avec Vladimir Poutine, nous avons conclu un accord historique», s’est réjoui le président turc à l’issue des négociations. «Ces décisions sont selon moi très importantes, voire décisives, et vont permettre de régler une situation très tendue», a pour sa part affirmé son homologue russe.
Vladimir Poutine s’est par la suite entretenu par téléphone avec le président syrien, Bachar Al-Assad. Celui-ci a assuré, faisant allusion aux Kurdes, que «ceux qui ont des desseins séparatistes étaient responsables des événements qui se sont produits», d’après des propos rapportés le 22 octobre par l’agence de presse officielle Sana. Il a également rappelé son «total refus de toute invasion de terres syriennes sous aucun nom ou sous aucun prétexte».
Si ces annonces constituent des avancées majeures vers une possible résolution du conflit, plusieurs points de friction sont encore à l'ordre du jour comme le retour des réfugiés syriens déplacés par l’offensive turque, ou encore le sort des milliers de combattants djihadistes de l’organisation Etat islamique encore détenus par les forces kurdes.